L’intérêt du repérage des étapes du développement intersubjectif précoce pour le dépistage et l’intervention précoce dans les troubles neuro-développementaux

Abstract

Les données récentes sur le développement psychologique entre 0 et 3 ans ont révolutionné nos conceptions de l’origine des troubles du développement et de la psychopathologie précoce. Ces avancées ont conduit à tenter de rendre plus précoce le dépistage des troubles du développement, conduisant à des essais de prévention et d’intervention précoce. Ce travail retrace les apports récents sur les capacités du nouveau-né et du jeune enfant, et sur les aspects théoriques les plus pertinents. La psychopathologie précoce s’éclaire à la lumière de la synchronisation entre l’enfant et des ‘caregivers’, de la sensibilité du bébé humain à la violation de ses attentes dans le cadre des interactions précoces, du rôle clef de la spirale transactionnelle initiale, et de l’interaction gène-environnement. Il souligne l’intérêt de l’identification d’une dimension développementale relativement méconnue, qui va du plaisir partagé dans la synchronisation entre parents et bébé au retrait relationnel clinique, et qui participe au développement intersubjectif. Le développement intersubjectif précoce reste encore peu exploré. Ses étapes sont le sourire social, vers 2 mois, l’accordage affectif et le début de l’attention conjointe vers 9 mois (‘Pointing’) et le début de la capacité de symbolisation et du « faire semblant » vers 18 mois. On sait encore mal comment la prématurité et le retard de croissance influencent ces étapes, ni de quelle manière chaque étape prédit la suivante. Une meilleure connaissance de ces données, par des mises en situation parents-enfant lors de suivis longitudinaux, guiderait une application préventive de la guidance interactive assistée par la vidéo. Cette guidance préventive reste encore peu testée dans le domaine des troubles neuro-développementaux, qu’il s’agisse de la prématurité ou du trouble autistique.

Recent data on psychological development between 0 and 3 years of age have revolutionized our conceptions of the origin of developmental disorders and early psychopathology. These advances have led to earlier assessment of developmental disorders, and led to prevention and early intervention trials. This paper retraces some recent contributions on the capacities of the newborn and young children: the importance of synchronization between the child and caregivers, the spiraling interaction between temperament and early interaction around genetic susceptibility. This review highlights the interest of identifying a relatively little-explored dimension, which ranges from shared pleasure in synchronization between parents and baby to sustained social withdrawal behavior, and which is part of the early intersubjective development. Its stages are the social smile, around 2 months, the harmonization of affect and the start of joint attention around 9 months (Pointing) and the beginning of the capacity for symbolization and pretending around 18 months. However, little is known about how prematurity and failure to thrive influence these stages, nor how each stage predicts the next. A better knowledge of these data, made during longitudinal follow-ups, through parent-child settings of free play, would guide a preventive application of interactive guidance assisted by video-feedback. Preventive interactional guidance remains insufficiently tested in the field of neurodevelopmental disorders, whether for prematurity, Prader-Willy syndrome or autistic spectrum disorder.