Évolution des conjonctivites survenant sous dupilumab pour le traitement de la dermatite atopique après remplacement du dupilumab par du tralokinumab ou un inhibiteur de Janus kinase
Z. Reguiai , P.A. Becherel , J.L. Perrot , C. Boulard , A.C. Fougerousse , E. Begon , A. Badaoui , C. Poreaux , J. Parier , A.L. Liegeon , M. Levavasseur , A.C. Bing , E. Esteve , F. Maccari
{"title":"Évolution des conjonctivites survenant sous dupilumab pour le traitement de la dermatite atopique après remplacement du dupilumab par du tralokinumab ou un inhibiteur de Janus kinase","authors":"Z. Reguiai , P.A. Becherel , J.L. Perrot , C. Boulard , A.C. Fougerousse , E. Begon , A. Badaoui , C. Poreaux , J. Parier , A.L. Liegeon , M. Levavasseur , A.C. Bing , E. Esteve , F. Maccari","doi":"10.1016/j.fander.2024.09.449","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Les données des essais cliniques et de vraie vie ont mis en évidence une augmentation de l’incidence de la survenue de conjonctivite pour les patients traités par dupilumab (DUPI) pour leur dermatite atopique (DA). Les objectifs de notre étude étaient (1) de décrire les caractéristiques des patients développant une conjonctivite nécessitant l’arrêt du DUPI et (2) d’analyser les facteurs associés à une amélioration complète de la conjonctivite après passage au tralokinumab ou aux inhibiteurs de Janus kinase (JAKi).</div></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><div>Étude de cohorte rétrospective multicentrique incluant tous les patients atteints de DA et traités par DUPI qui ont développé une conjonctivite nécessitant un passage au tralokinumab ou à un JAKi en pratique quotidienne. Les données concernant les patients, leur DA et la conjonctivite ont été analysées lors de la visite d’inclusion (correspondant à l’arrêt du DUPI et à l’instauration d’un nouveau traitement de la DA), lors de la visite 2 (3–6 mois après l’inclusion) et lors de la visite 3 (correspondant à la dernière visite médicale).</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Au total dans les 12 centres de l’étude, 1109 patients ont été traités par DUPI pour leur DA ; 83 ont développé une conjonctivite, décrite comme sévère pour 30 % d’entre eux, conduisant à l’arrêt du DUPI et les passage à un autre traitement ; 71 patients avaient au moins une visite de suivi et ont été analysés. Le délai moyen entre le début du traitement par DUPI et l’apparition de la conjonctivite était de 4,5 mois (±<!--> <!-->3,63). Deux patients ont eu des complications liées à la conjonctivite (kératite). Aucun des patients traités à nouveau par le DUPI n’a obtenu une amélioration complète de la conjonctivite. Seuls 12 % des patients passés au tralokinumab ont obtenu une amélioration complète à la visite 2 et 45 % à la visite 3. La plupart de ces patients ont dû poursuivre des traitements ophtalmologiques. Au total, 81 % des patients qui sont passés à un JAKi (abrocitinib, baricitinib ou upadacitinib) ont obtenu une amélioration complète à la visite 2 et 96 % à la visite 3 sans avoir besoin de poursuivre des traitements ophtalmologiques pour leur conjonctivite ; les seuls facteurs associés à une résolution complète de la conjonctivite à la visite 2 ou 3 étaient la durée courte de la conjonctivite (OR 8,98, 95 % CI 1,47–55), les antécédents personnels d’asthme (OR 10,66, 95 % CI1,82–62,63) et le passage du DUPI aux JAKi (OR 17,11, 95 % CI 2,94–99,66) (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,002).</div></div><div><h3>Discussion</h3><div>La littérature sur l’évolution des conjonctivites après l’arrêt du DUPI et le passage à d’autres traitements de la DA repose essentiellement sur des séries de cas. À notre connaissance, notre étude est la plus importante, à ce jour, en termes de nombre de patients étudiés et de durée de suivi. Avec 83 des 1109 (7,5 %) patients de notre cohorte traités par DUPI développant une conjonctivite, décrite comme sévère pour 30 % d’entre eux, et conduisant à l’arrêt du DUPI, nos chiffres sont beaucoup plus élevés que ceux rapportés dans les essais cliniques (<<!--> <!-->0,5 %). Aucun patient ayant repris son traitement par DUPI n’a eu de résolution complète de sa conjonctivite.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>En cas de survenue d’une conjonctivite sous DUPI, notre étude semble suggérer qu’un changement vers une autre molécule, en particulier un JAKi, devrait être rapidement envisagé pour une résolution complète et rapide de ces problèmes oculaires.</div></div>","PeriodicalId":100088,"journal":{"name":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","volume":"4 8","pages":"Pages A45-A46"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-11-14","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2667062324007098","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Les données des essais cliniques et de vraie vie ont mis en évidence une augmentation de l’incidence de la survenue de conjonctivite pour les patients traités par dupilumab (DUPI) pour leur dermatite atopique (DA). Les objectifs de notre étude étaient (1) de décrire les caractéristiques des patients développant une conjonctivite nécessitant l’arrêt du DUPI et (2) d’analyser les facteurs associés à une amélioration complète de la conjonctivite après passage au tralokinumab ou aux inhibiteurs de Janus kinase (JAKi).
