Facteurs associés à la morbi-mortalité néonatale chez 267 patientes porteuses d’un syndrome des antiphospholipides incluses dans l’étude prospective du GR2
A. Murarasu , G. Guettrot-Imbert , V. Le Guern , E. Lazaro , A. Deroux , O. Souchaud-Debouverie , P. Orquevaux , V. Langlois , N. Ferreira-Maldent , T. Goulenok , L. Perard , V. Poindron , N. Martin-Silva , F. Sarrot-Reynauld , N. Belhomme , E. Pannier , A. Molto , Y. Nguyen , N. Costedoat-Chalumeau , le groupe GR2
{"title":"Facteurs associés à la morbi-mortalité néonatale chez 267 patientes porteuses d’un syndrome des antiphospholipides incluses dans l’étude prospective du GR2","authors":"A. Murarasu , G. Guettrot-Imbert , V. Le Guern , E. Lazaro , A. Deroux , O. Souchaud-Debouverie , P. Orquevaux , V. Langlois , N. Ferreira-Maldent , T. Goulenok , L. Perard , V. Poindron , N. Martin-Silva , F. Sarrot-Reynauld , N. Belhomme , E. Pannier , A. Molto , Y. Nguyen , N. Costedoat-Chalumeau , le groupe GR2","doi":"10.1016/j.revmed.2024.10.340","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Les données prospectives sur la fréquence et les facteurs associés aux complications néonatales chez les femmes ayant un syndrome des antiphospholipides (SAPL) sont rares et hétérogènes. La principale étude disponible est l’étude américaine prospective PROMISSE <span><span>[1]</span></span> qui met en évidence 19 % de complications néonatales au cours de 144 grossesses de patientes porteuses d’une biologie antiphospholipides sans que l’on sache ce qu’il en est pour celles ayant un SAPL. Nous rapportons les résultats obtenus dans le cadre de l’étude prospective observationnelle française du GR2.</div></div><div><h3>Patients et méthodes</h3><div>Les critères d’inclusion étaient : une grossesse évolutive à 12 semaines d’aménorrhée (SA) incluse dans l’étude du GR2, ayant débuté avant mars 2023, chez une patiente ayant un SAPL selon les critères de 2006 <span><span>[2]</span></span>. Les critères d’exclusion étaient une protéinurie<!--> <!-->><!--> <!-->1<!--> <!-->g/g, une créatinine<!--> <!-->><!--> <!-->100<!--> <!-->μmol/L ou la gémellarité. En cas d’inclusions multiples, la première grossesse incluse par patiente répondant aux critères était analysée <span><span>[3]</span></span>.</div><div>Le critère de jugement principal (CJP) était la survenue d’une complication obstétricale, définie par l’un des évènements suivants : mort fœtale in utero (MFIU) par ailleurs inexpliquée, mort néonatale, prématurité avant 34 SA liée à une insuffisance placentaire (retard de croissance in utero, prééclampsie, syndrome HELLP (<em>Hemolysis, Elevated Liver enzymes and Low Platelet count</em>), hématome rétroplacentaire), ou petit poids pour l’âge gestationnel sévère (PPAG ; ≤ 3<sup>e</sup> percentile)<em>.</em></div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Au total, 267 grossesses ont été analysées : le SAPL était thrombotique pour 129 (48 %), obstétrical uniquement pour 138 (52 %). Un anticoagulant circulant (ACC) était présent chez 125 femmes (51 %, 23 données manquantes (DM)) et un lupus systémique (LS) était associé chez 61 (23 %). Le traitement associait de l’aspirine (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->262,98 %) à une héparinothérapie (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->260, 97 % dont 124 (48 %) à dose anticoagulante), et de l’hydroxychloroquine (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->150 (56 %), dont <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->60/61 (98 %) en cas de LS associé).</div><div>Au total, 258 grossesses ont été analysées après exclusion de 6 interruptions médicales de grossesses pour malformations et 2 fausses couches tardives sans MFIU, et une grossesse pour données manquantes sur le CJP. Une complication obstétricale était observée pour 39 grossesses (15 %) avec une MFIU (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->8, 3 %), une prématurité avant 34 SA secondaire à l’insuffisance placentaire (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->20, 8 %), un PPAG sévère (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->17, 7 %), et/ou une mort néonatale (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->4, 2 %).</div><div>Le CJP était associé à la présence d’un ACC (21 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->26/121) versus 8 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->9/116) ; <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,003), à la positivité de l’anticorps anti-β2GP1 (22 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->23/105) versus 9 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->12/135) ; <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,005) et à la présence d’une triple positivité (28 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->18/64) versus 10 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->17/175) ; <em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,005). Aucune différence n’était retrouvée selon la présence ou non d’un LS (13 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->8/60) versus 16 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->31/198)) ou d’un SAPL thrombotique (15 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->19/124) versus 15 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->20/134) si uniquement obstétrical).</div><div>L’analyse multivariée par régression logistique réalisée sur 235 grossesses, en cas complet (23 données biologiques manquantes), montrait après ajustement sur le profil clinique (âge maternel, antécédent de thrombose artérielle ou de prématurité avant 34SA secondaire à l’insuffisance placentaire) et biologique (présence d’un ACC, d’un anticorps anti-β2GP1 ou anticardiolipine), que seule la présence d’un ACC était associée à la survenue du CJP (OR ajusté<!--> <!-->=<!--> <!-->2,63 ; IC95 % 1,08-6,39).</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Dans une population de patientes ayant un SAPL défini et traitée selon les recommandations, le taux de morbi-mortalité néonatale était de 15 %. La présence d’un ACC était le principal prédicateur de complications.</div></div>","PeriodicalId":54458,"journal":{"name":"Revue De Medecine Interne","volume":"45 ","pages":"Page A367"},"PeriodicalIF":0.7000,"publicationDate":"2024-11-27","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Revue De Medecine Interne","FirstCategoryId":"3","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0248866324011391","RegionNum":4,"RegionCategory":"医学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q3","JCRName":"MEDICINE, GENERAL & INTERNAL","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0
Abstract
Introduction
Les données prospectives sur la fréquence et les facteurs associés aux complications néonatales chez les femmes ayant un syndrome des antiphospholipides (SAPL) sont rares et hétérogènes. La principale étude disponible est l’étude américaine prospective PROMISSE [1] qui met en évidence 19 % de complications néonatales au cours de 144 grossesses de patientes porteuses d’une biologie antiphospholipides sans que l’on sache ce qu’il en est pour celles ayant un SAPL. Nous rapportons les résultats obtenus dans le cadre de l’étude prospective observationnelle française du GR2.
