Méthémoglobinémie majeure chez un nourrisson : une possible intoxication d’origine alimentaire

IF 1.8 Q4 TOXICOLOGY
{"title":"Méthémoglobinémie majeure chez un nourrisson : une possible intoxication d’origine alimentaire","authors":"","doi":"10.1016/j.toxac.2024.08.010","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><p>Les nitrites et nitrates constituent une cause environnementale connue de méthémoglobinémie (MetHb) acquise, particulièrement chez les nourrissons <span><span>[1]</span></span>. Nous rapportons un cas rare de MetHb élevée chez un nourrisson pour lequel l’avis du Centre AntiPoison (CAP) a été sollicité afin d’en déterminer l’étiologie.</p></div><div><h3>Historique du cas</h3><p>Une enfant de 5 mois a été conduite aux urgences devant l’apparition brutale d’une cyanose avec détresse respiratoire (désaturation à 80 %) environ une heure après avoir ingéré son repas. À son arrivée, l’anamnèse établit que l’enfant n’a aucun antécédent, ni allergie. Elle n’est pas allaitée et ne prend aucun médicament. Cliniquement, elle est tachycarde à 200 bpm, désature toujours à 80 % malgré l’oxygénothérapie au masque à haute concentration (15L/min), elle est pâle avec des marbrures généralisées, et hypotonique. La bandelette urinaire (BU) est positive aux nitrites et les urines sont rouges. L’examen cytobactériologique des urines retrouve une hématurie et une leucocyturie ; la culture s’avère négative. La BU indique par ailleurs la présence d’amphétamines, ce qui sera invalidé ensuite par analyse par spectrométrie de masse. La numération formule sanguine et la CRP sont normales et ne sont donc pas en faveur d’un syndrome infectieux ; les hémocultures sont par ailleurs négatives. La radiographie du thorax est normale. La gazométrie retrouve un pH artériel à 7,41, la pO<sub>2</sub> à 62,3<!--> <!-->mmHg, la pCO<sub>2</sub> à 27,9<!--> <!-->mmHg, les HCO<sub>3-</sub> à 17,8 mmol/L et une MetHb à 43,7 %. Un traitement par bleu de méthylène est initié à la posologie de 1<!--> <!-->mg/kg en IV lente. Deux heures plus tard, le contrôle retrouve un taux de MetHb à 4,7 % puis 0,9 % le lendemain. À ce stade, l’avis du CAP est pris afin d’orienter la prise en charge et déterminer l’étiologie. Un interrogatoire approfondi est alors nécessaire et permet d’exclure toute exposition exogène à l’exception du repas : une purée de betteraves et pommes de terre préparée trois jours auparavant et conservée au réfrigérateur.</p></div><div><h3>Discussion</h3><p>Un nourrisson a présenté une MetHb majeure (43,7 %) une heure après avoir mangé une purée de légumes faite maison. L’absence d’échantillon disponible n’a pas permis d’analyser de dosage de nitrites, cependant l’ensemble des investigations réalisées permet d’orienter vers une origine alimentaire de cette MetHb, avec une chronologie cohérente d’apparition des symptômes, ainsi que l’exclusion de l’exposition à d’autres substances exogènes. Il faut aussi prendre en compte la physiologie particulière chez le nourrisson, qui a un développement incomplet du système de méthémoglobine réductase et une quantité supérieure en hémoglobine fœtale plus sensible à l’oxydation. Par ailleurs, les betteraves sont connues pour contenir une grande quantité de nitrates <span><span>[2]</span></span> et la conservation au réfrigérateur pendant plus de 24<!--> <!-->h peut favoriser la prolifération bactérienne et la réduction des nitrates en nitrites <span><span>[3]</span></span>. Enfin, un cas très similaire a été retrouvé dans la littérature dont l’ensemble des résultats sont superposables à l’exception du taux de MetHb inférieur à notre observation (22 %) <span><span>[3]</span></span>.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>Toute MetHb inexpliquée exige un interrogatoire poussé et complet. En effet, des taux de MetHb menaçant le pronostic vital peuvent être induits par des préparations alimentaires « maison » et une attention particulière doit être portée sur leurs modes de conservation.</p></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2024-09-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Toxicologie Analytique et Clinique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352007824001719","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"TOXICOLOGY","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0

Abstract

Objectif

Les nitrites et nitrates constituent une cause environnementale connue de méthémoglobinémie (MetHb) acquise, particulièrement chez les nourrissons [1]. Nous rapportons un cas rare de MetHb élevée chez un nourrisson pour lequel l’avis du Centre AntiPoison (CAP) a été sollicité afin d’en déterminer l’étiologie.

Historique du cas

Une enfant de 5 mois a été conduite aux urgences devant l’apparition brutale d’une cyanose avec détresse respiratoire (désaturation à 80 %) environ une heure après avoir ingéré son repas. À son arrivée, l’anamnèse établit que l’enfant n’a aucun antécédent, ni allergie. Elle n’est pas allaitée et ne prend aucun médicament. Cliniquement, elle est tachycarde à 200 bpm, désature toujours à 80 % malgré l’oxygénothérapie au masque à haute concentration (15L/min), elle est pâle avec des marbrures généralisées, et hypotonique. La bandelette urinaire (BU) est positive aux nitrites et les urines sont rouges. L’examen cytobactériologique des urines retrouve une hématurie et une leucocyturie ; la culture s’avère négative. La BU indique par ailleurs la présence d’amphétamines, ce qui sera invalidé ensuite par analyse par spectrométrie de masse. La numération formule sanguine et la CRP sont normales et ne sont donc pas en faveur d’un syndrome infectieux ; les hémocultures sont par ailleurs négatives. La radiographie du thorax est normale. La gazométrie retrouve un pH artériel à 7,41, la pO2 à 62,3 mmHg, la pCO2 à 27,9 mmHg, les HCO3- à 17,8 mmol/L et une MetHb à 43,7 %. Un traitement par bleu de méthylène est initié à la posologie de 1 mg/kg en IV lente. Deux heures plus tard, le contrôle retrouve un taux de MetHb à 4,7 % puis 0,9 % le lendemain. À ce stade, l’avis du CAP est pris afin d’orienter la prise en charge et déterminer l’étiologie. Un interrogatoire approfondi est alors nécessaire et permet d’exclure toute exposition exogène à l’exception du repas : une purée de betteraves et pommes de terre préparée trois jours auparavant et conservée au réfrigérateur.

