L'Espace de Supervision et d'Accompagnement à la Réduction des risques (L'ESAR) - Un réseau non conventionnel et non homologué d'espaces de supervision de drogues en France

G. Penavayre
{"title":"L'Espace de Supervision et d'Accompagnement à la Réduction des risques (L'ESAR) - Un réseau non conventionnel et non homologué d'espaces de supervision de drogues en France","authors":"G. Penavayre","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.058","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><div>Suite à l'adoption de la loi de modernisation du système de santé en 2016, Il n'existe en France que deux salles de consommation à moindre risque pour une population de 67 millions d'habitants. Malgré les résultats positifs de leur évaluation respective (amélioration de la santé, de la salubrité, de la sécurité et de la tranquillité publique), leur existence est menacée. En effet, leur expérimentation prendra fin en septembre 2025, et cette décision sera prise par un gouvernement qui, depuis huit ans, bloque tous les autres projets de salles de consommation à moindre risque et parfois sur ordre direct du ministre de l'Intérieur.</div><div>Parallèlement, depuis plusieurs décennies, les acteurs de la réduction des risques observent la consommation de drogues par injection et inhalation dans les toilettes de leurs associations. Ils constatent qu'ils distribuent aux personnes des seringues et des pipes à crack qu'elles utilisent dans les toilettes de leur structure. En plus de représenter un lieu indigne dépourvu de toute hygiène, les sanitaires constituent des lieux particulièrement à risques quant aux surdoses et à la gravité de leurs conséquences.</div><div>Il est donc important d'innover pour répondre à ces besoins et imaginer des formules originales afin de réduire les risques infectieux, sanitaires et sociaux liées à ces pratiques.</div><div>Ainsi, les associations françaises de réduction des risques, à l'initiative d'Oppelia, et sous la coordination de la Fédération addiction, ont lancé l'initiative L'ESAR qui signifie Espace de Supervision et d'Accompagnement à la Réduction des risques. Concrètement, en octobre 2024, plus d'une vingtaine de services de réduction des risques en France, expérimenteront au sein de leur structure ces espaces de supervision permettant d'injecter, d'inhaler, de fumer et de sniffer des dogues, et cela sans homologation de l’ État. La mise en place de ces espaces dans chaque ville dépendra des besoins de chaque association mais aussi de protocoles communs, de formations obligatoires pour les intervenants et de critères concernant la co-construction avec les personnes usagères de drogues. Les espaces de supervision de drogues feront partie des activités régulières de réduction des risques des services, et ne constitueront pas un service spécial comme cela aurait été le cas avec une salle de consommation à moindre risque.</div><div>Nous pensons que cette initiative représente une opportunité pour permettre aux personnes utilisatrices de drogues de consommer des substances psychoactives dans un espace sécurisé, sans attendre l'ouverture d'une salle de consommation de drogues officielle. Nous pensons également que ce format de réseau d'espaces de supervision de drogues à travers la France, est plus à même de répondre aux besoins des personnes qui consomment des drogues. En effet, au-delà de la dimension infectieuse, sanitaire ou sociale, ouvrir un espace de supervision de drogues dans les associations est cohérent et complémentaire avec les actions menées dans ces structures mais surtout répond à une question de dignité, de citoyenneté et d'inclusivité des usager.e.s de drogues.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 1","pages":"Pages S28-S29"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-02-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2772743225000595","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0

Abstract

Suite à l'adoption de la loi de modernisation du système de santé en 2016, Il n'existe en France que deux salles de consommation à moindre risque pour une population de 67 millions d'habitants. Malgré les résultats positifs de leur évaluation respective (amélioration de la santé, de la salubrité, de la sécurité et de la tranquillité publique), leur existence est menacée. En effet, leur expérimentation prendra fin en septembre 2025, et cette décision sera prise par un gouvernement qui, depuis huit ans, bloque tous les autres projets de salles de consommation à moindre risque et parfois sur ordre direct du ministre de l'Intérieur.
Parallèlement, depuis plusieurs décennies, les acteurs de la réduction des risques observent la consommation de drogues par injection et inhalation dans les toilettes de leurs associations. Ils constatent qu'ils distribuent aux personnes des seringues et des pipes à crack qu'elles utilisent dans les toilettes de leur structure. En plus de représenter un lieu indigne dépourvu de toute hygiène, les sanitaires constituent des lieux particulièrement à risques quant aux surdoses et à la gravité de leurs conséquences.
Il est donc important d'innover pour répondre à ces besoins et imaginer des formules originales afin de réduire les risques infectieux, sanitaires et sociaux liées à ces pratiques.
Ainsi, les associations françaises de réduction des risques, à l'initiative d'Oppelia, et sous la coordination de la Fédération addiction, ont lancé l'initiative L'ESAR qui signifie Espace de Supervision et d'Accompagnement à la Réduction des risques. Concrètement, en octobre 2024, plus d'une vingtaine de services de réduction des risques en France, expérimenteront au sein de leur structure ces espaces de supervision permettant d'injecter, d'inhaler, de fumer et de sniffer des dogues, et cela sans homologation de l’ État. La mise en place de ces espaces dans chaque ville dépendra des besoins de chaque association mais aussi de protocoles communs, de formations obligatoires pour les intervenants et de critères concernant la co-construction avec les personnes usagères de drogues. Les espaces de supervision de drogues feront partie des activités régulières de réduction des risques des services, et ne constitueront pas un service spécial comme cela aurait été le cas avec une salle de consommation à moindre risque.
Nous pensons que cette initiative représente une opportunité pour permettre aux personnes utilisatrices de drogues de consommer des substances psychoactives dans un espace sécurisé, sans attendre l'ouverture d'une salle de consommation de drogues officielle. Nous pensons également que ce format de réseau d'espaces de supervision de drogues à travers la France, est plus à même de répondre aux besoins des personnes qui consomment des drogues. En effet, au-delà de la dimension infectieuse, sanitaire ou sociale, ouvrir un espace de supervision de drogues dans les associations est cohérent et complémentaire avec les actions menées dans ces structures mais surtout répond à une question de dignité, de citoyenneté et d'inclusivité des usager.e.s de drogues.
求助全文
约1分钟内获得全文 求助全文
来源期刊
自引率
0.00%
发文量
0
×
引用
GB/T 7714-2015
复制
MLA
复制
APA
复制
导出至
BibTeX EndNote RefMan NoteFirst NoteExpress
×
提示
您的信息不完整,为了账户安全,请先补充。
现在去补充
×
提示
您因"违规操作"
具体请查看互助需知
我知道了
×
提示
确定
请完成安全验证×
copy
已复制链接
快去分享给好友吧!
我知道了
右上角分享
点击右上角分享
0
联系我们:info@booksci.cn Book学术提供免费学术资源搜索服务,方便国内外学者检索中英文文献。致力于提供最便捷和优质的服务体验。 Copyright © 2023 布克学术 All rights reserved.
京ICP备2023020795号-1
ghs 京公网安备 11010802042870号
Book学术文献互助
Book学术文献互助群
群 号:481959085
Book学术官方微信