C. Chevallier , M. Evrard , A.M. Pouget , French PCC Research group , L. Dufayet
{"title":"Intoxications par le protoxyde d’azote non médical chez les mineurs : analyses des données des Centres AntiPoison français entre 2019 et 2023","authors":"C. Chevallier , M. Evrard , A.M. Pouget , French PCC Research group , L. Dufayet","doi":"10.1016/j.toxac.2024.08.005","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Contexte</h3><p>L’usage détourné du protoxyde d’azote (N<sub>2</sub>O) non médical à visée récréative a pris de l’ampleur en France depuis 2018 notamment chez des usagers jeunes <span><span>[1]</span></span>. La loi du 1<sup>er</sup> juin 2021 a été adoptée pour lutter contre cet usage détourné : la vente de N<sub>2</sub>O est depuis interdite aux mineurs <span><span>[2]</span></span>.</p></div><div><h3>Objectif</h3><p>Étudier l’impact de cette loi sur la prévalence des intoxications au N<sub>2</sub>O chez les mineurs au travers des données des Centres AntiPoison (CAP-TV) français et réaliser une analyse descriptive des complications observées chez les mineurs.</p></div><div><h3>Méthodologie</h3><p>Étude rétrospective des cas d’intoxication par le N<sub>2</sub>O en France à partir du système d’information des CAP-TV (SICAP) dans un contexte d’usage détourné à visée récréative chez les mineurs et les majeurs sur deux périodes distinctes autour de la promulgation de la loi : (1) 01/01/2019–31/05/2021 et (2) 01/06/2021–31/10/2023. Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel GraphPad Prism 10, des corrélations de Spearman, des tests de Fischer de Mann Whitney ont été utilisés en fonction de l’échantillon et des variables étudiées. Le <em>Poison Severity Score</em> (PSS) a été utilisé pour évaluer la gravité des cas <span><span>[3]</span></span>.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Au total, 990 cas d’expositions volontaires au N<sub>2</sub>O ont été recensés sur la période d’étude. L’âge médian était de 21,0<!--> <!-->ans [2,18][18,7 ;24,2], le sex-ratio de 1,3 et 17,2 % des cas concernaient des mineurs (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->185). Le PSS était à 0 dans 2 % des cas, à 1 dans 49 % des cas, à 2 dans 40 % et à 3 dans 9 % des cas, aucun décès n’était rapporté, la médiane était à 1, la moyenne à 1,5. Avant la loi, on notait une augmentation du nombre de cas au cours du temps chez les majeurs et chez les mineurs (Rho de Spearman à 0,87 (<em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,0001) et 0,60 (<em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,001) respectivement), augmentation qui n’était pas retrouvée après la loi (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,50 et <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,76). Si la proportion de mineurs était moins importante après la loi (19,6 versus 15,9 %), cette différence n’était pas statistiquement significative (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,17). Chez les mineurs, nous n’observions pas de différence entre les deux périodes pour l’âge médian (16,3 versus 16,1, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,32) ou le PSS (1 versus 1, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,07). La proportion de filles était significativement plus élevée après la loi (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,01). Cette différence liée au sexe n’était pas observée chez les majeurs (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,59). On ne notait pas de différence de gravité des cas en fonction du sexe. Cette gravité est moyenne ou forte dans 49 % des cas et des troubles neurologiques sont décrits chez 91 mineurs, notamment des paresthésies (63 mentions), un déficit moteur (32 mentions), une myélopathie (11 mentions) et des convulsions (3 mentions).</p></div><div><h3>Discussion</h3><p>Malgré une augmentation du nombre de cas rapportés aux CAP-TV, la loi de 2021 pourrait avoir eu un impact positif sur l’usage détourné du N<sub>2</sub>O par les mineurs avec une inflexion de l’augmentation après la loi. Cet effet pourrait également être lié à une meilleure connaissance de la toxicité de la molécule par les primo-intervenants, limitant le nombre d’appels et induisant ainsi un biais possible dans l’étude. Une analyse parallèle des consultations de neurologie pourrait confirmer la tendance. Comme cela avait déjà été montré par l’étude des cas sur l’année 2022, les jeunes filles semblent plus concernées par ce mésusage que les garçons <span><span>[1]</span></span>.</p></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 3","pages":"Page S72"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2024-09-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Toxicologie Analytique et Clinique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352007824001665","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"TOXICOLOGY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Contexte
L’usage détourné du protoxyde d’azote (N2O) non médical à visée récréative a pris de l’ampleur en France depuis 2018 notamment chez des usagers jeunes [1]. La loi du 1er juin 2021 a été adoptée pour lutter contre cet usage détourné : la vente de N2O est depuis interdite aux mineurs [2].
