{"title":"Un besoin de sommeil insatiable dans l’hypersomnie idiopathique : mythe ou réalité ?","authors":"Mathieu Warde, Alexandre Derre, Sofiene Chenini, Yves Dauvilliers, Lucie Barateau","doi":"10.1016/j.msom.2025.01.032","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><div>L’hypersomnie idiopathique (HI) est caractérisée par une somnolence diurne excessive (SDE) et/ou une inertie au réveil et/ou un allongement du temps de sommeil. De nombreux patients rapportent aussi un « besoin de sommeil insatiable », moins décrit dans la littérature, et, à notre connaissance, jamais exploré objectivement. Nos objectifs sont de : (1) décrire la SDE aux tests itératifs de latence d’endormissement (TILE) chez des patients HI, après une extension du temps de sommeil (protocole « Bedrest », sommeil ad-libitum en laboratoire) ; et (2) rechercher les déterminants de cette SDE objective.</div></div><div><h3>Méthodes</h3><div>Des patients HI consécutifs non traités ont bénéficié d’une évaluation standardisée avec une polysomnographie (PSG) suivie de TILE-modifiés (TILE-m) (stoppés à l’endormissement), puis d’un enregistrement continu de 32<!--> <!-->h (<em>Bedrest</em> : 23<!--> <!-->h<!--> <!-->00–7<!--> <!-->h<!--> <!-->00 [J+1]) sans synchronisateurs circadiens, puis de TILE-<em>post-Bedrest</em> (TILE-post) non modifiés. Les patients avec temps total de sommeil (TTS)<!--> <!-->≥<!--> <!-->19<!--> <!-->h/32 au <em>Bedrest</em> étaient catégorisés avec allongement (HI-LST), les autres sans allongement (HI-non-LST). Ils ont rempli l’échelle de sévérité de l’HI (IHSS). La majorité (93 %) avait eu une PSG suivie de TILE standard (TILE-S) lors d’une visite précédente.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Parmi les 244 patients inclus (76 % femmes, 28,2<!--> <!-->±<!--> <!-->9,4 ans, IHSS : 32<!--> <!-->±<!--> <!-->8), 88 % étaient HI-LST, 80 (33 %) avaient une latence moyenne (LatMoy) au TILE-S<!--> <!-->≤<!--> <!-->8<!--> <!-->min, 131 (54 %) une LatMoy au TILE-m<!--> <!-->≤<!--> <!-->8<!--> <!-->min, et 5 (2 %) une LatMoy au TILE-<em>post-Bedrest</em> <!-->≤<!--> <!-->8<!--> <!-->min (54 [22 %] des patients n’ont pas dormi au TILE-<em>post-Bedrest</em>) (<span><span>Fig. 1</span></span>). La LatMoy au TILE-<em>post-Bedrest</em> était corrélée à la LatMoy au TILE-m (r<!--> <!-->=<!--> <!-->0,46, <em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,0001), au TILE-S (r<!--> <!-->=<!--> <!-->0,38, <em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,0001), et au TTS de la Nuit-2 du <em>Bedrest</em> (r<!--> <!-->=<!--> <!-->0,14, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,03), mais pas à l’âge, ni aux scores IHSS, ni au TTS au <em>Bedrest</em>. Les patients avec les LatMoy au TILE-<em>post-Bedrest</em> les plus courtes (1<sup>er</sup> quartile, < 15,6<!--> <!-->min) ont été comparés aux autres patients. Leurs LatMoy au TILE-m et au TILE-S étaient plus courtes (5,6<!--> <!-->±<!--> <!-->3 vs 9,4<!--> <!-->±<!--> <!-->4,2<!--> <!-->min, <em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,0001 et 7,5<!--> <!-->±<!--> <!-->3,5 vs 10,5<!--> <!-->±<!--> <!-->3,6<!--> <!-->min, <em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,0001), sans différence d’âge, de sexe, de TTS-Bedrest, de scores IHSS, ni de TTS de la Nuit-2 <em>Bedrest</em>. Il y avait plus d’HI-non-LST dans ce groupe (22 vs 9 %, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,01).