{"title":"Surmenage infirmier : impacts sur les nouveau-nés, les familles et les soignant.es","authors":"Elsa Kermorvant","doi":"10.1016/j.perped.2024.07.017","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><p>Les nouveau-nés hospitalisés en néonatologie, en particulier dans les unités de soins critiques néonatals, ont des besoins en soins complexes, entraînant une sollicitation intensive des ressources humaines et organisationnelles. Ce travail exigeant est susceptible de provoquer un stress professionnel important pour les soignants, accentué par des pénuries de personnel globales dans le secteur de la santé. Une enquête récente de la Société française de néonatologie a révélé des données préoccupantes concernant la charge de travail dans les unités de réanimation/soins intensifs en France. La charge en soins a été mesurée à l’aide de la grille WANNNT chez 7931 nouveau-nés puis les effectifs soignants ont été analysés en fonction des besoins estimés selon la grille WANNNT, d’une part, et selon les décrets de 1998, d’autre part. Les résultats ont montré que, quel que soit le mode de calcul, la majorité des journées était sous-effectif, atteignant 70,5 % selon la charge en soins. En outre, les taux d’occupation étaient extrêmement élevés, dépassant 100 % pour près d’un cinquième des journées. Beaucoup d’études chez les adultes ont établi un lien entre le surmenage infirmier et de nombreux indicateurs de qualité des soins, et mis en évidence ses conséquences néfastes sur le bien-être au travail des soignants, engendrant insatisfaction au travail, absentéisme, intention de quitter son emploi, voire épuisement professionnel. En néonatologie, les données sont moins nombreuses mais montrent une corrélation entre la surcharge de travail et les soins manqués – incluant ceux impliquant les parents (comme leur participation aux soins, le soutien à l’allaitement, ou encore la préparation à la sortie), les événements indésirables associés aux soins (par exemple, les infections nosocomiales), ainsi que la mortalité. Cependant la charge de travail et le sous-effectif ne sont pas les seuls facteurs influençant la qualité de vie au travail et la qualité des soins : l’environnement de travail, la qualité du travail d’équipe, le niveau d’expérience des personnels, la qualité des relations avec les supérieurs hiérarchiques et l’équipe médicale, le support disponible au sein de l’unité sont autant d’éléments importants à prendre en compte dans les efforts visant à améliorer les conditions de travail pour garantir des soins optimaux aux nouveau-nés et leurs parents tout en préservant la santé et le bien-être des soignants.</p></div>","PeriodicalId":101006,"journal":{"name":"Perfectionnement en Pédiatrie","volume":"7 3","pages":"Page 219"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-09-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Perfectionnement en Pédiatrie","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2588932X24001499","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Les nouveau-nés hospitalisés en néonatologie, en particulier dans les unités de soins critiques néonatals, ont des besoins en soins complexes, entraînant une sollicitation intensive des ressources humaines et organisationnelles. Ce travail exigeant est susceptible de provoquer un stress professionnel important pour les soignants, accentué par des pénuries de personnel globales dans le secteur de la santé. Une enquête récente de la Société française de néonatologie a révélé des données préoccupantes concernant la charge de travail dans les unités de réanimation/soins intensifs en France. La charge en soins a été mesurée à l’aide de la grille WANNNT chez 7931 nouveau-nés puis les effectifs soignants ont été analysés en fonction des besoins estimés selon la grille WANNNT, d’une part, et selon les décrets de 1998, d’autre part. Les résultats ont montré que, quel que soit le mode de calcul, la majorité des journées était sous-effectif, atteignant 70,5 % selon la charge en soins. En outre, les taux d’occupation étaient extrêmement élevés, dépassant 100 % pour près d’un cinquième des journées. Beaucoup d’études chez les adultes ont établi un lien entre le surmenage infirmier et de nombreux indicateurs de qualité des soins, et mis en évidence ses conséquences néfastes sur le bien-être au travail des soignants, engendrant insatisfaction au travail, absentéisme, intention de quitter son emploi, voire épuisement professionnel. En néonatologie, les données sont moins nombreuses mais montrent une corrélation entre la surcharge de travail et les soins manqués – incluant ceux impliquant les parents (comme leur participation aux soins, le soutien à l’allaitement, ou encore la préparation à la sortie), les événements indésirables associés aux soins (par exemple, les infections nosocomiales), ainsi que la mortalité. Cependant la charge de travail et le sous-effectif ne sont pas les seuls facteurs influençant la qualité de vie au travail et la qualité des soins : l’environnement de travail, la qualité du travail d’équipe, le niveau d’expérience des personnels, la qualité des relations avec les supérieurs hiérarchiques et l’équipe médicale, le support disponible au sein de l’unité sont autant d’éléments importants à prendre en compte dans les efforts visant à améliorer les conditions de travail pour garantir des soins optimaux aux nouveau-nés et leurs parents tout en préservant la santé et le bien-être des soignants.