{"title":"Typhus murin à La Réunion","authors":"K. Diallo","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.040","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><div>Les rickettsioses sont un groupe d'infections bactériennes appartenant à plusieurs membres de l'ordre des Rickettsiales. Le genre <em>Rickettsia</em> est divisé en quatre groupes : typhus ancestral, typhus transitionnel, typhus du groupe boutonneux et typhus murin.</div><div>La répartition géographique varie selon l'espèce, le typhus murin est ubiquitaire. Les <em>Rickettsia</em> spp. sont des bacilles pléiomorphes intracellulaires. Le typhus murin a pour réservoir principal le rat <em>Rattus rattus</em> et son vecteur est la puce de rat <em>Xenopsylla cheopis</em>. La transmission s'effectue par inoculation des déjections infectées de puce à travers la peau abrasée par grattage. L'incubation dure 7 à 14 jours et les signes cliniques associent classiquement fièvre, arthromyalgies, céphalées et rash. Il s'agit d'une zoonose sous-estimée, et en France hexagonale, une pathologie pouvant être évoquée au retour de voyage. La PCR sanguine reste utile jusqu’à J7 et la sérologie permet de détecter des anticorps spécifiques, identifiés par immunofluorescence indirecte sur des cellules infectées par <em>Rickettsia.</em> Les rickettsioses sont probablement sous-diagnostiquées, et elles font partie des diagnostics à évoquer devant des fièvres prolongées d'origine inconnue. Le traitement de référence est la Doxycycline 200 mg/jour pendant 7 jours. L'absence de traitement peut se compliquer dans la littérature jusqu’à 18 % de formes sévères, 54 % d'hospitalisation et 3,6 % de décès. Les facteurs pronostics de mauvais pronostic qui ont pu être identifiés sont l'intensité du syndrome inflammatoire biologique (CRP et PNN) et de la cytolyse. À La Réunion, une première étude réalisée par Grouteau et al. a permis d'identifier 61 patients présentant un typhus murin de 2012 à 2017 [1]. La fièvre, l'asthénie et les arthromyalgies étaient constantes, mais la classique triade fièvre-céphalées-rash cutané n’était présente que dans 31 % des cas. Le syndrome inflammatoire et la cytolyse étaient également constants, de même qu'une fonction rénale le plus souvent préservée. Une répartition géographique des cas a pu être également mise en évidence avec un pic estival et une majorité survenant dans les zones sèches de l’île. Une deuxième étude, de séroprévalence a été réalisée en 2019 par Gérardin et al. sur sérum datant de 2009 [2]. La séroprévalence du typhus murin était de 12,71 % et celle du typhus du groupe boutonneux de 17,68 %. Cette étude démontre qu'environ 30 % des patients réunionnais avaient eu un contact avec une <em>Rickettsia</em>, trois ans avant que le premier cas ait été diagnostiqué. Aujourd'hui, la prévalence du typhus murin n'est pas connue à La Réunion, mais l'existence du réservoir et des vecteurs sur d'autres îles de l'océan indien peuvent faire craindre sa diffusion. Les diagnostics différentiels sont nombreux devant ces symptômes non spécifiques, et des études sont nécessaires pour discriminer au mieux les infections les plus fréquentes.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 1","pages":"Page S20"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-02-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2772743225000418","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Les rickettsioses sont un groupe d'infections bactériennes appartenant à plusieurs membres de l'ordre des Rickettsiales. Le genre Rickettsia est divisé en quatre groupes : typhus ancestral, typhus transitionnel, typhus du groupe boutonneux et typhus murin.
La répartition géographique varie selon l'espèce, le typhus murin est ubiquitaire. Les Rickettsia spp. sont des bacilles pléiomorphes intracellulaires. Le typhus murin a pour réservoir principal le rat Rattus rattus et son vecteur est la puce de rat Xenopsylla cheopis. La transmission s'effectue par inoculation des déjections infectées de puce à travers la peau abrasée par grattage. L'incubation dure 7 à 14 jours et les signes cliniques associent classiquement fièvre, arthromyalgies, céphalées et rash. Il s'agit d'une zoonose sous-estimée, et en France hexagonale, une pathologie pouvant être évoquée au retour de voyage. La PCR sanguine reste utile jusqu’à J7 et la sérologie permet de détecter des anticorps spécifiques, identifiés par immunofluorescence indirecte sur des cellules infectées par Rickettsia. Les rickettsioses sont probablement sous-diagnostiquées, et elles font partie des diagnostics à évoquer devant des fièvres prolongées d'origine inconnue. Le traitement de référence est la Doxycycline 200 mg/jour pendant 7 jours. L'absence de traitement peut se compliquer dans la littérature jusqu’à 18 % de formes sévères, 54 % d'hospitalisation et 3,6 % de décès. Les facteurs pronostics de mauvais pronostic qui ont pu être identifiés sont l'intensité du syndrome inflammatoire biologique (CRP et PNN) et de la cytolyse. À La Réunion, une première étude réalisée par Grouteau et al. a permis d'identifier 61 patients présentant un typhus murin de 2012 à 2017 [1]. La fièvre, l'asthénie et les arthromyalgies étaient constantes, mais la classique triade fièvre-céphalées-rash cutané n’était présente que dans 31 % des cas. Le syndrome inflammatoire et la cytolyse étaient également constants, de même qu'une fonction rénale le plus souvent préservée. Une répartition géographique des cas a pu être également mise en évidence avec un pic estival et une majorité survenant dans les zones sèches de l’île. Une deuxième étude, de séroprévalence a été réalisée en 2019 par Gérardin et al. sur sérum datant de 2009 [2]. La séroprévalence du typhus murin était de 12,71 % et celle du typhus du groupe boutonneux de 17,68 %. Cette étude démontre qu'environ 30 % des patients réunionnais avaient eu un contact avec une Rickettsia, trois ans avant que le premier cas ait été diagnostiqué. Aujourd'hui, la prévalence du typhus murin n'est pas connue à La Réunion, mais l'existence du réservoir et des vecteurs sur d'autres îles de l'océan indien peuvent faire craindre sa diffusion. Les diagnostics différentiels sont nombreux devant ces symptômes non spécifiques, et des études sont nécessaires pour discriminer au mieux les infections les plus fréquentes.