{"title":"Prédire l’accouchement dans les jours qui suivent une menace d’accouchement prématuré : nouvelles données et projet PREDIMAP","authors":"François Goffinet , Céline Méhats , Veronica Negro , Jeanne Sibiude","doi":"10.1016/j.perped.2024.07.021","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><p>L’accouchement prématuré (AP) revêt une grande variété de causes. Dans la majorité des cas, l’AP est dit « spontané » et est précédé par l’entrée en travail de la femme, situation appelée menace d’accouchement prématuré (MAP) et définie par des contractions utérines et des modifications du col entre 22 et 36 semaines de gestation. En France, entre 100 000 et 150 000 femmes par an se présentent aux urgences des maternités pour des symptômes évoquant une MAP dont environ 45 000 sont hospitalisées pour ce motif. Outre l’interrogatoire et l’examen clinique, les équipes obstétricales utilisent la mesure de la longueur cervicale par échographie afin de décider d’une hospitalisation. Cette hospitalisation permet l’administration d’interventions prénatales efficaces (transfert de la femme, corticothérapie, sulfate de magnésium) qui préviennent certaines conséquences de la naissance prématurée chez l’enfant. Ainsi, l’hospitalisation et les traitements administrés ne bénéficient qu’aux femmes qui accouchent finalement prématurément. Or, actuellement, environ la moitié des femmes admises pour MAP n’accouchent pas prématurément et la grande majorité accouche plusieurs semaines après leur hospitalisation. Ces hospitalisations et interventions inutiles ont des conséquences multiples : effets psychosociaux néfastes sur les femmes et leur famille, transfert inutile vers une autre maternité, administration inutile de médicaments. Il est donc indispensable de développer des outils pour mieux prédire le risque d’AP dans une population de femmes avec des signes évocateurs de MAP. Notre compréhension des mécanismes impliqués dans le travail obstétrical est encore fragmentaire. Selon une hypothèse développée il y a une trentaine d’années, le travail prématuré pourrait être associé à une inflammation ou à une infection latente. L’équipe « From Gametes to Birth » (Inserm U1016-UP) a récemment identifié des biomarqueurs spécifiques impliqués dans le mécanisme de déclenchement du travail chez des femmes hospitalisées pour MAP. Huit protéines sont particulièrement associées à l’entrée en travail et ont fait l’objet d’un brevet publié en 2022. Ces candidats, dosés dans les sécrétions vaginales, montraient une meilleure courbe ROC que la fibronectine fœtale et la mesure de la longueur cervicale par échographie pour prédire le risque d’AP dans les 7<!--> <!-->jours suivant le diagnostic de MAP. Dans le projet PREDIMAP, financé par l’appel d’offre RHU5, nous proposons une nouvelle approche étiologique basée sur les mécanismes biologiques du travail prématuré en utilisant ces nouveaux biomarqueurs. Notre hypothèse est que leur utilisation avec les autres éléments habituellement utilisés (longueur cervicale échographique et données cliniques) pourrait améliorer la prédiction de l’AP. Ces biomarqueurs ne peuvent pas encore être dosés rapidement et simplement, au lit du patient, par les instruments de diagnostic actuellement disponibles. Il est donc nécessaire de développer dans un premier temps un automate de PCR et un kit qui mesurera ces nouveaux biomarqueurs par immuno-PCR (iPCR) multiplex rapide sur un prélèvement vaginal réalisé aux urgences. Dans un projet précédent, nous avons collaboré avec un industriel, BForCure. Les solutions développées par BforCure pourraient permettre une détection rapide des 8 biomarqueurs brevetés par immuno-PCR. À l’aide de 3 cohortes successives de femmes présentant des symptômes évoquant une MAP nous souhaitons développer puis valider la performance clinique de ce nouveau test. Ce dispositif médical de diagnostic in vitro intégrera un algorithme qui prendra en compte la mesure des biomarqueurs d’intérêt, combinée avec des données cliniques et échographiques (longueur du col utérin) et l’automate pour rendre un risque d’accouchement prématuré dans un délai de 7<!--> <!-->jours.</p></div>","PeriodicalId":101006,"journal":{"name":"Perfectionnement en Pédiatrie","volume":"7 3","pages":"Page 221"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-09-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Perfectionnement en Pédiatrie","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2588932X24001530","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
