Le microenvironnement immun des tumeurs sébacées dépend de l’agressivité des tumeurs mais pas des altérations de la voie de réparation des mésappariements
E. Frouin , C. Alleyrat , J. Godet , L. Karayan-Tapon , H. Sinson , F. Morel , J.C. Lecron , L. Favot
{"title":"Le microenvironnement immun des tumeurs sébacées dépend de l’agressivité des tumeurs mais pas des altérations de la voie de réparation des mésappariements","authors":"E. Frouin , C. Alleyrat , J. Godet , L. Karayan-Tapon , H. Sinson , F. Morel , J.C. Lecron , L. Favot","doi":"10.1016/j.fander.2024.09.519","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Le microenvironnement immun des tumeurs sébacés (TSs) a été peu étudié, en particulier dans les lésions bénignes, et n’a jamais été corrélé au statut du système de réparation des mésappariements (MMR).</div></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><div>Nous avons réalisé une étude immunohistochimique pour analyser le microenvironnement immun des TSs. Un TMA comprenant des adénomes sébacés (ASs), des sébacéomes (Ss) et des carcinomes sébacés (CSs) a été réalisé puis nous avons analysé la composition du microenvironnement en lymphocytes T (et leurs sous-types), lymphocytes B, macrophages (et leurs sous-types), cellules dendritiques et de l’expression de PD-1 et de PD-L1. Un comptage automatisé a été effectué à l’aide du logiciel QuPath®. La composition du microenvironnement immun a été comparée à l’agressivité, au statut MMR et au syndrome de Muir-Torre (SMT).</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Nous avons inclus 123 TSs (43 ASs, 19 Ss et 61 CSs) dont 71,5% avaient un phénotype dMMR. Une infiltration plus importante en macrophages (CD68<!--> <!-->+<!--> <!-->) de phénotype M2 (CD163<!--> <!-->+<!--> <!-->) et en cellules dendritiques (CD11c<!--> <!-->+<!--> <!-->) a été observée dans les CSs par rapport aux TSs bénignes (AS et Ss). PD-L1 mais pas PD-1 était exprimé par plus de cellules immunes dans les CSs que dans les TSs bénignes. Aucune différence n’a été observée dans la composition en cellules immunes selon le statut du système MMR ou l’existence d’un SMT.</div></div><div><h3>Discussion</h3><div>Dans les TSs, les macrophages M2 et les cellules dendritiques sont associés à la progression et à la transformation maligne des tumeurs. Il a été montré que la composition en lipides du sébum, notamment riche en acides linoléique et oléique, influence la polarisation des macrophages vers le sous-type M2 et leur activation. Dans notre étude, les CSs étant de taille supérieure aux tumeurs bénignes, ils pourraient produire plus de sébum, ce qui pourrait participer à expliquer cette polarisation M2. De plus, l’accumulation de lipides dans les DCs serait un des mécanismes conduisant à leur inactivation, provoquant une altération de la présentation des antigènes par les DCs. De plus, les macrophages M2 produisant notamment de l’IL-10 et du TGF-b, stimulent la prolifération tumorale et inhibent la maturation des DCs. Une expression élevée de PD-L1 dans les cellules immunitaires des CSs pourrait être un argument en faveur de l’utilisation de l’immunothérapie par les anti-PD1 ou anti-PD-L1 chez les patients métastatiques. À l’inverse des autres cancers associés à un phéntotype MMR déficient (colon, endomètre), la composition du microenvironnement immun des tumeurs sébacées n’était pas influencée par le statut MMR, le type de protéine anormale ou l’origine de ce phénotype (génétique ou somatique).</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Notre travail souligne la singularité des TSs parmi les tumeurs malignes associées à un déficit du système MMR. De plus, nos données suggèrent des cibles thérapeutiques comme la liaison PD-1/PD-L1 ou des traitement modifiant la polarisation des macrophages ou l’activation des cellules dendritiques (ex: locage du couple CSF1/CSF1R) pour les tumeurs sébacées métastatiques ou inopérables.</div></div>","PeriodicalId":100088,"journal":{"name":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","volume":"4 8","pages":"Pages A88-A89"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-11-14","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2667062324007797","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Le microenvironnement immun des tumeurs sébacés (TSs) a été peu étudié, en particulier dans les lésions bénignes, et n’a jamais été corrélé au statut du système de réparation des mésappariements (MMR).
Matériel et méthodes
Nous avons réalisé une étude immunohistochimique pour analyser le microenvironnement immun des TSs. Un TMA comprenant des adénomes sébacés (ASs), des sébacéomes (Ss) et des carcinomes sébacés (CSs) a été réalisé puis nous avons analysé la composition du microenvironnement en lymphocytes T (et leurs sous-types), lymphocytes B, macrophages (et leurs sous-types), cellules dendritiques et de l’expression de PD-1 et de PD-L1. Un comptage automatisé a été effectué à l’aide du logiciel QuPath®. La composition du microenvironnement immun a été comparée à l’agressivité, au statut MMR et au syndrome de Muir-Torre (SMT).
Résultats
Nous avons inclus 123 TSs (43 ASs, 19 Ss et 61 CSs) dont 71,5% avaient un phénotype dMMR. Une infiltration plus importante en macrophages (CD68 + ) de phénotype M2 (CD163 + ) et en cellules dendritiques (CD11c + ) a été observée dans les CSs par rapport aux TSs bénignes (AS et Ss). PD-L1 mais pas PD-1 était exprimé par plus de cellules immunes dans les CSs que dans les TSs bénignes. Aucune différence n’a été observée dans la composition en cellules immunes selon le statut du système MMR ou l’existence d’un SMT.
Discussion
Dans les TSs, les macrophages M2 et les cellules dendritiques sont associés à la progression et à la transformation maligne des tumeurs. Il a été montré que la composition en lipides du sébum, notamment riche en acides linoléique et oléique, influence la polarisation des macrophages vers le sous-type M2 et leur activation. Dans notre étude, les CSs étant de taille supérieure aux tumeurs bénignes, ils pourraient produire plus de sébum, ce qui pourrait participer à expliquer cette polarisation M2. De plus, l’accumulation de lipides dans les DCs serait un des mécanismes conduisant à leur inactivation, provoquant une altération de la présentation des antigènes par les DCs. De plus, les macrophages M2 produisant notamment de l’IL-10 et du TGF-b, stimulent la prolifération tumorale et inhibent la maturation des DCs. Une expression élevée de PD-L1 dans les cellules immunitaires des CSs pourrait être un argument en faveur de l’utilisation de l’immunothérapie par les anti-PD1 ou anti-PD-L1 chez les patients métastatiques. À l’inverse des autres cancers associés à un phéntotype MMR déficient (colon, endomètre), la composition du microenvironnement immun des tumeurs sébacées n’était pas influencée par le statut MMR, le type de protéine anormale ou l’origine de ce phénotype (génétique ou somatique).
Conclusion
Notre travail souligne la singularité des TSs parmi les tumeurs malignes associées à un déficit du système MMR. De plus, nos données suggèrent des cibles thérapeutiques comme la liaison PD-1/PD-L1 ou des traitement modifiant la polarisation des macrophages ou l’activation des cellules dendritiques (ex: locage du couple CSF1/CSF1R) pour les tumeurs sébacées métastatiques ou inopérables.