Patients et méthodes
Les critères d’inclusion étaient : une grossesse évolutive à 12 semaines d’aménorrhée (SA) incluse dans l’étude du GR2, ayant débuté avant mars 2023, chez une patiente ayant un SAPL selon les critères de 2006 [2]. Les critères d’exclusion étaient une protéinurie > 1 g/g, une créatinine > 100 μmol/L ou la gémellarité. En cas d’inclusions multiples, la première grossesse incluse par patiente répondant aux critères était analysée [3].
Le critère de jugement principal (CJP) était la survenue d’une complication obstétricale, définie par l’un des évènements suivants : mort fœtale in utero (MFIU) par ailleurs inexpliquée, mort néonatale, prématurité avant 34 SA liée à une insuffisance placentaire (retard de croissance in utero, prééclampsie, syndrome HELLP (Hemolysis, Elevated Liver enzymes and Low Platelet count), hématome rétroplacentaire), ou petit poids pour l’âge gestationnel sévère (PPAG ; ≤ 3e percentile).
Résultats
Au total, 267 grossesses ont été analysées : le SAPL était thrombotique pour 129 (48 %), obstétrical uniquement pour 138 (52 %). Un anticoagulant circulant (ACC) était présent chez 125 femmes (51 %, 23 données manquantes (DM)) et un lupus systémique (LS) était associé chez 61 (23 %). Le traitement associait de l’aspirine (n = 262,98 %) à une héparinothérapie (n = 260, 97 % dont 124 (48 %) à dose anticoagulante), et de l’hydroxychloroquine (n = 150 (56 %), dont n = 60/61 (98 %) en cas de LS associé).
Au total, 258 grossesses ont été analysées après exclusion de 6 interruptions médicales de grossesses pour malformations et 2 fausses couches tardives sans MFIU, et une grossesse pour données manquantes sur le CJP. Une complication obstétricale était observée pour 39 grossesses (15 %) avec une MFIU (n = 8, 3 %), une prématurité avant 34 SA secondaire à l’insuffisance placentaire (n = 20, 8 %), un PPAG sévère (n = 17, 7 %), et/ou une mort néonatale (n = 4, 2 %).
Le CJP était associé à la présence d’un ACC (21 % (n = 26/121) versus 8 % (n = 9/116) ; p = 0,003), à la positivité de l’anticorps anti-β2GP1 (22 % (n = 23/105) versus 9 % (n = 12/135) ; p = 0,005) et à la présence d’une triple positivité (28 % (n = 18/64) versus 10 % (n = 17/175) ; p < 0,005). Aucune différence n’était retrouvée selon la présence ou non d’un LS (13 % (n = 8/60) versus 16 % (n = 31/198)) ou d’un SAPL thrombotique (15 % (n = 19/124) versus 15 % (n = 20/134) si uniquement obstétrical).
L’analyse multivariée par régression logistique réalisée sur 235 grossesses, en cas complet (23 données biologiques manquantes), montrait après ajustement sur le profil clinique (âge maternel, antécédent de thrombose artérielle ou de prématurité avant 34SA secondaire à l’insuffisance placentaire) et biologique (présence d’un ACC, d’un anticorps anti-β2GP1 ou anticardiolipine), que seule la présence d’un ACC était associée à la survenue du CJP (OR ajusté = 2,63 ; IC95 % 1,08-6,39).
Conclusion
Dans une population de patientes ayant un SAPL défini et traitée selon les recommandations, le taux de morbi-mortalité néonatale était de 15 %. La présence d’un ACC était le principal prédicateur de complications.
期刊介绍:
Official journal of the SNFMI, La revue de medecine interne is indexed in the most prestigious databases. It is the most efficient French language journal available for internal medicine specialists who want to expand their knowledge and skills beyond their own discipline. It is also the main French language international medium for French research works. The journal publishes each month editorials, original articles, review articles, short communications, etc. These articles address the fundamental and innumerable facets of internal medicine, spanning all medical specialties. Manuscripts may be submitted in French or in English.
La revue de medecine interne also includes additional issues publishing the proceedings of the two annual French meetings of internal medicine (June and December), as well as thematic issues.