{"title":"Émergence du choléra aux Comores","authors":"S. Beaulieu","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.022","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><div>La situation du choléra dans le monde reste critique. En effet dans sa 7<sup>e</sup> pandémie débutée en 1961 en Indonésie, au début septembre 2024 selon les données de l'OMS, plus de 365 000 cas suspects et 2 600 décès ont été notifiés pour cette seule année 2024 [1]. 28 pays sont en épidémie dont 18 sur le continent africain qui regroupe à lui seul 58 % de tous les cas et 88 % des décès dus à la maladie. Véritable urgence de sante publique, le cholera est classe « niveau 3 » soit le niveau le plus élevé d'urgence pour l'OMS.</div><div>Depuis le 2 février 2024, les Comores alors indemnes de cholera depuis 2007, connaissent une nouvelle transmission de la maladie. Depuis 1975, six épidémies distinctes ont eu lieu dans ce pays chaque fois importées de pays voisins, majoritairement la Tanzanie [2-4], marquant ainsi la vulnérabilité du territoire, exacerbé par les niveaux sanitaires trop faibles pour assurer la protection nécessaire à sa population.</div><div>L'intensité de l’épidémie actuelle est inédite avec 10 342 cas suspects et 149 décès notifiés depuis le 2 février jusqu'au 5 août 2024, la plus intense précédemment était celle de 1998 avec 8 480 cas suspects et 110 décès. Les premiers cas de choléra ont été notifiés à Moroni, ville capitale située sur l'ile de Grande Comores avant de s’étendre ensuite à Moheli et Anjouan ou d'ailleurs ont été notifiés le plus de cas soit 9 126 (88 %) et 126 décès (79 %). L'intensité globale remarquée s'explique en partie par un déni de la population envers la maladie, dans un contexte politique changeant avec les élections présidentielles mais aussi aux coutumes locales comme la gestion des décès ou encore une prise en charge médicale tardive. S'ajoutera des défis logistiques et plus globalement l'insuffisance de moyens ne permettant pas d'interrompre immédiatement la transmission.</div><div>Devant une telle situation et pour la 2<sup>e</sup> fois, une épidémie de choléra était exportée des Comores vers un territoire voisin, et Mayotte à son tour fut atteinte le 18 mars 2024 qui notifiera à son tour 221 cas et 5 décès [5].</div><div>Cependant l'impulsion donnée par le gouvernement Comoriens et l'exécution de son plan de lutte contre le choléra appuyé par ses partenaires tels que l'UNICEF, MSF, le mouvement Croix-Rouge et Croissant Rouge, a largement contribue à interrompre la transmission de la maladie fin juillet 2024 jusqu'au 14 septembre 2024 ou des premiers cas ont de nouveau été notifiés dans la partie nord de l'ile de Grande Comores.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 1","pages":"Page S11"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-02-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2772743225000236","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
La situation du choléra dans le monde reste critique. En effet dans sa 7e pandémie débutée en 1961 en Indonésie, au début septembre 2024 selon les données de l'OMS, plus de 365 000 cas suspects et 2 600 décès ont été notifiés pour cette seule année 2024 [1]. 28 pays sont en épidémie dont 18 sur le continent africain qui regroupe à lui seul 58 % de tous les cas et 88 % des décès dus à la maladie. Véritable urgence de sante publique, le cholera est classe « niveau 3 » soit le niveau le plus élevé d'urgence pour l'OMS.
Depuis le 2 février 2024, les Comores alors indemnes de cholera depuis 2007, connaissent une nouvelle transmission de la maladie. Depuis 1975, six épidémies distinctes ont eu lieu dans ce pays chaque fois importées de pays voisins, majoritairement la Tanzanie [2-4], marquant ainsi la vulnérabilité du territoire, exacerbé par les niveaux sanitaires trop faibles pour assurer la protection nécessaire à sa population.
L'intensité de l’épidémie actuelle est inédite avec 10 342 cas suspects et 149 décès notifiés depuis le 2 février jusqu'au 5 août 2024, la plus intense précédemment était celle de 1998 avec 8 480 cas suspects et 110 décès. Les premiers cas de choléra ont été notifiés à Moroni, ville capitale située sur l'ile de Grande Comores avant de s’étendre ensuite à Moheli et Anjouan ou d'ailleurs ont été notifiés le plus de cas soit 9 126 (88 %) et 126 décès (79 %). L'intensité globale remarquée s'explique en partie par un déni de la population envers la maladie, dans un contexte politique changeant avec les élections présidentielles mais aussi aux coutumes locales comme la gestion des décès ou encore une prise en charge médicale tardive. S'ajoutera des défis logistiques et plus globalement l'insuffisance de moyens ne permettant pas d'interrompre immédiatement la transmission.
Devant une telle situation et pour la 2e fois, une épidémie de choléra était exportée des Comores vers un territoire voisin, et Mayotte à son tour fut atteinte le 18 mars 2024 qui notifiera à son tour 221 cas et 5 décès [5].
Cependant l'impulsion donnée par le gouvernement Comoriens et l'exécution de son plan de lutte contre le choléra appuyé par ses partenaires tels que l'UNICEF, MSF, le mouvement Croix-Rouge et Croissant Rouge, a largement contribue à interrompre la transmission de la maladie fin juillet 2024 jusqu'au 14 septembre 2024 ou des premiers cas ont de nouveau été notifiés dans la partie nord de l'ile de Grande Comores.