G. Chidiac , L. Faltot , M. Perier Muzet , M. Donzel , S. Dalle
{"title":"Eruptions cutanées associées au mogamulizumab dans les lymphomes T cutanés : une étude rétrospective monocentrique","authors":"G. Chidiac , L. Faltot , M. Perier Muzet , M. Donzel , S. Dalle","doi":"10.1016/j.fander.2024.09.516","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Le mycosis fongoïde (MF) et le syndrome de Sézary (SS) représentent environ 70 % des lymphomes T cutanés (LTC). Leur traitement à des stades avancés est souvent complexe. Depuis quelques années, le mogamulizumab (MOGA), un anticorps monoclonal ciblant le récepteur CCR4, est utilisé en seconde intention pour traiter les MF et SS avancés. Bien que le MOGA semble donner des résultats prometteurs, il est également associé à divers effets indésirables, notamment des éruptions cutanées. Cette étude analyse les patients atteints de MF ou SS traités par le MOGA, en se concentrant sur les réactions cutanées associées au MOGA (RCAM) et leur lien potentiel avec la réponse thérapeutique.</div></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><div>Cette étude rétrospective monocentrique a recueilli les données de patients atteints de MF ou SS et traités par le MOGA entre janvier 2012 et septembre 2023.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Sur 34 patients inclus (moyenne d’âge : 65 ans, 19 hommes et 15 femmes), cinq (15 %) ont développé une RCAM après une durée moyenne de 70,8 semaines. Les éruptions se manifestaient par des plaques érythémateuses et squameuses, principalement sur la tête et le cou, ainsi que sur le tronc et les extrémités. Aucun arrêt du traitement par MOGA n’a été nécessaire; l’application de dermocorticoïdes a amélioré l’éruption chez quatre patients. Histologiquement, les biopsies cutanées ont montré des infiltrats granulomateux avec des ratios CD4 normalisés ou inversés et absence de monoclonalité. Les patients avec RCAM ont eu une survie sans progression médiane de 122,4 semaines et un taux de réponse objective de 100 %, avec 60 % de réponses complètes. Quatre patients sur cinq ont atteint leur meilleure réponse avant l’apparition de la RCAM. Cependant, deux patients ont eu une progression de la maladie après une réponse partielle initiale, dont un est décédé. Les 29 patients sans RCAM avaient une survie sans progression médiane de 12,41 semaines, un taux de réponse objective de 66 %, avec une réponse complète chez 14 %.</div></div><div><h3>Discussion</h3><div>Les RCAM sont survenues chez 15 % des patients, moins que les 25 % observés dans l’essai phase 3 MAVORIC. Le MOGA peut induire la déplétion des cellules T régulatrices (Tregs), augmentant l’activation des CD8+ ciblant potentiellement les autoantigènes sur les kératinocytes épidermiques et la production d’autoanticorps contre les kératinocytes et mélanocytes. Sur le plan anatomopathologique, nos patients présentaient principalement des éruptions granulomateuses, bien que la littérature rapporte plus fréquemment des réactions spongiotiques et psoriasiformes. Les RCAM ont souvent été décrites comme marqueurs de bonne réponse au MOGA. Cependant, cette réponse n’est pas toujours durable et des progressions de la maladie peuvent s’observées même après une réponse favorable initiale comme le montre notre étude.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Il est crucial de reconnaître les RCAM et de les distinguer de la progression des LTC pour éviter un arrêt inapproprié du MOGA. Notre étude suggère que la survenue d’une RCAM peut indiquer une bonne réponse au traitement, bien que cette réponse ne soit pas toujours prolongée.</div></div>","PeriodicalId":100088,"journal":{"name":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","volume":"4 8","pages":"Page A87"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-11-14","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2667062324007761","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Le mycosis fongoïde (MF) et le syndrome de Sézary (SS) représentent environ 70 % des lymphomes T cutanés (LTC). Leur traitement à des stades avancés est souvent complexe. Depuis quelques années, le mogamulizumab (MOGA), un anticorps monoclonal ciblant le récepteur CCR4, est utilisé en seconde intention pour traiter les MF et SS avancés. Bien que le MOGA semble donner des résultats prometteurs, il est également associé à divers effets indésirables, notamment des éruptions cutanées. Cette étude analyse les patients atteints de MF ou SS traités par le MOGA, en se concentrant sur les réactions cutanées associées au MOGA (RCAM) et leur lien potentiel avec la réponse thérapeutique.
Matériel et méthodes
Cette étude rétrospective monocentrique a recueilli les données de patients atteints de MF ou SS et traités par le MOGA entre janvier 2012 et septembre 2023.
Résultats
Sur 34 patients inclus (moyenne d’âge : 65 ans, 19 hommes et 15 femmes), cinq (15 %) ont développé une RCAM après une durée moyenne de 70,8 semaines. Les éruptions se manifestaient par des plaques érythémateuses et squameuses, principalement sur la tête et le cou, ainsi que sur le tronc et les extrémités. Aucun arrêt du traitement par MOGA n’a été nécessaire; l’application de dermocorticoïdes a amélioré l’éruption chez quatre patients. Histologiquement, les biopsies cutanées ont montré des infiltrats granulomateux avec des ratios CD4 normalisés ou inversés et absence de monoclonalité. Les patients avec RCAM ont eu une survie sans progression médiane de 122,4 semaines et un taux de réponse objective de 100 %, avec 60 % de réponses complètes. Quatre patients sur cinq ont atteint leur meilleure réponse avant l’apparition de la RCAM. Cependant, deux patients ont eu une progression de la maladie après une réponse partielle initiale, dont un est décédé. Les 29 patients sans RCAM avaient une survie sans progression médiane de 12,41 semaines, un taux de réponse objective de 66 %, avec une réponse complète chez 14 %.
Discussion
Les RCAM sont survenues chez 15 % des patients, moins que les 25 % observés dans l’essai phase 3 MAVORIC. Le MOGA peut induire la déplétion des cellules T régulatrices (Tregs), augmentant l’activation des CD8+ ciblant potentiellement les autoantigènes sur les kératinocytes épidermiques et la production d’autoanticorps contre les kératinocytes et mélanocytes. Sur le plan anatomopathologique, nos patients présentaient principalement des éruptions granulomateuses, bien que la littérature rapporte plus fréquemment des réactions spongiotiques et psoriasiformes. Les RCAM ont souvent été décrites comme marqueurs de bonne réponse au MOGA. Cependant, cette réponse n’est pas toujours durable et des progressions de la maladie peuvent s’observées même après une réponse favorable initiale comme le montre notre étude.
Conclusion
Il est crucial de reconnaître les RCAM et de les distinguer de la progression des LTC pour éviter un arrêt inapproprié du MOGA. Notre étude suggère que la survenue d’une RCAM peut indiquer une bonne réponse au traitement, bien que cette réponse ne soit pas toujours prolongée.