{"title":"Situation épidémiologique du choléra à Mayotte","authors":"A. Lapostolle, M. Soler, H. Youssouf","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.023","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><div>La proximité de Mayotte, département français depuis 2011, avec l'Afrique continentale et la République des Comores et les mouvements de personnes qui en découlent en font un territoire particulièrement vulnérable à l'importation de choléra en résurgence depuis 2021 en Afrique de l'Est. Une épidémie de faible ampleur (dix cas) était déjà survenue en 1998-2000 à Mayotte suite à l'importation de cas depuis les Comores. Dans ce contexte, à partir du deux février 2024, date de début d’épidémie aux Comores, une surveillance renforcée a été mise en place sur le département afin de pouvoir détecter et caractériser des cas qui surviendraient sur le territoire.</div><div>L'ensemble des patients suspects de choléra étaient adressées au Centre hospitalier de Mayotte (CHM) pour dépistage, isolement et traitement. Chaque cas suspect était testé par TDR puis PCR afin d'isoler le vibrion cholérique et permettre de confirmer ou d'invalider le diagnostic. Les prélèvements étaient ensuite envoyés au Centre national de référence (CNR) des Vibrions et du choléra pour séquençage. Dans le cadre de cette surveillance, les données cliniques et microbiologiques étaient transmises en temps réel par le CHM à Santé publique France et à l'ARS de Mayotte. Chaque cas faisait alors l'objet d'une investigation au moyen d'un questionnaire standardisé recueillant des informations démographiques, sur l'histoire de la maladie, les facteurs d'expositions entre autres.</div><div>Entre le 18 mars 2024 et le 12 juillet 2024, date du dernier cas, 214 cas confirmés et 7 cas probables de choléra ont été détectés à Mayotte, dont 22 cas importés. Le premier cas acquis localement a été détecté le 22 avril 2024. Le pic de l’épidémie a été atteint le 18 juin avant de commencer à décroitre à mesure que la couverture vaccinale dans les quartiers les plus à risque augmentait.</div><div>Les foyers épidémiques (n = 8) sont survenus quasi-exclusivement dans des quartiers péri-urbains, densément peuplés, avec une prédominance de l'habitat informel et un accès restreint à l'assainissement et à l'eau potable. Sur 163 cas pour lesquels les données étaient disponibles, 60 % ont déclaré utiliser l'eau de la rivière pour des activités quotidiennes (jusqu’à 87 % selon les quartiers).</div><div>L'identification des cas importés ou secondaires était rendue difficile par la situation administrative des personnes, potentiellement en situation irrégulière. Un lien avec un cas confirmé a pu être établi pour 77 cas (35 %) et un lien avec un foyer épidémique pour 174 cas (79 %). Pour 37 cas acquis localement (17 %) il n'a pu être identifié aucun lien.</div><div>Le dernier cas acquis localement à Mayotte a été détecté le 8 juillet 2024, Néanmoins le choléra continue à circuler activement en Afrique et des cas ont récemment été détectés aux Comores après une interruption de plusieurs semaines. Si les mesures de gestion (interventions WASH, chimioprophylaxie et vaccination) mises en œuvre par l'ARS Mayotte ont permis de limiter la propagation de la maladie, une ré-introduction sur le territoire reste probable. L'amélioration de l'accès à l'eau potable et à l'assainissement sont des mesures essentielles pour le contrôle et l’élimination à long terme du choléra et des maladies hydriques à Mayotte.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 1","pages":"Pages S11-S12"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-02-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2772743225000248","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
La proximité de Mayotte, département français depuis 2011, avec l'Afrique continentale et la République des Comores et les mouvements de personnes qui en découlent en font un territoire particulièrement vulnérable à l'importation de choléra en résurgence depuis 2021 en Afrique de l'Est. Une épidémie de faible ampleur (dix cas) était déjà survenue en 1998-2000 à Mayotte suite à l'importation de cas depuis les Comores. Dans ce contexte, à partir du deux février 2024, date de début d’épidémie aux Comores, une surveillance renforcée a été mise en place sur le département afin de pouvoir détecter et caractériser des cas qui surviendraient sur le territoire.
L'ensemble des patients suspects de choléra étaient adressées au Centre hospitalier de Mayotte (CHM) pour dépistage, isolement et traitement. Chaque cas suspect était testé par TDR puis PCR afin d'isoler le vibrion cholérique et permettre de confirmer ou d'invalider le diagnostic. Les prélèvements étaient ensuite envoyés au Centre national de référence (CNR) des Vibrions et du choléra pour séquençage. Dans le cadre de cette surveillance, les données cliniques et microbiologiques étaient transmises en temps réel par le CHM à Santé publique France et à l'ARS de Mayotte. Chaque cas faisait alors l'objet d'une investigation au moyen d'un questionnaire standardisé recueillant des informations démographiques, sur l'histoire de la maladie, les facteurs d'expositions entre autres.
Entre le 18 mars 2024 et le 12 juillet 2024, date du dernier cas, 214 cas confirmés et 7 cas probables de choléra ont été détectés à Mayotte, dont 22 cas importés. Le premier cas acquis localement a été détecté le 22 avril 2024. Le pic de l’épidémie a été atteint le 18 juin avant de commencer à décroitre à mesure que la couverture vaccinale dans les quartiers les plus à risque augmentait.
Les foyers épidémiques (n = 8) sont survenus quasi-exclusivement dans des quartiers péri-urbains, densément peuplés, avec une prédominance de l'habitat informel et un accès restreint à l'assainissement et à l'eau potable. Sur 163 cas pour lesquels les données étaient disponibles, 60 % ont déclaré utiliser l'eau de la rivière pour des activités quotidiennes (jusqu’à 87 % selon les quartiers).
L'identification des cas importés ou secondaires était rendue difficile par la situation administrative des personnes, potentiellement en situation irrégulière. Un lien avec un cas confirmé a pu être établi pour 77 cas (35 %) et un lien avec un foyer épidémique pour 174 cas (79 %). Pour 37 cas acquis localement (17 %) il n'a pu être identifié aucun lien.
Le dernier cas acquis localement à Mayotte a été détecté le 8 juillet 2024, Néanmoins le choléra continue à circuler activement en Afrique et des cas ont récemment été détectés aux Comores après une interruption de plusieurs semaines. Si les mesures de gestion (interventions WASH, chimioprophylaxie et vaccination) mises en œuvre par l'ARS Mayotte ont permis de limiter la propagation de la maladie, une ré-introduction sur le territoire reste probable. L'amélioration de l'accès à l'eau potable et à l'assainissement sont des mesures essentielles pour le contrôle et l’élimination à long terme du choléra et des maladies hydriques à Mayotte.