Fièvre de la Vallée du Rift : point de vue épidémio-clinique

E. Javelle
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Abstract

La fièvre de la vallée du Rift (FVR) est une zoonose arbovirale initialement décrite au Kenya en 1931 lors d'une épidémie humaine de 200 cas [1]. Elle est due à un Phlebovirus de la famille Phenuiviridae de l'ordre des Bunyavirales, isolé en 1944 en Ouganda [2]. Le virus a progressivement diffusé sur le continent africain avant d'en sortir, touchant Madagascar où une première épidémie humaine a été notifiée en 1990 [3] et la péninsule arabique en 2000, avec 2000 cas et 240 décès estimés en Arabie Saoudite et au Yémen [4]. Une trentaine de pays ont à ce jour déclaré des cas animaliers et/ou humains sous la forme de foyers ou de flambées épidémiques, avec une probable nette sous-détection [5].
L’épidémiologie de la FVR est complexe, elle se caractérise par l'hétérogénéité des réservoirs animaliers sauvages (antilopes, grands cerfs, reptiles, etc.) et domestiques (bovins, caprins, etc.) qui sont mondialement distribués et pas tous identifiés ; la diversité des vecteurs qui incluent au moins 50 espèces de moustiques en particulier du genre Aedes et Culex, mais aussi d'autres arthropodes; et la multiplicité des voies de contamination de l'Homme qui peut s'infecter par piqure de moustique, par contact direct avec les animaux, par contact indirect avec des objets infectés, par aérosolisation lors d'activité à risque comme l'abattage ou la mise-bas, ou encore par l'ingestion de produits animaliers dérivés insuffisamment cuits.
L'infection chez l'Homme est souvent inapparente ou bénigne, se limitant à un syndrome grippal. Cependant des formes graves parfois mortelles peuvent apparaître de manière immédiate ou différée, en particulier une atteinte rétinienne mettant en jeu le pronostic visuel (0,5 à 10 % des cas symptomatiques), une méningo-encéphalite (2 à 4 %) ou une fièvre hémorragique (1 %).
À Mayotte, les dix premiers cas humains ont été diagnostiqués rétrospectivement entre septembre 2007 et mai 2008 sur des sérums de patients fébriles, après qu'un premier cas humain a été identifié en août 2007 aux Comores [6]. Puis une épidémie mahoraise a eu lieu en 2018-2019 avec 126 foyers animaliers, 143 cas humains notifiés, et aucun décès [7]. L'introduction du virus s'est probablement faite par l'importation d'animaux vivants contaminés [8] à Mayotte, qui abrite au moins 45 espèces de moustiques [9], dont 4 (Aedes aegypti, Aedes albopictus, Anopheles gambiae, Eretmapodites subsimplicipes) ont été démontrées compétentes pour transmettre le virus de la FVR [10].
Les axes majeurs de contrôle de la dissémination et de la persistance de la FVR incluent : la vaccination des animaux à risque, la surveillance vétérinaire pour une détection et une confirmation précoce des cas animaliers, l'abattage sanitaire, le contrôle des déplacements des animaux, la lutte antivectorielle, les mesures de biosécurité individuelle visant à limiter l'exposition humaine au réservoir et aux vecteurs du virus (hygiène des mains et équipements de protection lors de la manipulation d'animaux ou de leurs tissus, et de l'abattage, cuisson des produits animaliers, protection individuelle contre les piqûres de moustiques) et l'information du grand public.
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