L’accouchement prématuré (AP) revêt une grande variété de causes. Dans la majorité des cas, l’AP est dit « spontané » et est précédé par l’entrée en travail de la femme, situation appelée menace d’accouchement prématuré (MAP) et définie par des contractions utérines et des modifications du col entre 22 et 36 semaines de gestation. En France, entre 100 000 et 150 000 femmes par an se présentent aux urgences des maternités pour des symptômes évoquant une MAP dont environ 45 000 sont hospitalisées pour ce motif. Outre l’interrogatoire et l’examen clinique, les équipes obstétricales utilisent la mesure de la longueur cervicale par échographie afin de décider d’une hospitalisation. Cette hospitalisation permet l’administration d’interventions prénatales efficaces (transfert de la femme, corticothérapie, sulfate de magnésium) qui préviennent certaines conséquences de la naissance prématurée chez l’enfant. Ainsi, l’hospitalisation et les traitements administrés ne bénéficient qu’aux femmes qui accouchent finalement prématurément. Or, actuellement, environ la moitié des femmes admises pour MAP n’accouchent pas prématurément et la grande majorité accouche plusieurs semaines après leur hospitalisation. Ces hospitalisations et interventions inutiles ont des conséquences multiples : effets psychosociaux néfastes sur les femmes et leur famille, transfert inutile vers une autre maternité, administration inutile de médicaments. Il est donc indispensable de développer des outils pour mieux prédire le risque d’AP dans une population de femmes avec des signes évocateurs de MAP. Notre compréhension des mécanismes impliqués dans le travail obstétrical est encore fragmentaire. Selon une hypothèse développée il y a une trentaine d’années, le travail prématuré pourrait être associé à une inflammation ou à une infection latente. L’équipe « From Gametes to Birth » (Inserm U1016-UP) a récemment identifié des biomarqueurs spécifiques impliqués dans le mécanisme de déclenchement du travail chez des femmes hospitalisées pour MAP. Huit protéines sont particulièrement associées à l’entrée en travail et ont fait l’objet d’un brevet publié en 2022. Ces candidats, dosés dans les sécrétions vaginales, montraient une meilleure courbe ROC que la fibronectine fœtale et la mesure de la longueur cervicale par échographie pour prédire le risque d’AP dans les 7 jours suivant le diagnostic de MAP. Dans le projet PREDIMAP, financé par l’appel d’offre RHU5, nous proposons une nouvelle approche étiologique basée sur les mécanismes biologiques du travail prématuré en utilisant ces nouveaux biomarqueurs. Notre hypothèse est que leur utilisation avec les autres éléments habituellement utilisés (longueur cervicale échographique et données cliniques) pourrait améliorer la prédiction de l’AP. Ces biomarqueurs ne peuvent pas encore être dosés rapidement et simplement, au lit du patient, par les instruments de diagnostic actuellement disponibles. Il est donc nécessaire de développer dans un premier temps un automate de PCR et un kit qui mesurera ces nouveaux biomarqueurs par immuno-PCR (iPCR) multiplex rapide sur un prélèvement vaginal réalisé aux urgences. Dans un projet précédent, nous avons collaboré avec un industriel, BForCure. Les solutions développées par BforCure pourraient permettre une détection rapide des 8 biomarqueurs brevetés par immuno-PCR. À l’aide de 3 cohortes successives de femmes présentant des symptômes évoquant une MAP nous souhaitons développer puis valider la performance clinique de ce nouveau test. Ce dispositif médical de diagnostic in vitro intégrera un algorithme qui prendra en compte la mesure des biomarqueurs d’intérêt, combinée avec des données cliniques et échographiques (longueur du col utérin) et l’automate pour rendre un risque d’accouchement prématuré dans un délai de 7 jours.