N. Djebrani-Oussedik , C. Marois , J. Devianne , S. Demeret , J. Langrand , L. Labat , J. Poupon
{"title":"Intoxication aiguë par le mercure : intérêt des dosages capillaires","authors":"N. Djebrani-Oussedik , C. Marois , J. Devianne , S. Demeret , J. Langrand , L. Labat , J. Poupon","doi":"10.1016/j.toxac.2024.08.049","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><p>Mise en évidence de l’intérêt des dosages de toxiques métalliques dans les matrices biologiques et en particulier de l’analyse capillaire dans certains contextes cliniques évocateurs.</p></div><div><h3>Historique du cas</h3><p>Intoxication grave par le méthylmercure chez une femme de 46<!--> <!-->ans avec un diagnostic initial de méningoencéphalite herpétique (HSV2) sans réponse au traitement antiviral à dose méningée suffisante. L’aggravation clinique avec apparition de crises comitiales réfractaires aux traitements antiépileptiques, d’une dysarthrie, d’un ralentissement psychomoteur avec diminution progressive de la vigilance jusqu’à rupture totale de la communication fait suspecter une cause toxique. Un bilan d’exploration large est mené avec, notamment, une piste toxique qui sera objectivée par des dosages de mercure dans différents milieux biologiques. L’intoxication par le mercure organique ainsi étayée permettra, l’instauration à la patiente d’un traitement chélateur par DMSA.</p></div><div><h3>Méthodes</h3><p>Les dosages de mercure ont été réalisés par spectrométrie de masse à plasma induit par couplage inductif (ICP-MS). Les déterminations ont été faites, près de 3 mois après le début des symptômes, sur différentes matrices biologiques : sérum, sang total, urines et cheveux. Pour les cheveux, une analyse séquentielle centimétrique a été réalisée sur une mèche de 26 centimètres.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Les concentrations de mercure mesurées étaient très élevées : respectivement 205<!--> <!-->μg/L, 845<!--> <!-->μg/L et 59<!--> <!-->μg/g de créatinine urinaire dans le sérum, le sang total et les urines. L’analyse capillaire séquentielle a permis de mesurer des concentrations très élevées de mercure dans les cheveux de la patiente, avec des valeurs maximales qui s’élèvent à 1191<!--> <!-->μg/g de cheveux, soit près de 600 fois les valeurs de référence (2<!--> <!-->μg/g). La longueur de la mèche a permis une analyse rétrospective intéressante, par sections de 1<!--> <!-->cm (correspondant à 1 mois de pousse), avec une concentration maximale sur le 3<sup>e</sup> et le 4<sup>e</sup> segment à partir de la racine, soit 3 à 4 mois avant le prélèvement. L’augmentation significative des concentrations débutait à partir du 6<sup>e</sup> ou 7<sup>e</sup> segment soit un début d’exposition significative 6 à 7 mois avant le prélèvement. Au-delà du 10<sup>e</sup> segment les concentrations étaient subnormales, excluant toute exposition 10 mois avant le prélèvement.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>Les dosages de mercure dans les différentes matrices biologiques ont mis en évidence une intoxication par le mercure chez cette patiente. La distribution du mercure entre le sérum et le sang total a montré une part importante de mercure intra-érythrocytaire qui a permis d’étayer la piste du méthylmercure. L’analyse séquentielle des cheveux essentielle dans ce cas, a permis une interprétation rétrospective de cette intoxication avec une estimation de la date de l’exposition unique ou très rapprochée et située 6 à 7 mois avant les prélèvements. La mise sous traitement chélateur de la patiente n’aura malheureusement pas évité une issue fatale.</p></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 3","pages":"Page S99"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2024-09-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Toxicologie Analytique et Clinique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352007824002105","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"TOXICOLOGY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Objectif
Mise en évidence de l’intérêt des dosages de toxiques métalliques dans les matrices biologiques et en particulier de l’analyse capillaire dans certains contextes cliniques évocateurs.
Historique du cas
Intoxication grave par le méthylmercure chez une femme de 46 ans avec un diagnostic initial de méningoencéphalite herpétique (HSV2) sans réponse au traitement antiviral à dose méningée suffisante. L’aggravation clinique avec apparition de crises comitiales réfractaires aux traitements antiépileptiques, d’une dysarthrie, d’un ralentissement psychomoteur avec diminution progressive de la vigilance jusqu’à rupture totale de la communication fait suspecter une cause toxique. Un bilan d’exploration large est mené avec, notamment, une piste toxique qui sera objectivée par des dosages de mercure dans différents milieux biologiques. L’intoxication par le mercure organique ainsi étayée permettra, l’instauration à la patiente d’un traitement chélateur par DMSA.
Méthodes
Les dosages de mercure ont été réalisés par spectrométrie de masse à plasma induit par couplage inductif (ICP-MS). Les déterminations ont été faites, près de 3 mois après le début des symptômes, sur différentes matrices biologiques : sérum, sang total, urines et cheveux. Pour les cheveux, une analyse séquentielle centimétrique a été réalisée sur une mèche de 26 centimètres.
Résultats
Les concentrations de mercure mesurées étaient très élevées : respectivement 205 μg/L, 845 μg/L et 59 μg/g de créatinine urinaire dans le sérum, le sang total et les urines. L’analyse capillaire séquentielle a permis de mesurer des concentrations très élevées de mercure dans les cheveux de la patiente, avec des valeurs maximales qui s’élèvent à 1191 μg/g de cheveux, soit près de 600 fois les valeurs de référence (2 μg/g). La longueur de la mèche a permis une analyse rétrospective intéressante, par sections de 1 cm (correspondant à 1 mois de pousse), avec une concentration maximale sur le 3e et le 4e segment à partir de la racine, soit 3 à 4 mois avant le prélèvement. L’augmentation significative des concentrations débutait à partir du 6e ou 7e segment soit un début d’exposition significative 6 à 7 mois avant le prélèvement. Au-delà du 10e segment les concentrations étaient subnormales, excluant toute exposition 10 mois avant le prélèvement.
Conclusion
Les dosages de mercure dans les différentes matrices biologiques ont mis en évidence une intoxication par le mercure chez cette patiente. La distribution du mercure entre le sérum et le sang total a montré une part importante de mercure intra-érythrocytaire qui a permis d’étayer la piste du méthylmercure. L’analyse séquentielle des cheveux essentielle dans ce cas, a permis une interprétation rétrospective de cette intoxication avec une estimation de la date de l’exposition unique ou très rapprochée et située 6 à 7 mois avant les prélèvements. La mise sous traitement chélateur de la patiente n’aura malheureusement pas évité une issue fatale.