I. Berkaoui , A. Gillibert , E. Lacroix , V. Hebert
{"title":"Accès aux dermatologues en France: comprendre les raisons d’une offre de plus en plus limitée et projection à partir des données nationales de la CCAM","authors":"I. Berkaoui , A. Gillibert , E. Lacroix , V. Hebert","doi":"10.1016/j.fander.2024.09.496","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Les délais d’obtention d’un rendez-vous en dermatologie sont parmi les plus longs. À la pénurie de dermatologues, s’ajoutent des changements sociétaux comme la féminisation de la discipline, l’aspiration à un meilleur équilibre vie personnelle/professionnelle, mais aussi des changements de pratique comme la demande croissante de soins esthétiques. Une différence de délai de rendez-vous pour des consultations esthétiques est source de nombreuses critiques. De même, il est souvent suggéré que les dermatologues récemment installés travaillent moins que leurs ainés. Dans ce travail, nous avons analysé l’évolution des pratiques selon les âges afin de comprendre les causes de cette détérioration de l’accès aux soins.</div></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><div>Comparaison des données de la CCAM entre 2014 et 2022, à partir des 10 actes les plus réalisés et projection de l’évolution de l’accès aux soins à l’aide d’une modélisation statistique intégrant la démographie médicale et populationnelle.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Entre 2014 et 2022, le nombre absolu de consultations de dermatologie médicale CS et APC (anciennement C2), représentant ><!--> <!-->90 % des actes recensés, est passé de 7,2 millions à 5 millions (−31%). Cette baisse s’explique par une diminution du nombre de dermatologues, passant de 3135 à 2441 (−22,1%), ainsi que par une diminution du nombre de consultations annuelles par praticien (2052 vs 2290; −10,4%). Contrairement à ce qui était attendu, cette diminution du nombre de consultations concerne principalement les tranches d’âge les plus élevées 35–40 ans (−7,7%), 40−45 ans (−17,7%), 45−50 ans (−23,1%), 50–55 ans (−19,7%), 55–60 ans (−16,7%) 60–65 ans (−16,2%), tandis qu’au contraire, entre 2014 et 2022, seule la tranche d’âge 30–35 ans a augmenté son activité médicale (+8,4%). En effet, en 2022, les dermatologues âgés de 30–35 ans étaient ceux qui réalisaient le plus grand nombre d’actes médicaux par an (2593), supérieurs aux tranches 45–50 ans (2224; −14,2%), 50–55 ans (2258,8; −12,9%), 55–60 ans (2417; −6,8%) et 60–65 ans (2305; −11,1%). Pour 2035, les projections annoncent 1384 départs en retraite versus 1008 arrivées par rapport à 2022 soit un total de 2065 dermatologues (−15%). À cette baisse persistante du nombre de praticiens s’ajoute le vieillissement de la population française dont la tranche d’âge 70–85 ans représente 18,6% des consultations annuelles. Cette baisse démographique devrait être en partie contrebalancée par une activité attendue plus forte chez les jeunes dermatologues, permettant de limiter la baisse de l’offre à −4,2% par rapport à 2024.</div></div><div><h3>Discussion</h3><div>La diminution de l’offre est plurifactorielle: diminution du nombre d’actes médicaux principalement liée à la baisse du nombre de dermatologues et augmentation de la demande. Bien que le nombre d’actes esthétiques n’ait pu être quantifié dans cette étude, le nombre d’actes médicaux remboursés reste conséquent.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Contrairement à une idée répandue, les jeunes dermatologues ne travaillent pas moins que leurs aînés.</div></div>","PeriodicalId":100088,"journal":{"name":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","volume":"4 8","pages":"Page A74"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-11-14","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2667062324007566","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Les délais d’obtention d’un rendez-vous en dermatologie sont parmi les plus longs. À la pénurie de dermatologues, s’ajoutent des changements sociétaux comme la féminisation de la discipline, l’aspiration à un meilleur équilibre vie personnelle/professionnelle, mais aussi des changements de pratique comme la demande croissante de soins esthétiques. Une différence de délai de rendez-vous pour des consultations esthétiques est source de nombreuses critiques. De même, il est souvent suggéré que les dermatologues récemment installés travaillent moins que leurs ainés. Dans ce travail, nous avons analysé l’évolution des pratiques selon les âges afin de comprendre les causes de cette détérioration de l’accès aux soins.
Matériel et méthodes
Comparaison des données de la CCAM entre 2014 et 2022, à partir des 10 actes les plus réalisés et projection de l’évolution de l’accès aux soins à l’aide d’une modélisation statistique intégrant la démographie médicale et populationnelle.
Résultats
Entre 2014 et 2022, le nombre absolu de consultations de dermatologie médicale CS et APC (anciennement C2), représentant > 90 % des actes recensés, est passé de 7,2 millions à 5 millions (−31%). Cette baisse s’explique par une diminution du nombre de dermatologues, passant de 3135 à 2441 (−22,1%), ainsi que par une diminution du nombre de consultations annuelles par praticien (2052 vs 2290; −10,4%). Contrairement à ce qui était attendu, cette diminution du nombre de consultations concerne principalement les tranches d’âge les plus élevées 35–40 ans (−7,7%), 40−45 ans (−17,7%), 45−50 ans (−23,1%), 50–55 ans (−19,7%), 55–60 ans (−16,7%) 60–65 ans (−16,2%), tandis qu’au contraire, entre 2014 et 2022, seule la tranche d’âge 30–35 ans a augmenté son activité médicale (+8,4%). En effet, en 2022, les dermatologues âgés de 30–35 ans étaient ceux qui réalisaient le plus grand nombre d’actes médicaux par an (2593), supérieurs aux tranches 45–50 ans (2224; −14,2%), 50–55 ans (2258,8; −12,9%), 55–60 ans (2417; −6,8%) et 60–65 ans (2305; −11,1%). Pour 2035, les projections annoncent 1384 départs en retraite versus 1008 arrivées par rapport à 2022 soit un total de 2065 dermatologues (−15%). À cette baisse persistante du nombre de praticiens s’ajoute le vieillissement de la population française dont la tranche d’âge 70–85 ans représente 18,6% des consultations annuelles. Cette baisse démographique devrait être en partie contrebalancée par une activité attendue plus forte chez les jeunes dermatologues, permettant de limiter la baisse de l’offre à −4,2% par rapport à 2024.
Discussion
La diminution de l’offre est plurifactorielle: diminution du nombre d’actes médicaux principalement liée à la baisse du nombre de dermatologues et augmentation de la demande. Bien que le nombre d’actes esthétiques n’ait pu être quantifié dans cette étude, le nombre d’actes médicaux remboursés reste conséquent.
Conclusion
Contrairement à une idée répandue, les jeunes dermatologues ne travaillent pas moins que leurs aînés.