M. Kammerer , G. Mendes-Nascimento , H. Pouliquen , N. Bedouet , M.-A. Moriceau
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Abstract
Objectif
Illustration de la toxicité des dérivés de la vitamine D à partir d’un cas d’intoxication médicamenteuse chez un chien.
Méthode
Présentation d’un cas clinique ayant fait l’objet d’un appel au CAPAE-Ouest.
Résultats
Un jeune chien Boxer mâle âgé de 8 mois et pesant 25 kg ingère la moitié d’un tube de pommade DAIVONEX ND, ce qui représente une DSI de 3 mg de calcipotriol (120 ug/kg). Le lendemain, soit environ 18 h après l’ingestion, il présente des vomissements et de l’inappétence, et ses propriétaires décident de consulter quelques heures plus tard. À l’examen, le vétérinaire relève de l’abattement et des myoclonies. Un prélèvement de sang est réalisé pour analyse biochimique. L’ensemble des paramètres est dans les normes, exceptée la calcémie qui est indosable (> 160 mg/L). L’animal est hospitalisé et mis sous perfusion de Ringer lactate, avec furosémide, prednisolone, et calcitonine (4–6 UI/kg SC toutes les 6 h jusqu’à normalisation de la calcémie). Dans les jours qui suivent son état s’améliore progressivement et il reprend un peu d’appétit. 5 jours après la consultation, la calcémie est redevenue dans les normes (100 mg/L) et l’animal est rendu à ses propriétaires avec une ordonnance de prednisolone. Mais 48 h plus tard il revient en consultation car il présente une nécrose de la langue (photo), qui motive la mise en route d’un traitement antibiotique (amoxicilline/acide clavulanique). La calcémie est à nouveau contrôlée 12 j après l’ingestion, pour un résultat toujours à 100 mg/L. Un nouveau contrôle 10 jours plus tard confirme cette valeur. Les lésions linguales cicatrisent et l’animal se rétablira complètement dans les jours qui suivent.
Discussion
Le calcipotriol est un dérivé synthétique du calcitriol, utilisé sous forme locale pour le traitement du psoriasis. L’ingestion conduit à une hypercalcémie caractéristique de l’hypervitaminose D, l’origine d’un tableau clinique varié : signes digestifs, neuromusculaires, cardiorespiratoires et rénaux [1], [2]. Le chien est une espèce particulièrement sensible à la toxicité de la vitamine D, et le tableau peut être très sévères lorsqu’il s’agit d’un jeune animal encore en croissance comme dans le cas présenté ici. Des foyers de calcinose peuvent se former dans des organes vitaux (cœur, poumon, rein…), et sont souvent présents dans la muqueuse digestive. Ils ont été signalés dans la langue chez le chien. Chez les animaux de compagnie, l’intoxication peut être d’origine médicamenteuse mais elle est également liée à l’ingestion accidentelle de rodenticides à base de cholecalciférol. Le CAPAE-Ouest a enregistré une trentaine de cas d’intoxication par la vitamine D ou ses dérivés, et plusieurs ont connu une évolution fatale. Les mesures thérapeutiques sont en effet limitées et les vétérinaires ont difficilement accès aux bi-phosphonates qui sont des médicaments d’usage hospitalier.
Conclusion
Ce cas illustre le danger de certains médicaments humains pour le chien, car son comportement curieux, gourmand, joueur, l’entraîne souvent à ingérer ceux qui sont laissés à sa portée. De tels accidents pourraient de la même façon concerner les jeunes enfants. Les pommades renferment parfois des excipients qui les rendent appétentes, pourtant elles peuvent donner l’impression d’être moins dangereuses que des médicaments oraux ou injectables, ce qui conduit les patients à être moins vigilants.