</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Chez des patients HI, le besoin de sommeil, évalué indirectement par la SDE au TILE, semble épuisable après une extension majeure du TTS sur 32<!--> <!-->h en condition standardisée, soulevant la question d’un possible continuum long dormeur-HI, et de la physiopathologie sous-jacente de l’HI qui demeure inconnue.</div></div>","PeriodicalId":100905,"journal":{"name":"Médecine du Sommeil","volume":"22 1","pages":"Page 38"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine du Sommeil","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1769449325000329","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Objectif
L’hypersomnie idiopathique (HI) est caractérisée par une somnolence diurne excessive (SDE) et/ou une inertie au réveil et/ou un allongement du temps de sommeil. De nombreux patients rapportent aussi un « besoin de sommeil insatiable », moins décrit dans la littérature, et, à notre connaissance, jamais exploré objectivement. Nos objectifs sont de : (1) décrire la SDE aux tests itératifs de latence d’endormissement (TILE) chez des patients HI, après une extension du temps de sommeil (protocole « Bedrest », sommeil ad-libitum en laboratoire) ; et (2) rechercher les déterminants de cette SDE objective.
Méthodes
Des patients HI consécutifs non traités ont bénéficié d’une évaluation standardisée avec une polysomnographie (PSG) suivie de TILE-modifiés (TILE-m) (stoppés à l’endormissement), puis d’un enregistrement continu de 32 h (Bedrest : 23 h 00–7 h 00 [J+1]) sans synchronisateurs circadiens, puis de TILE-post-Bedrest (TILE-post) non modifiés. Les patients avec temps total de sommeil (TTS) ≥ 19 h/32 au Bedrest étaient catégorisés avec allongement (HI-LST), les autres sans allongement (HI-non-LST). Ils ont rempli l’échelle de sévérité de l’HI (IHSS). La majorité (93 %) avait eu une PSG suivie de TILE standard (TILE-S) lors d’une visite précédente.
Résultats
Parmi les 244 patients inclus (76 % femmes, 28,2 ± 9,4 ans, IHSS : 32 ± 8), 88 % étaient HI-LST, 80 (33 %) avaient une latence moyenne (LatMoy) au TILE-S ≤ 8 min, 131 (54 %) une LatMoy au TILE-m ≤ 8 min, et 5 (2 %) une LatMoy au TILE-post-Bedrest ≤ 8 min (54 [22 %] des patients n’ont pas dormi au TILE-post-Bedrest) (Fig. 1). La LatMoy au TILE-post-Bedrest était corrélée à la LatMoy au TILE-m (r = 0,46, p < 0,0001), au TILE-S (r = 0,38, p < 0,0001), et au TTS de la Nuit-2 du Bedrest (r = 0,14, p = 0,03), mais pas à l’âge, ni aux scores IHSS, ni au TTS au Bedrest. Les patients avec les LatMoy au TILE-post-Bedrest les plus courtes (1er quartile, < 15,6 min) ont été comparés aux autres patients. Leurs LatMoy au TILE-m et au TILE-S étaient plus courtes (5,6 ± 3 vs 9,4 ± 4,2 min, p < 0,0001 et 7,5 ± 3,5 vs 10,5 ± 3,6 min, p < 0,0001), sans différence d’âge, de sexe, de TTS-Bedrest, de scores IHSS, ni de TTS de la Nuit-2 Bedrest. Il y avait plus d’HI-non-LST dans ce groupe (22 vs 9 %, p = 0,01).
Conclusion
Chez des patients HI, le besoin de sommeil, évalué indirectement par la SDE au TILE, semble épuisable après une extension majeure du TTS sur 32 h en condition standardisée, soulevant la question d’un possible continuum long dormeur-HI, et de la physiopathologie sous-jacente de l’HI qui demeure inconnue.