{"title":"Représentations des consommateurs de drogues dans les médias: stigmatisation, altérisation et criminalisation","authors":"B. Tubiana-Rey","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.051","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><div>Cette intervention examine les représentations médiatiques des consommateurs de drogues, en soulignant leur rôle central dans la formation et la diffusion des perceptions sociales. Le discours s'appuie sur une observation des narratifs utilisés par les médias pour parler des drogues, se concentrant sur trois figures principales: la victime repentie, l’étranger et le criminel.</div><div>Tout d'abord, les médias mettent souvent en avant des témoignages de célébrités ou de figures publiques dont la consommation de drogue est décrite comme une « descente aux enfers », suivie d'un repentir personnel. Ce type de narratif individualise le problème de la drogue, ignorant largement les dimensions sociales ou structurelles de la consommation. En parallèle, certains consommateurs, par exemple ceux consommant dans l'espace public, sont déshumanisés dans les récits médiatiques, dépeints comme des « zombies » ou des « toxicos », particulièrement dans les contextes de précarité et de marginalisation. Ces représentations exacerbent l'altérité, faisant de ces personnes des problèmes publics à gérer par des mesures sécuritaires. Enfin, le discours politique renforce une vision criminalisante des consommateurs de drogue, en particulier dans le cas du cannabis, en liant directement la consommation aux crimes graves tels que le financement du terrorisme ou l'exploitation des mineurs. Cette approche tend à effacer la diversité des expériences de consommation et contribue à une stigmatisation renforcée.</div><div>L'intervention invite à réfléchir aux impacts de ces représentations sur les usagers, leur capacité à se percevoir comme acteurs de leur propre consommation et les pratiques des professionnels de l'addictologie.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 1","pages":"Page S25"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-02-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2772743225000522","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Cette intervention examine les représentations médiatiques des consommateurs de drogues, en soulignant leur rôle central dans la formation et la diffusion des perceptions sociales. Le discours s'appuie sur une observation des narratifs utilisés par les médias pour parler des drogues, se concentrant sur trois figures principales: la victime repentie, l’étranger et le criminel.
Tout d'abord, les médias mettent souvent en avant des témoignages de célébrités ou de figures publiques dont la consommation de drogue est décrite comme une « descente aux enfers », suivie d'un repentir personnel. Ce type de narratif individualise le problème de la drogue, ignorant largement les dimensions sociales ou structurelles de la consommation. En parallèle, certains consommateurs, par exemple ceux consommant dans l'espace public, sont déshumanisés dans les récits médiatiques, dépeints comme des « zombies » ou des « toxicos », particulièrement dans les contextes de précarité et de marginalisation. Ces représentations exacerbent l'altérité, faisant de ces personnes des problèmes publics à gérer par des mesures sécuritaires. Enfin, le discours politique renforce une vision criminalisante des consommateurs de drogue, en particulier dans le cas du cannabis, en liant directement la consommation aux crimes graves tels que le financement du terrorisme ou l'exploitation des mineurs. Cette approche tend à effacer la diversité des expériences de consommation et contribue à une stigmatisation renforcée.
L'intervention invite à réfléchir aux impacts de ces représentations sur les usagers, leur capacité à se percevoir comme acteurs de leur propre consommation et les pratiques des professionnels de l'addictologie.