Maëlys Souilhol, Xi Wang, Marc Thevenet, Tao Jiang, Claude Gronfier
{"title":"Effets de l’exposition rétinienne à la lumière sur la sensibilité olfactive humaine","authors":"Maëlys Souilhol, Xi Wang, Marc Thevenet, Tao Jiang, Claude Gronfier","doi":"10.1016/j.msom.2025.01.014","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><div>La lumière est connue pour moduler des processus physiologiques non visuels tels que la suppression de la mélatonine et la régulation du cycle veille-sommeil. Toutefois, son impact sur l’olfaction, en particulier la manière dont l’exposition rétinienne à la lumière peut moduler la sensibilité olfactive, demeure peu étudié. L’objectif de cette étude est d’examiner si l’exposition à différentes intensités lumineuses affecte la sensibilité olfactive humaine.</div></div><div><h3>Méthodes</h3><div>Vingt-deux participants en bonne santé (hommes et femmes ; 27,2<!--> <!-->±<!--> <!-->7,4 ans) ont été soumis à des expositions lumineuses rétiniennes dans un environnement contrôlé en laboratoire. Quatre intensités (de 0,5 à 1500 lux) de lumière blanche à large spectre (proche du spectre solaire) ont été administrées pendant 30<!--> <!-->minutes chacune, séparées par des périodes de quasi-obscurité (0,5 lux). La sensibilité olfactive a été mesurée à l’aide de deux odorants : l’eucalyptol (impliquant à la fois les voies olfactives et trigéminales) et l’alcool phényléthylique (PEA – odorant purement olfactif).</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Nos résultats ont révélé une sensibilité olfactive accrue à mesure que l’intensité lumineuse augmente, comparée à une exposition de 0,5 lux, et que des différences existent entre les odorants trigéminaux et non trigéminaux. Concernant l’eucalyptol, la sensibilité n’a été significativement améliorée qu’à des intensités lumineuses plus élevées (100 et 1500 lux), ce qui suggère que l’activation trigéminale nécessite une lumière plus intense. Pour le PEA, la sensibilité était accrue même sous faible intensité lumineuse (dès 10 lux), suggérant une réponse olfactive moins dépendante de la lumière intense. Des expériences en cours utilisant une stimulation sélective des photorécepteurs permettront de clarifier les contributions relatives des photorécepteurs rétiniens classiques (cônes et bâtonnets) des cellules ganglionnaires intrinsèquement photosensibles.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Cette étude constitue la première démonstration que l’exposition rétinienne à la lumière peut augmenter de façon aiguë la sensibilité olfactive chez l’humain, même à des niveaux d’éclairage aussi faibles que ceux observés dans des environnements nocturnes artificiels. Ces résultats ouvrent la voie à une meilleure compréhension de l’intégration multisensorielle dans le cerveau et pourraient avoir des implications thérapeutiques dans les troubles sensoriels ou métaboliques.</div></div>","PeriodicalId":100905,"journal":{"name":"Médecine du Sommeil","volume":"22 1","pages":"Page 29"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine du Sommeil","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1769449325000147","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Objectif
La lumière est connue pour moduler des processus physiologiques non visuels tels que la suppression de la mélatonine et la régulation du cycle veille-sommeil. Toutefois, son impact sur l’olfaction, en particulier la manière dont l’exposition rétinienne à la lumière peut moduler la sensibilité olfactive, demeure peu étudié. L’objectif de cette étude est d’examiner si l’exposition à différentes intensités lumineuses affecte la sensibilité olfactive humaine.
Méthodes
Vingt-deux participants en bonne santé (hommes et femmes ; 27,2 ± 7,4 ans) ont été soumis à des expositions lumineuses rétiniennes dans un environnement contrôlé en laboratoire. Quatre intensités (de 0,5 à 1500 lux) de lumière blanche à large spectre (proche du spectre solaire) ont été administrées pendant 30 minutes chacune, séparées par des périodes de quasi-obscurité (0,5 lux). La sensibilité olfactive a été mesurée à l’aide de deux odorants : l’eucalyptol (impliquant à la fois les voies olfactives et trigéminales) et l’alcool phényléthylique (PEA – odorant purement olfactif).
Résultats
Nos résultats ont révélé une sensibilité olfactive accrue à mesure que l’intensité lumineuse augmente, comparée à une exposition de 0,5 lux, et que des différences existent entre les odorants trigéminaux et non trigéminaux. Concernant l’eucalyptol, la sensibilité n’a été significativement améliorée qu’à des intensités lumineuses plus élevées (100 et 1500 lux), ce qui suggère que l’activation trigéminale nécessite une lumière plus intense. Pour le PEA, la sensibilité était accrue même sous faible intensité lumineuse (dès 10 lux), suggérant une réponse olfactive moins dépendante de la lumière intense. Des expériences en cours utilisant une stimulation sélective des photorécepteurs permettront de clarifier les contributions relatives des photorécepteurs rétiniens classiques (cônes et bâtonnets) des cellules ganglionnaires intrinsèquement photosensibles.
Conclusion
Cette étude constitue la première démonstration que l’exposition rétinienne à la lumière peut augmenter de façon aiguë la sensibilité olfactive chez l’humain, même à des niveaux d’éclairage aussi faibles que ceux observés dans des environnements nocturnes artificiels. Ces résultats ouvrent la voie à une meilleure compréhension de l’intégration multisensorielle dans le cerveau et pourraient avoir des implications thérapeutiques dans les troubles sensoriels ou métaboliques.