{"title":"Situation épidémiologique de la tuberculose à Mayotte","authors":"H. Youssouf , J.R. Ndong , J. Rosines","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.025","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><div>En 2021, année fortement impactée par la pandémie de COVID-19, la tuberculose représentait, à l’échelle mondiale, la 13ᵉ cause de mortalité et la deuxième parmi les maladies infectieuses, après la COVID-19 et avant le sida. En France, comme dans la plupart des pays d'Europe de l'Ouest, la tuberculose est peu fréquente. Son incidence a diminué de manière significative entre le début des années 1970 et la fin des années 1980, et la tendance générale reste à la baisse au cours des 30 dernières années.</div><div>Néanmoins, des disparités importantes existent en France en fonction des populations et des régions. Les zones concentrant le plus grand nombre de cas sont généralement les grandes agglomérations. En termes de taux d'incidence, Mayotte se place au 2<sup>e</sup> rang des territoires français en 2022 (derrière la Guyane et devant l’Île-de-France), avec une incidence de la tuberculose maladie estimée à 14,1 cas pour 100 000 habitants (41 cas déclarés), bien supérieure qu'au niveau de la France hexagonale dont le taux d'incidence est de 6,1 pour 100 000 habitants. Avec un âge médian des cas de 31 ans, la maladie touche principalement des hommes jeunes. Près de 88 % des cas diagnostiqués concernent des personnes nées à l’étranger, originaires de pays d'Afrique subsaharienne dont près des trois-quarts en provenance de l'archipel des Comores (50 %) ou de Madagascar (22 %). En 2022, plus de la moitié des cas était arrivée sur le territoire mahorais depuis moins de deux ans (55 %).</div><div>La lutte contre la tuberculose reste une priorité sanitaire à Mayotte, où les cas déclarés sont restés stables et élevés entre 2020 et 2022, contrairement à d'autres régions de France où le risque a diminué. Cette tendance se poursuivait en 2023, touchant particulièrement les populations vulnérables et migrantes. Une stratégie proactive « d'aller vers » les populations à risque, inspirée des méthodes déployées pendant la crise de la COVID-19, est essentielle pour promouvoir un dépistage et un diagnostic précoces, étapes cruciales pour réduire l'incidence de la tuberculose à Mayotte et tendre vers son élimination.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 1","pages":"Page S12"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-02-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2772743225000261","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
En 2021, année fortement impactée par la pandémie de COVID-19, la tuberculose représentait, à l’échelle mondiale, la 13ᵉ cause de mortalité et la deuxième parmi les maladies infectieuses, après la COVID-19 et avant le sida. En France, comme dans la plupart des pays d'Europe de l'Ouest, la tuberculose est peu fréquente. Son incidence a diminué de manière significative entre le début des années 1970 et la fin des années 1980, et la tendance générale reste à la baisse au cours des 30 dernières années.
Néanmoins, des disparités importantes existent en France en fonction des populations et des régions. Les zones concentrant le plus grand nombre de cas sont généralement les grandes agglomérations. En termes de taux d'incidence, Mayotte se place au 2e rang des territoires français en 2022 (derrière la Guyane et devant l’Île-de-France), avec une incidence de la tuberculose maladie estimée à 14,1 cas pour 100 000 habitants (41 cas déclarés), bien supérieure qu'au niveau de la France hexagonale dont le taux d'incidence est de 6,1 pour 100 000 habitants. Avec un âge médian des cas de 31 ans, la maladie touche principalement des hommes jeunes. Près de 88 % des cas diagnostiqués concernent des personnes nées à l’étranger, originaires de pays d'Afrique subsaharienne dont près des trois-quarts en provenance de l'archipel des Comores (50 %) ou de Madagascar (22 %). En 2022, plus de la moitié des cas était arrivée sur le territoire mahorais depuis moins de deux ans (55 %).
La lutte contre la tuberculose reste une priorité sanitaire à Mayotte, où les cas déclarés sont restés stables et élevés entre 2020 et 2022, contrairement à d'autres régions de France où le risque a diminué. Cette tendance se poursuivait en 2023, touchant particulièrement les populations vulnérables et migrantes. Une stratégie proactive « d'aller vers » les populations à risque, inspirée des méthodes déployées pendant la crise de la COVID-19, est essentielle pour promouvoir un dépistage et un diagnostic précoces, étapes cruciales pour réduire l'incidence de la tuberculose à Mayotte et tendre vers son élimination.