{"title":"La maladie peste et la surveillance des risques d'introduction dans les îles du Sud-Ouest de l'Océan Indien","authors":"M. Harimalala","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.048","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><div>La peste est une maladie zoonotique à transmission vectorielle qui affecte de manière accidentelle l'Homme. Trois acteurs sont impliqués à savoir les petits mammifères réservoirs et hôtes, les puces vectrices et la bactérie pathogène <em>Yersinia pestis</em>. La maladie peut se présenter sous forme bubonique (la plus commune), pulmonaire ou septicémique. Les pays endémiques pesteux rapportant la majorité des cas à l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sont la République Démocratique de Congo, Madagascar et Pérou. Dans les îles du Sud-Ouest de l'océan Indien (SOOI), les premières épidémies ont été reportées à Maurice, La Réunion et Madagascar à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle. À l'heure actuelle, la peste est endémique à Madagascar et sévit principalement dans les régions des Hauts Plateaux. Ce pays effectue d'importantes échanges commerciales maritimes avec les îles du SOOI. Le transport accidentel des réservoirs et vecteurs avec les marchandises pourrait engendrer l'introduction du pathogène et puis l'apparition de la maladie dans les îles de destination. Par ailleurs, les trois pandémies de peste sont connues étant les résultats d'introduction via les voies maritimes. En conséquence, les zones portuaires présentent des zones à risque d'introduction.</div><div>Étant une maladie à transmission vectorielle, la surveillance des risques consiste à investiguer animaux sentinelles dont les réservoirs et les vecteurs. Des travaux publiés ont rapporté des activités de surveillance dans la zone SOOI de Mai et Octobre 2014 et entre 2018-2019. Les réservoirs et hôtes présents ont été le rat brun <em>Rattus norvegicus</em> (48 %), le rat noir <em>Rattus rattus</em> (25 %), la musaraigne des maisons <em>Suncus murinus</em> (19 %) et la souris domestique <em>Mus musculus</em> (8 %). Le rat brun a été prédominant dans tous les sites sauf à Mayotte ou le rat noir a été le plus capturé. L'indice pulicidien a varié de 0 (ports de Mahajanga, Madagascar et Longoni, Mayotte) à 25,5 (port de Toamasina, Madagascar) ; la médiane étant 4,1. Au total, 1644 puces appartenant à l'espèce <em>Xenopsylla cheopis</em> ont été collectées. Cette espèce est connue la vectrice majeure de la peste à Madagascar et dans le monde. Sa forte compétence vectorielle est largement connue. Aucun des échantillons de puce testé n'est positif à l'ADN de <em>Y. pestis</em>.</div><div>Ces travaux de surveillance portuaire ont montré la présence des réservoirs et du vecteur de la peste dans les points d'entrée des îles du SOOI. Bien qu'aucune puce n'ait été trouvée porteuse de la bactérie, le risque d'introduction n'est pas à minimiser. La surveillance périodique de ces sites à risque est nécessaire en vue de détecter d'une manière précoce d’éventuel portage du bacille et donc de l'introduction de la maladie vers les îles indemnes et voisines de Madagascar.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 1","pages":"Page S24"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-02-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2772743225000492","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
La peste est une maladie zoonotique à transmission vectorielle qui affecte de manière accidentelle l'Homme. Trois acteurs sont impliqués à savoir les petits mammifères réservoirs et hôtes, les puces vectrices et la bactérie pathogène Yersinia pestis. La maladie peut se présenter sous forme bubonique (la plus commune), pulmonaire ou septicémique. Les pays endémiques pesteux rapportant la majorité des cas à l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sont la République Démocratique de Congo, Madagascar et Pérou. Dans les îles du Sud-Ouest de l'océan Indien (SOOI), les premières épidémies ont été reportées à Maurice, La Réunion et Madagascar à la fin du XIXe siècle. À l'heure actuelle, la peste est endémique à Madagascar et sévit principalement dans les régions des Hauts Plateaux. Ce pays effectue d'importantes échanges commerciales maritimes avec les îles du SOOI. Le transport accidentel des réservoirs et vecteurs avec les marchandises pourrait engendrer l'introduction du pathogène et puis l'apparition de la maladie dans les îles de destination. Par ailleurs, les trois pandémies de peste sont connues étant les résultats d'introduction via les voies maritimes. En conséquence, les zones portuaires présentent des zones à risque d'introduction.
Étant une maladie à transmission vectorielle, la surveillance des risques consiste à investiguer animaux sentinelles dont les réservoirs et les vecteurs. Des travaux publiés ont rapporté des activités de surveillance dans la zone SOOI de Mai et Octobre 2014 et entre 2018-2019. Les réservoirs et hôtes présents ont été le rat brun Rattus norvegicus (48 %), le rat noir Rattus rattus (25 %), la musaraigne des maisons Suncus murinus (19 %) et la souris domestique Mus musculus (8 %). Le rat brun a été prédominant dans tous les sites sauf à Mayotte ou le rat noir a été le plus capturé. L'indice pulicidien a varié de 0 (ports de Mahajanga, Madagascar et Longoni, Mayotte) à 25,5 (port de Toamasina, Madagascar) ; la médiane étant 4,1. Au total, 1644 puces appartenant à l'espèce Xenopsylla cheopis ont été collectées. Cette espèce est connue la vectrice majeure de la peste à Madagascar et dans le monde. Sa forte compétence vectorielle est largement connue. Aucun des échantillons de puce testé n'est positif à l'ADN de Y. pestis.
Ces travaux de surveillance portuaire ont montré la présence des réservoirs et du vecteur de la peste dans les points d'entrée des îles du SOOI. Bien qu'aucune puce n'ait été trouvée porteuse de la bactérie, le risque d'introduction n'est pas à minimiser. La surveillance périodique de ces sites à risque est nécessaire en vue de détecter d'une manière précoce d’éventuel portage du bacille et donc de l'introduction de la maladie vers les îles indemnes et voisines de Madagascar.