Objectif
Étudier l’impact de cette loi sur la prévalence des intoxications au N2O chez les mineurs au travers des données des Centres AntiPoison (CAP-TV) français et réaliser une analyse descriptive des complications observées chez les mineurs.
Méthodologie
Étude rétrospective des cas d’intoxication par le N2O en France à partir du système d’information des CAP-TV (SICAP) dans un contexte d’usage détourné à visée récréative chez les mineurs et les majeurs sur deux périodes distinctes autour de la promulgation de la loi : (1) 01/01/2019–31/05/2021 et (2) 01/06/2021–31/10/2023. Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel GraphPad Prism 10, des corrélations de Spearman, des tests de Fischer de Mann Whitney ont été utilisés en fonction de l’échantillon et des variables étudiées. Le Poison Severity Score (PSS) a été utilisé pour évaluer la gravité des cas [3].
Résultats
Au total, 990 cas d’expositions volontaires au N2O ont été recensés sur la période d’étude. L’âge médian était de 21,0 ans [2,18][18,7 ;24,2], le sex-ratio de 1,3 et 17,2 % des cas concernaient des mineurs (n = 185). Le PSS était à 0 dans 2 % des cas, à 1 dans 49 % des cas, à 2 dans 40 % et à 3 dans 9 % des cas, aucun décès n’était rapporté, la médiane était à 1, la moyenne à 1,5. Avant la loi, on notait une augmentation du nombre de cas au cours du temps chez les majeurs et chez les mineurs (Rho de Spearman à 0,87 (p < 0,0001) et 0,60 (p < 0,001) respectivement), augmentation qui n’était pas retrouvée après la loi (p = 0,50 et p = 0,76). Si la proportion de mineurs était moins importante après la loi (19,6 versus 15,9 %), cette différence n’était pas statistiquement significative (p = 0,17). Chez les mineurs, nous n’observions pas de différence entre les deux périodes pour l’âge médian (16,3 versus 16,1, p = 0,32) ou le PSS (1 versus 1, p = 0,07). La proportion de filles était significativement plus élevée après la loi (p = 0,01). Cette différence liée au sexe n’était pas observée chez les majeurs (p = 0,59). On ne notait pas de différence de gravité des cas en fonction du sexe. Cette gravité est moyenne ou forte dans 49 % des cas et des troubles neurologiques sont décrits chez 91 mineurs, notamment des paresthésies (63 mentions), un déficit moteur (32 mentions), une myélopathie (11 mentions) et des convulsions (3 mentions).
Discussion
Malgré une augmentation du nombre de cas rapportés aux CAP-TV, la loi de 2021 pourrait avoir eu un impact positif sur l’usage détourné du N2O par les mineurs avec une inflexion de l’augmentation après la loi. Cet effet pourrait également être lié à une meilleure connaissance de la toxicité de la molécule par les primo-intervenants, limitant le nombre d’appels et induisant ainsi un biais possible dans l’étude. Une analyse parallèle des consultations de neurologie pourrait confirmer la tendance. Comme cela avait déjà été montré par l’étude des cas sur l’année 2022, les jeunes filles semblent plus concernées par ce mésusage que les garçons [1].