Matériel et méthodes
Étude de cohorte rétrospective multicentrique incluant tous les patients atteints de DA et traités par DUPI qui ont développé une conjonctivite nécessitant un passage au tralokinumab ou à un JAKi en pratique quotidienne. Les données concernant les patients, leur DA et la conjonctivite ont été analysées lors de la visite d’inclusion (correspondant à l’arrêt du DUPI et à l’instauration d’un nouveau traitement de la DA), lors de la visite 2 (3–6 mois après l’inclusion) et lors de la visite 3 (correspondant à la dernière visite médicale).
Résultats
Au total dans les 12 centres de l’étude, 1109 patients ont été traités par DUPI pour leur DA ; 83 ont développé une conjonctivite, décrite comme sévère pour 30 % d’entre eux, conduisant à l’arrêt du DUPI et les passage à un autre traitement ; 71 patients avaient au moins une visite de suivi et ont été analysés. Le délai moyen entre le début du traitement par DUPI et l’apparition de la conjonctivite était de 4,5 mois (± 3,63). Deux patients ont eu des complications liées à la conjonctivite (kératite). Aucun des patients traités à nouveau par le DUPI n’a obtenu une amélioration complète de la conjonctivite. Seuls 12 % des patients passés au tralokinumab ont obtenu une amélioration complète à la visite 2 et 45 % à la visite 3. La plupart de ces patients ont dû poursuivre des traitements ophtalmologiques. Au total, 81 % des patients qui sont passés à un JAKi (abrocitinib, baricitinib ou upadacitinib) ont obtenu une amélioration complète à la visite 2 et 96 % à la visite 3 sans avoir besoin de poursuivre des traitements ophtalmologiques pour leur conjonctivite ; les seuls facteurs associés à une résolution complète de la conjonctivite à la visite 2 ou 3 étaient la durée courte de la conjonctivite (OR 8,98, 95 % CI 1,47–55), les antécédents personnels d’asthme (OR 10,66, 95 % CI1,82–62,63) et le passage du DUPI aux JAKi (OR 17,11, 95 % CI 2,94–99,66) (p = 0,002).
Discussion
La littérature sur l’évolution des conjonctivites après l’arrêt du DUPI et le passage à d’autres traitements de la DA repose essentiellement sur des séries de cas. À notre connaissance, notre étude est la plus importante, à ce jour, en termes de nombre de patients étudiés et de durée de suivi. Avec 83 des 1109 (7,5 %) patients de notre cohorte traités par DUPI développant une conjonctivite, décrite comme sévère pour 30 % d’entre eux, et conduisant à l’arrêt du DUPI, nos chiffres sont beaucoup plus élevés que ceux rapportés dans les essais cliniques (< 0,5 %). Aucun patient ayant repris son traitement par DUPI n’a eu de résolution complète de sa conjonctivite.
Conclusion
En cas de survenue d’une conjonctivite sous DUPI, notre étude semble suggérer qu’un changement vers une autre molécule, en particulier un JAKi, devrait être rapidement envisagé pour une résolution complète et rapide de ces problèmes oculaires.