Coralie Boudin , Hélène Eysseric-Guerin , Françoise Stanke-Labesque , Pierre Henry , Melissa Revet , Virginie Scolan , Théo Willeman
{"title":"Intoxication volontaire mortelle au cyanure de potassium : retour vers le futur","authors":"Coralie Boudin , Hélène Eysseric-Guerin , Françoise Stanke-Labesque , Pierre Henry , Melissa Revet , Virginie Scolan , Théo Willeman","doi":"10.1016/j.toxac.2024.09.007","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>La recherche de cyanures (CN) n’est plus réalisée en systématique lors d’une expertise toxicologique de référence depuis 2017. En dehors des intoxications dues aux expositions à des fumées d’incendie, de rares intoxications aux CN se produisent encore aujourd’hui. Nous présentons le cas d’un homme de 73<!--> <!-->ans, pharmacien à la retraite, qui a été retrouvé sans vie à son domicile avec à proximité une bouteille de 250<!--> <!-->g de CN de potassium ainsi qu’une lettre d’adieu. L’autopsie réalisée a confirmé que la mort n’était pas traumatique mais en lien avec un syndrome asphyxique aspécifique.</div></div><div><h3>Méthode</h3><div>Une expertise toxicologique de référence est réalisée selon la circulaire du 6 novembre 2017. Pour le dosage des CN, la préparation de l’échantillon est composée d’une prise d’essai faible de 25<!--> <!-->μL à laquelle sont ajoutés 200<!--> <!-->μL d’eau bidistilée et 25<!--> <!-->μL de solution d’étalon interne K13C15N à 500<!--> <!-->μg/L. S’en suit une déprotonisation à l’acétone puis centrifugation et récupération de 250<!--> <!-->μL du surnageant. À l’abri de la lumière, 50<!--> <!-->μL d’une solution de Taurine à 5<!--> <!-->mm et 50<!--> <!-->μL d’une solution de NDA à 1<!--> <!-->mm sont ajoutés, agités puis 10<!--> <!-->min à 4<!--> <!-->°C <span><span>[1]</span></span>. 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Abstract
Introduction
La recherche de cyanures (CN) n’est plus réalisée en systématique lors d’une expertise toxicologique de référence depuis 2017. En dehors des intoxications dues aux expositions à des fumées d’incendie, de rares intoxications aux CN se produisent encore aujourd’hui. Nous présentons le cas d’un homme de 73 ans, pharmacien à la retraite, qui a été retrouvé sans vie à son domicile avec à proximité une bouteille de 250 g de CN de potassium ainsi qu’une lettre d’adieu. L’autopsie réalisée a confirmé que la mort n’était pas traumatique mais en lien avec un syndrome asphyxique aspécifique.
Méthode
Une expertise toxicologique de référence est réalisée selon la circulaire du 6 novembre 2017. Pour le dosage des CN, la préparation de l’échantillon est composée d’une prise d’essai faible de 25 μL à laquelle sont ajoutés 200 μL d’eau bidistilée et 25 μL de solution d’étalon interne K13C15N à 500 μg/L. S’en suit une déprotonisation à l’acétone puis centrifugation et récupération de 250 μL du surnageant. À l’abri de la lumière, 50 μL d’une solution de Taurine à 5 mm et 50 μL d’une solution de NDA à 1 mm sont ajoutés, agités puis 10 min à 4 °C [1]. La séparation chromatographique est réalisée avec un système SIL-40C X3 (Shimadzu), une colonne de purification Kinetex PFP 100 Å (50 mm × 2,1 mm, 5 μm) (Phenomenex) et une colonne analytique Kinetex XB-C18 100 Å (50 mm × 2,1 mm, 5 μm) (Phenomenex). La phase mobile A/C est composée d’un tampon acétate d’ammonium 10 mm avec 1 % d’acide acétique et la phase mobile B/D de méthanol 10 mm d’actéate d’ammonium et 1 % d’acide acétique. Le volume d’injection est de 5 μL et le temps d’analyse de 7 min avec un débit à 0,6 mL/min. La détection est réalisée avec un spectromètre de masse en tandem TQ6500+ (Sciex) à ionisation électro-spray en mode négatif comprenant le CN (299 > 191 et 299 > 81) et son standard interne le 13C15N (301 > 193). La répétabilité et la reproductibilité (CV < 15 %), la justesse (biais < 15 ou 20 % selon le niveau du CQI), la contamination inter-échantillons (< 0,1 %), la LLOQ à 30 μg/L et la ULOQ à 2000 μg/L (bias < 15 % et CV < 15 %) ont été validées selon les recommandations de l’EMA. Les CN étant instables, des aliquots de chaque matrices sont conservés à –20 °C dès la réception des échantillons.
Résultats
Les concentrations de CN retrouvées chez le patient sont de 3680 μg/L dans le sang périphérique et 32 468 μg/L dans le sang cardiaque. On observe une forte redistribution post-mortem avec un ratio sang cardiaque sur sang périphérique égal à 8,8. L’urine, la bile et le contenu gastrique ont également été quantifiés avec des concentrations respectives de 21 μg/L, 397 μg/L et 342 153 μg/L. Les concentrations sanguines retrouvées chez le patient sont mortelles et supérieures au seuil défini dans la littérature à 1000 μg/L [2]. De plus, la concentration élevée dans le contenu gastrique confirme la prise orale contemporaire du décès de poudre de cyanure de potasium.
Conclusion
Des intoxications pures aux CN peuvent encore se rencontrer de nos jour. Nous présentons un cas d’intoxication volontaire mortelle au CN de potassium avec des concentrations sanguines supérieures à 3000 μg/L et présentant une forte redistribution post-mortem. En outre, l’intégralité des matrices biologiques provenant de l’autopsie (sang périphérique, sang cardiaque, urine, bile et contenu gastrique) ont pu être dosées.