L’incendie de l’usine Lubrizol et des entrepôts Normandie-Logistique

Abstract

Le cas de l’incendie survenu à Rouen le 26 septembre 2019 est intéressant à étudier à plusieurs titres, notamment parce qu’il est illustratif de la différence de perception que peut avoir la population entre un risque d’origine naturelle et un risque d’origine technologique. Il en résulte des différences de ressentis et de comportements significatifs de la part des populations concernées, sollicitant d’autant plus les pouvoirs publics. La configuration du site en proximité immédiate de zones urbanisées, les imprévus rencontrés durant l’évènement, les modalités d’information et d’alerte, ont constitué autant de difficultés à traiter. Alors même que l’incendie était éteint en 12 heures et qu’aucun décès, aucun blessé, aucun immeuble détruit n’a été à déplorer, l’émotion consécutive à ce sinistre a nécessité un travail d’accompagnement de la population de plusieurs mois. Ce sinistre aura généré la mise en place de missions inter-inspections et de deux missions parlementaires. Si la gestion opérationnelle de la crise est apparue adaptée, des propositions d’amélioration, tirées des difficultés rencontrées, ont pu être formulées et reprises dans les différents rapports, constituant par la même un retour d’expérience (RetEx) d’une très grande richesse. Enfin, il est à noter que ce RetEx a été pleinement exploité par les pouvoirs publics puisque les propositions formulées ont été en grande partie reprises dans les textes réglementaires, avec un renforcement significatif des règles applicables à la tenue des sites industriels et une modernisation des outils de gestion de crise, notamment sur le terrain de l’alerte, avec le déploiement du dispositif d’alerte téléphonique FR-Alert (cell-broadcast). Au total, la remise à niveau des sites industriels de notre pays sur la période fixée (2021–2027), issue de ce retour d’expérience, est estimée à 3 milliards d’euros pour l’industrie française.

The case of the fire that occurred in Rouen on September 26, 2019 is interesting to study for several reasons, in particular because it is illustrative of the difference in perception that the population may have between a risk of natural origin and a risk of technological origin. This results in significant differences in feelings and behavior on the part of the populations concerned, placing even greater demands on public authorities. The site's configuration in the immediate vicinity of urbanized areas, the unforeseen events encountered during the event, and the information and alert methods all constituted difficulties to be addressed. Even though the fire was extinguished in 12 hours and no deaths, injuries, or destroyed buildings were reported, the emotion resulting from this disaster required several months of support work for the population. This disaster will have generated the establishment of inter-inspection missions and two parliamentary missions. If the operational management of the crisis appeared appropriate, proposals for improvement, drawn from the difficulties encountered, could be formulated and included in the various reports, thereby constituting an experience feedback of great importance wealth. Finally, it should be noted that the public authorities fully exploited this experience feedback since the proposals formulated were largely taken up in the regulatory texts, with a significant strengthening of the rules applicable to the management of industrial sites and a modernization of the tools crisis management, particularly in the alert field, with the deployment of the FR-Alert telephone alert system (cell-broadcast). In total, upgrading our country's industrial sites over the fixed period (2021–2027), resulting from this feedback, is estimated at 3 billion euros for the French industry.