Impact de la consommation du cannabis vs tabac chez des patients jeunes atteints d’un cancer du poumon : résultat d’une analyse prospective multicentrique
Jean Claude Alvarez , Isabelle Etting , Mihaela Aldea , Pauline Pradere
{"title":"Impact de la consommation du cannabis vs tabac chez des patients jeunes atteints d’un cancer du poumon : résultat d’une analyse prospective multicentrique","authors":"Jean Claude Alvarez , Isabelle Etting , Mihaela Aldea , Pauline Pradere","doi":"10.1016/j.toxac.2025.01.046","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><div>Le rôle du cannabis dans le cancer du poumon a longtemps été sous-exploré, en raison de son illégalité historique et de sa fréquente coexistence avec le tabac. La consommation de cannabis augmentant dans le monde, en particulier chez les jeunes, il est essentiel de comprendre son impact sur le cancer du poumon.</div></div><div><h3>Méthode</h3><div>Nous avons mené une étude prospective multicentrique dans trois hôpitaux français, auprès de 150 patients âgés de 18 à 60 ans atteints d’un cancer primitif du poumon. Les habitudes tabagiques/cannabiques des patients ont été notifiées et confirmées par des tests capillaires avec dosage de nicotine et cotinine (COT), son métabolite, et le tétrahydrocannabinol (THCc). Les participants ont été classés comme non-fumeurs (NF : jamais fumé ou < 1 paquet/année), fumeurs de tabac lorsqu’ils ne fumaient que du tabac (FT : > 1 paquet/année) et fumeurs de cannabis (FC : au moins 10 joints/mois pendant 1 année). Les données toxicologiques, cliniques, les caractéristiques tumorales et les résultats chirurgicaux ont été comparés entre ces groupes.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Parmi les patients, 39 % ont été classés comme FC (THCc<!--> <!-->=<!--> <!-->241 pg/mg [71–1120], 2 classés FC par l’analyse capillaire avec un cut-off à 50 pg/mg), tous fumant également du tabac (COT<!--> <!-->=<!--> <!-->768 pg/mg [304–2008]), 52 % comme FT (THCc<!--> <!-->=<!--> <!-->20 pg/mg [11–26], tous < 50 pg/mg, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,004 vs FC, COT<!--> <!-->=<!--> <!-->473 pg/mg [117–1830], <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,3 vs FC), et 9 % comme NF (THCc non détecté, COT<!--> <!-->=<!--> <!-->15 pg/mg [10–27], <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,006 vs FC et FT). La consommation de cannabis était le plus souvent importante (durée médiane de 26 ans, 4 joints/jour). Les patients FC étaient plus jeunes, avec une douleur thoracique plus fréquente au moment du diagnostic et un sous type histologique de la tumeur différent (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,02 entre les 3 groupes) avec une fréquence plus élevée de cancers pulmonaires rares et agressifs (17 contre 4 % chez les FT, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,007, et 0 % chez les NF). L’emphysème était plus fréquent chez les patients FC (64 contre 38 % chez les patients FT, <em>p</em> <!--><<!--> <!--> 0,001), avec une capacité de diffusion des gaz plus faible (63 contre 70 % chez les patients TS, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,002)</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>La consommation de cannabis est très répandue chez les jeunes patients atteints de cancer du poumon et est associée à des phénotypes cliniques distincts de ceux des FT, avec notamment une incidence plus élevée d’emphysème et de types de tumeurs agressives, alors que la consommation tabagique n’est pas significativement différente. D’autres études doivent être menées pour déterminer les effets indépendants du cannabis et ses composants sur le cancer du poumon et son impact potentiel sur la prise en charge des patients.</div></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"37 1","pages":"Page S32"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2025-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Toxicologie Analytique et Clinique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352007825000460","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"TOXICOLOGY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Objectif
Le rôle du cannabis dans le cancer du poumon a longtemps été sous-exploré, en raison de son illégalité historique et de sa fréquente coexistence avec le tabac. La consommation de cannabis augmentant dans le monde, en particulier chez les jeunes, il est essentiel de comprendre son impact sur le cancer du poumon.
Méthode
Nous avons mené une étude prospective multicentrique dans trois hôpitaux français, auprès de 150 patients âgés de 18 à 60 ans atteints d’un cancer primitif du poumon. Les habitudes tabagiques/cannabiques des patients ont été notifiées et confirmées par des tests capillaires avec dosage de nicotine et cotinine (COT), son métabolite, et le tétrahydrocannabinol (THCc). Les participants ont été classés comme non-fumeurs (NF : jamais fumé ou < 1 paquet/année), fumeurs de tabac lorsqu’ils ne fumaient que du tabac (FT : > 1 paquet/année) et fumeurs de cannabis (FC : au moins 10 joints/mois pendant 1 année). Les données toxicologiques, cliniques, les caractéristiques tumorales et les résultats chirurgicaux ont été comparés entre ces groupes.
Résultats
Parmi les patients, 39 % ont été classés comme FC (THCc = 241 pg/mg [71–1120], 2 classés FC par l’analyse capillaire avec un cut-off à 50 pg/mg), tous fumant également du tabac (COT = 768 pg/mg [304–2008]), 52 % comme FT (THCc = 20 pg/mg [11–26], tous < 50 pg/mg, p = 0,004 vs FC, COT = 473 pg/mg [117–1830], p = 0,3 vs FC), et 9 % comme NF (THCc non détecté, COT = 15 pg/mg [10–27], p = 0,006 vs FC et FT). La consommation de cannabis était le plus souvent importante (durée médiane de 26 ans, 4 joints/jour). Les patients FC étaient plus jeunes, avec une douleur thoracique plus fréquente au moment du diagnostic et un sous type histologique de la tumeur différent (p = 0,02 entre les 3 groupes) avec une fréquence plus élevée de cancers pulmonaires rares et agressifs (17 contre 4 % chez les FT, p = 0,007, et 0 % chez les NF). L’emphysème était plus fréquent chez les patients FC (64 contre 38 % chez les patients FT, p < 0,001), avec une capacité de diffusion des gaz plus faible (63 contre 70 % chez les patients TS, p = 0,002)
Conclusion
La consommation de cannabis est très répandue chez les jeunes patients atteints de cancer du poumon et est associée à des phénotypes cliniques distincts de ceux des FT, avec notamment une incidence plus élevée d’emphysème et de types de tumeurs agressives, alors que la consommation tabagique n’est pas significativement différente. D’autres études doivent être menées pour déterminer les effets indépendants du cannabis et ses composants sur le cancer du poumon et son impact potentiel sur la prise en charge des patients.