{"title":"La soumission chimique : aspects analytiques","authors":"Nicolas Fabresse , Anne-Laure Pélissier-Alicot","doi":"10.1016/j.toxac.2025.01.035","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><div>Discuter des stratégies analytiques mises en œuvre par les laboratoires de toxicologie afin de caractériser une soumission chimique.</div></div><div><h3>Méthode</h3><div>En se basant sur les données présentes dans la littérature et sur leur propre expérience, les auteurs présentent un état des lieux des connaissances sur les problématiques analytiques, les méthodes et les technologies utilisées.</div></div><div><h3>Discussion</h3><div>La soumission chimique (SC) est définie comme l’administration d’une ou plusieurs substances à l’insu d’une personne à des fins criminelles ou délictuelles. Dans ce contexte, les molécules utilisées sont principalement de deux types: les sédatifs et les euphorisants entactogènes. Les substances appartenant à ces deux classes sont nombreuses et de nature variée, nous retrouvons des médicaments (benzodiazépines, anti-histaminiques sédatifs) et des produits stupéfiants (GHB, MDMA, cathinones etc.). Les méthodes analytiques mises en œuvre doivent donc permettre la réalisation d’un criblage large couvrant l’ensemble de ces classes de substances. Par ailleurs, les doses auxquelles les victimes sont exposées sont le plus souvent faibles (de l’ordre du thérapeutique pour les médicaments) et les victimes se présentent aux services de police ou hospitaliers après un délai relativement long. Dans ces situations, les concentrations plasmatiques et urinaires sont très faibles (de l’ordre du ng/mL), et ce d’autant que la demi-vie d’élimination de ces molécules est généralement courte. En plus de permettre un criblage large, les méthodes analytiques utilisées doivent donc être très sensibles. Enfin, dans certaines situations, notamment lorsque les prélèvements sanguin et urinaire sont trop tardifs, l’analyse de cheveux est nécessaire pour objectiver une exposition ponctuelle et la distinguer, le cas échéant, du traitement habituel de la victime. L’ensemble de ces contraintes analytiques impose aux toxicologues analystes la mise en place d’une stratégie analytique associant plusieurs méthodes, adaptées aux matrices biologiques à analyser, permettant la réalisation d’analyses spécifiques et sensibles. La recherche de la majorité des médicaments et des stupéfiants est le plus souvent réalisée par chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse en tandem (LC-MS/MS), cette méthode est particulièrement sensible et permet de détecter des concentrations de l’ordre du pg/mL. L’alcool, qui sert souvent de vecteur pour l’administration de ces molécules, doit également être recherché et son dosage effectué par GC-FID. Il est intéressant d’associer des biomarqueurs permettant d’élargir sa fenêtre de détection afin d’améliorer l’interprétation des résultats (phosphatidyléthanol, éthylglucuronide). Le GHB est le plus souvent recherché en GC-MS; pour ce composé il est important d’avoir une courbe de calibration couvrant les seuils permettant de distinguer une production endogène d’une exposition. Les systèmes de spectrométrie de masse haute résolution peuvent également être utilisé dans les recherches de SC, ils permettent la réalisation de criblages toxicologiques non ciblés très larges. Cependant, la sensibilité de ces outils est globalement inférieure à celle des systèmes LC-MS/MS, qui sont à privilégier pour la réalisation de la recherche ciblée des molécules de la SC. Concernant l’immunoanalyse, la majorité des kits comprenant les classes d’intérêt de la SC ont été développés pour mettre en évidence des intoxications (seuils de positivité élevés), et il n’existe pas de kits pour l’ensemble des molécules ayant été mises en évidences dans les cas de SC. L’utilisation de l’immunoanalyse est donc fortement déconseillée dans ce contexte, le risque étant de rendre un résultat faussement négatif.</div></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"37 1","pages":"Page S26"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2025-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Toxicologie Analytique et Clinique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352007825000356","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"TOXICOLOGY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Objectif
Discuter des stratégies analytiques mises en œuvre par les laboratoires de toxicologie afin de caractériser une soumission chimique.
Méthode
En se basant sur les données présentes dans la littérature et sur leur propre expérience, les auteurs présentent un état des lieux des connaissances sur les problématiques analytiques, les méthodes et les technologies utilisées.
Discussion
La soumission chimique (SC) est définie comme l’administration d’une ou plusieurs substances à l’insu d’une personne à des fins criminelles ou délictuelles. Dans ce contexte, les molécules utilisées sont principalement de deux types: les sédatifs et les euphorisants entactogènes. Les substances appartenant à ces deux classes sont nombreuses et de nature variée, nous retrouvons des médicaments (benzodiazépines, anti-histaminiques sédatifs) et des produits stupéfiants (GHB, MDMA, cathinones etc.). Les méthodes analytiques mises en œuvre doivent donc permettre la réalisation d’un criblage large couvrant l’ensemble de ces classes de substances. Par ailleurs, les doses auxquelles les victimes sont exposées sont le plus souvent faibles (de l’ordre du thérapeutique pour les médicaments) et les victimes se présentent aux services de police ou hospitaliers après un délai relativement long. Dans ces situations, les concentrations plasmatiques et urinaires sont très faibles (de l’ordre du ng/mL), et ce d’autant que la demi-vie d’élimination de ces molécules est généralement courte. En plus de permettre un criblage large, les méthodes analytiques utilisées doivent donc être très sensibles. Enfin, dans certaines situations, notamment lorsque les prélèvements sanguin et urinaire sont trop tardifs, l’analyse de cheveux est nécessaire pour objectiver une exposition ponctuelle et la distinguer, le cas échéant, du traitement habituel de la victime. L’ensemble de ces contraintes analytiques impose aux toxicologues analystes la mise en place d’une stratégie analytique associant plusieurs méthodes, adaptées aux matrices biologiques à analyser, permettant la réalisation d’analyses spécifiques et sensibles. La recherche de la majorité des médicaments et des stupéfiants est le plus souvent réalisée par chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse en tandem (LC-MS/MS), cette méthode est particulièrement sensible et permet de détecter des concentrations de l’ordre du pg/mL. L’alcool, qui sert souvent de vecteur pour l’administration de ces molécules, doit également être recherché et son dosage effectué par GC-FID. Il est intéressant d’associer des biomarqueurs permettant d’élargir sa fenêtre de détection afin d’améliorer l’interprétation des résultats (phosphatidyléthanol, éthylglucuronide). Le GHB est le plus souvent recherché en GC-MS; pour ce composé il est important d’avoir une courbe de calibration couvrant les seuils permettant de distinguer une production endogène d’une exposition. Les systèmes de spectrométrie de masse haute résolution peuvent également être utilisé dans les recherches de SC, ils permettent la réalisation de criblages toxicologiques non ciblés très larges. Cependant, la sensibilité de ces outils est globalement inférieure à celle des systèmes LC-MS/MS, qui sont à privilégier pour la réalisation de la recherche ciblée des molécules de la SC. Concernant l’immunoanalyse, la majorité des kits comprenant les classes d’intérêt de la SC ont été développés pour mettre en évidence des intoxications (seuils de positivité élevés), et il n’existe pas de kits pour l’ensemble des molécules ayant été mises en évidences dans les cas de SC. L’utilisation de l’immunoanalyse est donc fortement déconseillée dans ce contexte, le risque étant de rendre un résultat faussement négatif.