D. Giacchero , Z. Apalla , T. Passeron , J. Hirner , J. Rousset , E. Gérard , C. Lebbé , O. Gaide , K. Grafanaki , V. Nikolaou , D. Koumaki , P. Sollena , C. Carrera , Y. Elshot , A. Freites , A. Jimenez , L. Kraehenbuehl , J. Riganti , M. Starace , V. Sibaud
{"title":"Efficacité et sécurité du dupilumab dans la gestion des dermatoses prurigineuses développées sous inhibiteurs de checkpoint immunitaires","authors":"D. Giacchero , Z. Apalla , T. Passeron , J. Hirner , J. Rousset , E. Gérard , C. Lebbé , O. Gaide , K. Grafanaki , V. Nikolaou , D. Koumaki , P. Sollena , C. Carrera , Y. Elshot , A. Freites , A. Jimenez , L. Kraehenbuehl , J. Riganti , M. Starace , V. Sibaud","doi":"10.1016/j.fander.2024.09.467","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Le prurit concerne plus d’un tiers des patients traités par inhibiteurs de checkpoint immunitaires (ICI) en contexte oncologique, qui peut être à la fois source d’arrêt du traitement ou d’altération importante de la qualité de vie. Il peut être isolé ou s’intégrer dans des dermatoses prurigineuses plus spécifiques. Il impose parfois la mise en place d’une corticothérapie systémique, dont l’impact sur l’efficacité des ICI est débattu. Nous rapportons ici l’intérêt d’un inhibiteur anti IL4 et anti IL13 (dupilumab) dans ce contexte.</div></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><div>Pendant la période allant de février 2016 à juillet 2023, nous avons collecté rétrospectivement dans 17 centres européens, 47 cas de patients traités par ICI pour un cancer et atteints d’une dermatose prurigineuse sévère traitée par dupilumab.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>L’âge médian était de 74<!--> <!-->ans. Les patients étaient traités pour un cancer du poumon (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->16), un mélanome (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->12), un cancer urothélial (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->10) ou pour une autre forme de cancer (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->7). 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Une expérience similaire a été récemment rapportée sur une population de 39 patients américains, avec des résultats comparables (87 % de réponses).</div><div>En dehors de rares cas de lymphomes cutanés à l’imputabilité qui reste à établir, aucun autre signal oncologique n’a été individualisé dans les bases de pharmacovigilance du traitement par dupilumab. Dans notre étude, les taux de réponse du cancer aux ICI rejoignent les résultats classiquement décrits dans la littérature, ne montrant aucun effet délétère du traitement sur l’évolution du cancer sous-jacent.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Bien que son efficacité et sa sécurité doivent être confirmées sur de plus larges échantillons, il nous semble légitime d’envisager l’utilisation du dupilumab sur les formes sévères et réfractaires de prurit liées aux ICI.</div></div>","PeriodicalId":100088,"journal":{"name":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","volume":"4 8","pages":"Page A56"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-11-14","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S266706232400727X","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Le prurit concerne plus d’un tiers des patients traités par inhibiteurs de checkpoint immunitaires (ICI) en contexte oncologique, qui peut être à la fois source d’arrêt du traitement ou d’altération importante de la qualité de vie. Il peut être isolé ou s’intégrer dans des dermatoses prurigineuses plus spécifiques. Il impose parfois la mise en place d’une corticothérapie systémique, dont l’impact sur l’efficacité des ICI est débattu. Nous rapportons ici l’intérêt d’un inhibiteur anti IL4 et anti IL13 (dupilumab) dans ce contexte.
Matériel et méthodes
Pendant la période allant de février 2016 à juillet 2023, nous avons collecté rétrospectivement dans 17 centres européens, 47 cas de patients traités par ICI pour un cancer et atteints d’une dermatose prurigineuse sévère traitée par dupilumab.
Résultats
L’âge médian était de 74 ans. Les patients étaient traités pour un cancer du poumon (n = 16), un mélanome (n = 12), un cancer urothélial (n = 10) ou pour une autre forme de cancer (n = 7). Les patients étaient traités par pembrolizumab (n = 22), nivolumab (n = 11), nivolumab + ipilimumab (n = 6) ou par une autre immunothérapie (n = 8).
Une dermatose prurigineuse survenait après une médiane de 10 cures (1-72). Un diagnostic précis était posé dans 45 cas. Il s’agissait d’une pemphigoïde bulleuse (n = 21), d’un prurit sine materia/prurigo (n = 10), d’une dermatite atopique (n = 8), d’une dermatose lichénoïde (n = 3) ou autre (n = 2). Le prurit était de grade 3 dans la majorité des cas (77 % des cas).
Les patients avaient reçu en moyenne 3 lignes de traitement pour leur prurit. Plus de la moitié des malades (n = 24) avaient reçu une corticothérapie orale. Le dupilumab était associé à une réponse complète (grade 0) ou presque complète (grade 1) du prurit dans respectivement 18 et 21 cas soit une réponse jugée satisfaisante dans 83 % des cas. Le traitement était considéré comme un échec dans 10 % des cas. Un effet secondaire du dupilumab n’était noté que dans deux cas (érythème facial, n = 1 ; arthralgies, n = 1).
En moyenne après 34 mois de recul, le cancer sous-jacent était en réponse complète (n = 23 ; 50 %), en réponse partielle (n = 10 ; 22 %), en maladie stable (n = 1 ; 2 %) et en progression dans 7 cas (14 %).
Discussion
Dans notre étude, le dupilumab, qui cible l’IL4 et l’IL13, apparaissait bien toléré et efficace chez une large majorité de patients, permettant parfois la poursuite de l’immunothérapie. Une expérience similaire a été récemment rapportée sur une population de 39 patients américains, avec des résultats comparables (87 % de réponses).
En dehors de rares cas de lymphomes cutanés à l’imputabilité qui reste à établir, aucun autre signal oncologique n’a été individualisé dans les bases de pharmacovigilance du traitement par dupilumab. Dans notre étude, les taux de réponse du cancer aux ICI rejoignent les résultats classiquement décrits dans la littérature, ne montrant aucun effet délétère du traitement sur l’évolution du cancer sous-jacent.
Conclusion
Bien que son efficacité et sa sécurité doivent être confirmées sur de plus larges échantillons, il nous semble légitime d’envisager l’utilisation du dupilumab sur les formes sévères et réfractaires de prurit liées aux ICI.