{"title":"Aspects épidémiologiques et stratégie de prise en charge","authors":"Leila Chaouachi","doi":"10.1016/j.toxac.2025.01.034","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectifs</h3><div>La soumission chimique fait l’objet d’une surveillance prospective et permanente par l’Agence Nationale de la Sécurité du Médicament et des produits de Santé (ANSM) depuis 2003. Coordonnée par le Centre d’Addictovigilance de Paris dès sa mise en œuvre, cette enquête permet chaque année de dresser un état des lieux sur l’usage criminel et délictuel des substances en France, en vue de mettre en place des mesures de prévention adaptées et actualisées. L’objectif de cette présentation est d’exposer les principaux résultats de l’enquête nationale Soumission Chimique 2022 et de mettre en lumière les principales évolutions des modes opératoires.</div></div><div><h3>Méthode</h3><div>Analyse des données de l’enquête nationale Soumission Chimique recueillies en 2022 via le réseau partenaire des centres d’Addictovigilance (laboratoire de toxicologie experts, services de médecine légale, police/gendarmerie, centres antipoison…). L’évaluation des cas est réalisée par le croisement des données cliniques et toxicologiques. Sont classés comme SC vraisemblables les cas pour lesquels trois critères sont réunis: (1) une agression ou tentative d’agression documentée par un dépôt de plainte ou un témoignage, (2) une ou plusieurs substances psychoactives n’appartenant pas au traitement de la victime ou à ses consommations habituelles identifiées par une méthode analytique fiable, (3) des données cliniques et chronologiques compatibles avec la pharmacologie de la ou des substance(s) identifiée(s). Toute documentation incomplète pour l’un des trois critères précités est comptabilisée dans les soumissions chimiques possibles. Une vulnérabilité chimique est retenue lorsque seules des consommations volontaires de substances sont identifiées au décours de l’agression.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Au total, 1229 suspicions de soumission chimique ont été enregistrées en 2022. La région Île de France concentre 51 % des cas, suivie par les Hauts-de-France (20 %). L’année 2022 est marquée par une augmentation de 69 % des signalements suspects par rapport à 2021, à mettre en perspective avec le mouvement européen de libération de la parole #balancetonbar/#MetooGHB. Parmi ces cas, 8 % relèvent de soumissions chimiques vraisemblables, 64 % de soumissions chimiques possibles, et 28 % correspondent à des situations de vulnérabilité chimique. Les victimes de soumission chimique vraisemblable sont des femmes dans 82 % des cas. Elles sont âgées de 9 mois à 90 ans, avec une médiane de 24 ans. Les médicaments sédatifs sont les substances les plus fréquemment impliquées (57 %) suivis de près par les substances non médicamenteuses qui se maintiennent au niveau le plus haut (43 vs 44 % en 2021 vs 28 % en 2020). La MDMA (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->12) arrive pour la deuxième année consécutive en tête des agents de soumission chimique. En ce qui concerne la vulnérabilité chimique, l’alcool et le cannabis sont les principales substances identifiées (près de 90 % des cas). Les victimes, âgées de 13 à 69 ans sont essentiellement des femmes (90 % cas). L’agression sexuelle, très majoritaire (91 %), met en lumière la nécessaire éducation du grand public à l’altération du consentement sous substances et l’importance de promouvoir une vigilance solidaire pour réduire le risque d’agression facilitées par les substances.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>La soumission chimique prend une nouvelle dimension à l’aune de la libération de la parole et nécessite de mettre en place de nouvelles mesures de prévention adaptées à ce changement de paradigme. Depuis avril 2024, une mission gouvernementale a été déployée pour réaliser un état des lieux sur le circuit de prise en charge des victimes et concourir à son optimisation. Campagnes de sensibilisation du grand public et programmes de formation à large échelle, élaboration d’un parcours patients avec ou sans dépôt de plainte sont autant de pistes explorées pour contribuer à la préservation des éléments de preuves et l’amélioration du recensement des cas. 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Abstract
Objectifs
La soumission chimique fait l’objet d’une surveillance prospective et permanente par l’Agence Nationale de la Sécurité du Médicament et des produits de Santé (ANSM) depuis 2003. Coordonnée par le Centre d’Addictovigilance de Paris dès sa mise en œuvre, cette enquête permet chaque année de dresser un état des lieux sur l’usage criminel et délictuel des substances en France, en vue de mettre en place des mesures de prévention adaptées et actualisées. L’objectif de cette présentation est d’exposer les principaux résultats de l’enquête nationale Soumission Chimique 2022 et de mettre en lumière les principales évolutions des modes opératoires.
