{"title":"Appui à la lutte contre le choléra à Mayotte : mise en place d'une équipe dédiée de la Croix-Rouge française","authors":"H.-R. Houemenou","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.037","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><div>Une épidémie de choléra a affecté huit pays de l'Afrique de l'Est et les îles de l'archipel des Comores. En effet, déclarée le 2 février 2024, l’épidémie de choléra aux Comores était, au début, principalement contenue sur l’île de Ngazidja (Grande Comore). L’épidémie a pris plus d'ampleur à partir de la mi-mars, avec une propagation des cas sur les trois îles et notamment sur celle d'Anjouan qui se trouve à 70 km seulement de Mayotte. Leur proximité géographique et les nombreux échanges maritimes qui relie les deux îles, laissaient présager une propagation quasi inévitable de l’épidémie à Mayotte. Ainsi, dès le mois de mars, la Croix-Rouge avait fait preuve d'anticipation en rédigeant un plan d'action complet de lutte contre le choléra. Le 19 mars 2024, dès la déclaration officielle du premier cas à Mayotte par la préfecture, l'ARS a déployé son plan de riposte. Les associations de terrain, dont la Croix-Rouge française à Mayotte, notamment par le biais de son dispositif Eau Hygiène et Assainissement (EHA), s'est mobilisée afin d'apporter une réponse efficace et adaptée pour faire face à l’épidémie sur le territoire en mettant en place une équipe dédiée afin limiter le risque de transmission du choléra autour des foyers épidémiques identifiés.</div><div>Deux équipes ont été constituées pour intervenir tous les jours y compris les weekends et les jours fériés. D'une part, une équipe de volontaires <em>Communication du Risque et Engagement Communautaire</em> (CREC) dédiée à la sensibilisation, la recherche active de cas, la distribution de kits d'hygiène (seaux, jerricanes, Aquatabs® et savons), et l'appui à la vaccination et d'autre part, une équipe de volontaires Intervention ciblée et rapide aux domiciles des cas (<em>Case-Area Targeted Intervention</em> CATI) dédiée à la désinfection. Cette équipe avait pour missions de désinfecter les domiciles des personnes infectées, ceux des voisins à risques, ainsi que de distribuer des solutions de réhydratation orale.</div><div>Avant leur déploiement opérationnel, les équipes ont reçu des formations théoriques et pratiques sur la Protection et Contrôle des Infections (PCI), Procédures Opérationnelles Standardisées CATI et sur le Plan de suivi Post Intervention Monitoring (PIM). Dès l'identification des cas, les informations utiles étaient transmises aux équipes de la Croix-Rouge à Mayotte qui se déployaient immédiatement sur le terrain. Les interventions (désinfection, sensibilisation et distribution de kits) étaient réalisées simultanément par deux volontaires chlorateurs CATI et deux volontaires CREC. L'appui des bénévoles de la Croix-Rouge française, des relais communautaires et des référents Bornes fontaines monétiques (BFM) a été essentiel pour diffuser les mesures et recommandations de l'ARS, désinfecter les BFM, accompagner la communauté au montage de dispositifs de lavage des mains de type « <em>TippyTap</em> ».</div><div>Le suivi PIM réalisé a permis de confirmer que 95 % des foyers désinfectés ont reçu des kits d'hygiène, 67 % des kits Aquatabs® et que 44 % d'entre eux en utilisaient encore, même après la fin de l’épidémie. De même, il a été constaté que 62 % des jerricanes et 82 % des seaux avec couvercles distribués étaient encore disponibles. Toutefois, peu de savons pour le lavage des mains dans les foyers. Il en demeure donc un risque de propagation car le lavage des mains à l'eau et au savon constitue le premier geste barrière contre la propagation de l’épidémie</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 1","pages":"Pages S18-S19"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-02-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2772743225000388","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0
Abstract
Une épidémie de choléra a affecté huit pays de l'Afrique de l'Est et les îles de l'archipel des Comores. En effet, déclarée le 2 février 2024, l’épidémie de choléra aux Comores était, au début, principalement contenue sur l’île de Ngazidja (Grande Comore). L’épidémie a pris plus d'ampleur à partir de la mi-mars, avec une propagation des cas sur les trois îles et notamment sur celle d'Anjouan qui se trouve à 70 km seulement de Mayotte. Leur proximité géographique et les nombreux échanges maritimes qui relie les deux îles, laissaient présager une propagation quasi inévitable de l’épidémie à Mayotte. Ainsi, dès le mois de mars, la Croix-Rouge avait fait preuve d'anticipation en rédigeant un plan d'action complet de lutte contre le choléra. Le 19 mars 2024, dès la déclaration officielle du premier cas à Mayotte par la préfecture, l'ARS a déployé son plan de riposte. Les associations de terrain, dont la Croix-Rouge française à Mayotte, notamment par le biais de son dispositif Eau Hygiène et Assainissement (EHA), s'est mobilisée afin d'apporter une réponse efficace et adaptée pour faire face à l’épidémie sur le territoire en mettant en place une équipe dédiée afin limiter le risque de transmission du choléra autour des foyers épidémiques identifiés.
Deux équipes ont été constituées pour intervenir tous les jours y compris les weekends et les jours fériés. D'une part, une équipe de volontaires Communication du Risque et Engagement Communautaire (CREC) dédiée à la sensibilisation, la recherche active de cas, la distribution de kits d'hygiène (seaux, jerricanes, Aquatabs® et savons), et l'appui à la vaccination et d'autre part, une équipe de volontaires Intervention ciblée et rapide aux domiciles des cas (Case-Area Targeted Intervention CATI) dédiée à la désinfection. Cette équipe avait pour missions de désinfecter les domiciles des personnes infectées, ceux des voisins à risques, ainsi que de distribuer des solutions de réhydratation orale.
Avant leur déploiement opérationnel, les équipes ont reçu des formations théoriques et pratiques sur la Protection et Contrôle des Infections (PCI), Procédures Opérationnelles Standardisées CATI et sur le Plan de suivi Post Intervention Monitoring (PIM). Dès l'identification des cas, les informations utiles étaient transmises aux équipes de la Croix-Rouge à Mayotte qui se déployaient immédiatement sur le terrain. Les interventions (désinfection, sensibilisation et distribution de kits) étaient réalisées simultanément par deux volontaires chlorateurs CATI et deux volontaires CREC. L'appui des bénévoles de la Croix-Rouge française, des relais communautaires et des référents Bornes fontaines monétiques (BFM) a été essentiel pour diffuser les mesures et recommandations de l'ARS, désinfecter les BFM, accompagner la communauté au montage de dispositifs de lavage des mains de type « TippyTap ».
Le suivi PIM réalisé a permis de confirmer que 95 % des foyers désinfectés ont reçu des kits d'hygiène, 67 % des kits Aquatabs® et que 44 % d'entre eux en utilisaient encore, même après la fin de l’épidémie. De même, il a été constaté que 62 % des jerricanes et 82 % des seaux avec couvercles distribués étaient encore disponibles. Toutefois, peu de savons pour le lavage des mains dans les foyers. Il en demeure donc un risque de propagation car le lavage des mains à l'eau et au savon constitue le premier geste barrière contre la propagation de l’épidémie