Discussion

Un nourrisson a présenté une MetHb majeure (43,7 %) une heure après avoir mangé une purée de légumes faite maison. L’absence d’échantillon disponible n’a pas permis d’analyser de dosage de nitrites, cependant l’ensemble des investigations réalisées permet d’orienter vers une origine alimentaire de cette MetHb, avec une chronologie cohérente d’apparition des symptômes, ainsi que l’exclusion de l’exposition à d’autres substances exogènes. Il faut aussi prendre en compte la physiologie particulière chez le nourrisson, qui a un développement incomplet du système de méthémoglobine réductase et une quantité supérieure en hémoglobine fœtale plus sensible à l’oxydation. Par ailleurs, les betteraves sont connues pour contenir une grande quantité de nitrates [2] et la conservation au réfrigérateur pendant plus de 24 h peut favoriser la prolifération bactérienne et la réduction des nitrates en nitrites [3]. Enfin, un cas très similaire a été retrouvé dans la littérature dont l’ensemble des résultats sont superposables à l’exception du taux de MetHb inférieur à notre observation (22 %) [3].

Conclusion

Toute MetHb inexpliquée exige un interrogatoire poussé et complet. En effet, des taux de MetHb menaçant le pronostic vital peuvent être induits par des préparations alimentaires « maison » et une attention particulière doit être portée sur leurs modes de conservation.

婴儿严重高铁血红蛋白血症:可能是食物中毒
目的亚硝酸盐和硝酸盐是导致获得性高铁血红蛋白血症(MetHb)的已知环境因素,尤其是在婴儿中[1]。我们报告了一例罕见的婴儿高铁血红蛋白(MetHb)升高病例,为确定病因,该病例咨询了毒物控制中心(PCC)。病史一名 5 个月大的婴儿在进餐后约一小时突然出现发绀和呼吸困难(不饱和 80%),被送至急诊。到达医院时,病史显示患儿没有任何过敏史。她没有母乳喂养,也没有服用任何药物。临床表现为心动过速,每分钟 200 次,尽管接受了高浓度面罩供氧治疗(15 升/分钟),但仍有 80% 的血氧饱和度下降,面色苍白,全身斑驳,张力低下。尿液检查(UD)显示亚硝酸盐呈阳性,尿液呈红色。尿液的细胞细菌学检查显示有血尿和白细胞尿;培养呈阴性。BU 还显示存在安非他明,但后来经质谱分析证实无效。血细胞计数和 CRP 正常,因此没有感染综合征的迹象;血液培养呈阴性。胸部 X 光检查正常。血气水平为 7.41,pO2 62.3 mmHg,pCO2 27.9 mmHg,HCO3 17.8 mmol/L,MetHb 43.7%。开始使用亚甲蓝治疗,剂量为 1 毫克/千克,缓慢静脉注射。两小时后,发现 MetHb 水平为 4.7%,第二天为 0.9%。在此阶段,医生咨询了 CAP,以指导治疗并确定病因。讨论一名婴儿在进食自制蔬菜泥一小时后出现严重的甲胎蛋白(43.7%)。然而,所有的调查都表明,这种甲胎蛋白是由饮食引起的,而且发病时间一致,也排除了接触其他外源性物质的可能。我们还需要考虑到婴儿的特殊生理特点,他们的高铁血红蛋白还原酶系统发育不完全,胎儿血红蛋白数量较多,对氧化更敏感。此外,甜菜根含有大量硝酸盐[2],在冰箱中存放超过 24 小时会促进细菌繁殖,使硝酸盐还原成亚硝酸盐[3]。最后,文献中也报道了一个非常相似的病例,除了甲胎蛋白水平比我们的观察结果(22%)低外,其他结果都相似[3]。事实上,"自制 "食品可能会诱发危及生命的麦特血红蛋白水平,因此必须特别注意其储存方法。
本文章由计算机程序翻译,如有差异,请以英文原文为准。
求助全文
约1分钟内获得全文 求助全文
来源期刊
CiteScore
0.90
自引率
33.30%
发文量
393
审稿时长
47 days
×
引用
GB/T 7714-2015
复制
MLA
复制
APA
复制
导出至
BibTeX EndNote RefMan NoteFirst NoteExpress
×
提示
您的信息不完整,为了账户安全,请先补充。
现在去补充
×
提示
您因"违规操作"
具体请查看互助需知
我知道了
×
提示
确定
请完成安全验证×
copy
已复制链接
快去分享给好友吧!
我知道了
右上角分享
点击右上角分享
0
联系我们:info@booksci.cn Book学术提供免费学术资源搜索服务,方便国内外学者检索中英文文献。致力于提供最便捷和优质的服务体验。 Copyright © 2023 布克学术 All rights reserved.
京ICP备2023020795号-1
ghs 京公网安备 11010802042870号
Book学术文献互助
Book学术文献互助群
群 号:481959085
Book学术官方微信