Méthode
Analyse des données de l’enquête nationale Soumission Chimique recueillies en 2022 via le réseau partenaire des centres d’Addictovigilance (laboratoire de toxicologie experts, services de médecine légale, police/gendarmerie, centres antipoison…). L’évaluation des cas est réalisée par le croisement des données cliniques et toxicologiques. Sont classés comme SC vraisemblables les cas pour lesquels trois critères sont réunis: (1) une agression ou tentative d’agression documentée par un dépôt de plainte ou un témoignage, (2) une ou plusieurs substances psychoactives n’appartenant pas au traitement de la victime ou à ses consommations habituelles identifiées par une méthode analytique fiable, (3) des données cliniques et chronologiques compatibles avec la pharmacologie de la ou des substance(s) identifiée(s). Toute documentation incomplète pour l’un des trois critères précités est comptabilisée dans les soumissions chimiques possibles. Une vulnérabilité chimique est retenue lorsque seules des consommations volontaires de substances sont identifiées au décours de l’agression.
Résultats
Au total, 1229 suspicions de soumission chimique ont été enregistrées en 2022. La région Île de France concentre 51 % des cas, suivie par les Hauts-de-France (20 %). L’année 2022 est marquée par une augmentation de 69 % des signalements suspects par rapport à 2021, à mettre en perspective avec le mouvement européen de libération de la parole #balancetonbar/#MetooGHB. Parmi ces cas, 8 % relèvent de soumissions chimiques vraisemblables, 64 % de soumissions chimiques possibles, et 28 % correspondent à des situations de vulnérabilité chimique. Les victimes de soumission chimique vraisemblable sont des femmes dans 82 % des cas. Elles sont âgées de 9 mois à 90 ans, avec une médiane de 24 ans. Les médicaments sédatifs sont les substances les plus fréquemment impliquées (57 %) suivis de près par les substances non médicamenteuses qui se maintiennent au niveau le plus haut (43 vs 44 % en 2021 vs 28 % en 2020). La MDMA (n = 12) arrive pour la deuxième année consécutive en tête des agents de soumission chimique. En ce qui concerne la vulnérabilité chimique, l’alcool et le cannabis sont les principales substances identifiées (près de 90 % des cas). Les victimes, âgées de 13 à 69 ans sont essentiellement des femmes (90 % cas). L’agression sexuelle, très majoritaire (91 %), met en lumière la nécessaire éducation du grand public à l’altération du consentement sous substances et l’importance de promouvoir une vigilance solidaire pour réduire le risque d’agression facilitées par les substances.
Conclusion
La soumission chimique prend une nouvelle dimension à l’aune de la libération de la parole et nécessite de mettre en place de nouvelles mesures de prévention adaptées à ce changement de paradigme. Depuis avril 2024, une mission gouvernementale a été déployée pour réaliser un état des lieux sur le circuit de prise en charge des victimes et concourir à son optimisation. Campagnes de sensibilisation du grand public et programmes de formation à large échelle, élaboration d’un parcours patients avec ou sans dépôt de plainte sont autant de pistes explorées pour contribuer à la préservation des éléments de preuves et l’amélioration du recensement des cas. Une collaboration plus étroite entre les différents acteurs est la clé.