Gestion du risque iatrogène chez les patients traités par analgésiques : détection et caractérisation du risque à l’aide d’un système d’aide à la décision pharmaceutique
A. Le Bozec , A. Vello , C. Sculfort , J. Lepont-Richez , I. Nègre , L. Schlaefflin , M.C. Chaumais , S. Drouot
{"title":"Gestion du risque iatrogène chez les patients traités par analgésiques : détection et caractérisation du risque à l’aide d’un système d’aide à la décision pharmaceutique","authors":"A. Le Bozec , A. Vello , C. Sculfort , J. Lepont-Richez , I. Nègre , L. Schlaefflin , M.C. Chaumais , S. Drouot","doi":"10.1016/j.phacli.2024.04.012","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Contexte</h3><p>Le système d’aide à la décision pharmaceutique (SADP) est une approche prometteuse pour les pharmaciens cliniciens (PC) afin de prioriser le risque iatrogène des patients et de permettre une meilleure couverture de l’analyse pharmaceutique (AP). La prise en charge de la douleur est un domaine complexe utilisant des classes thérapeutiques à risque de mésusage.</p></div><div><h3>Objectifs</h3><p>L’objectif de cette étude est d’identifier l’apport du SADP sur les interventions des PC dans la prévention du risque iatrogène des patients traités par analgésiques.</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>Depuis décembre 2021, notre établissement (985 lits) a intégré un SADP dans sa stratégie d’AP (PharmaClass®, KeenTurtle). Un groupe de travail pluridisciplinaire composé de PC et médecins membres du Centre de Lutte contre la Douleur (CLUD) a été constitué pour élaborer des algorithmes pharmaceutiques spécifiques de la prise en charge de la douleur. Le PC avait en charge le traitement et suivi des alertes en réalisant les interventions pharmaceutiques (IP) et en collectant les indicateurs suivants : nombre et type d’alertes déclenchées, traitées, répétées, nombre et type d’IP et taux d’adhésion médicale.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Sur les sept règles élaborées dans PharmaClass®, 346 alertes ont été détectées durant six mois de recueil (mars–septembre 2023), dont 79 % issues de services qui ne faisaient pas l’objet d’une AP journalière par un PC. Au total, 211 alertes ont été analysées car jugées techniquement valides (61,0 %) comprenant 120 doublons (34,6 %). Le taux d’alertes entraînant une IP était de 82,4 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->75/91) avec un taux d’adhésion médicale de 60,0 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->45/75). Les règles concernées par les alertes étaient les règles « Tramadol–mésusage » (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->39, 52,0 %), « Paracétamol–surdosage » (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->18, 24,0 %), « Gabapentinoïdes–mésusage » (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->9, 12,0 %), « mésusage des antalgiques opioïdes forts » (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->6, 8,0 %) et « surdosage codéine » (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->3, 4,0 %). Les principaux motifs d’IP étaient les risques de surdosage (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->43, 57,3 %), de contre-indication (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->14, 18,8 %), d’interaction médicamenteuse (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->14, 18,8 %) dont principalement l’adaptation de dose (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->38,50,7 %) ou l’arrêt (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->21, 28,0 %). Les alertes provenaient essentiellement des services de néphrologie, médecine aiguë polyvalente et de gériatrie. Parmi les patients dont l’IP était justifiée, l’âge moyen était de 55,5<!--> <!-->±<!--> <!-->18,7<!--> <!-->ans avec une prédominance d’hommes (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->41, 55,1 %). Les nombres de co-médications et de comorbidités moyens étaient respectivement de 8,9<!--> <!-->±<!--> <!-->5,8 et 6,5<!--> <!-->±<!--> <!-->3,9.</p></div><div><h3>Discussion - Conclusion</h3><p>Cette étude montre l’apport d’un SADP dans la détection du risque iatrogène lié à la prescription d’analgésiques, en particulier pour des services ne faisant pas l’objet d’une AP journalière faute de ressources pharmaceutiques. La réalisation pluridisciplinaire des règles est une force mais n’engendre pas une adhésion forte du suivi des IP, probablement liée notamment à notre mode de communication de l’IP majoritairement informatique.</p></div>","PeriodicalId":100870,"journal":{"name":"Le Pharmacien Clinicien","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-06-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Le Pharmacien Clinicien","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S277295322400056X","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Contexte
Le système d’aide à la décision pharmaceutique (SADP) est une approche prometteuse pour les pharmaciens cliniciens (PC) afin de prioriser le risque iatrogène des patients et de permettre une meilleure couverture de l’analyse pharmaceutique (AP). La prise en charge de la douleur est un domaine complexe utilisant des classes thérapeutiques à risque de mésusage.
Objectifs
L’objectif de cette étude est d’identifier l’apport du SADP sur les interventions des PC dans la prévention du risque iatrogène des patients traités par analgésiques.
Méthode
Depuis décembre 2021, notre établissement (985 lits) a intégré un SADP dans sa stratégie d’AP (PharmaClass®, KeenTurtle). Un groupe de travail pluridisciplinaire composé de PC et médecins membres du Centre de Lutte contre la Douleur (CLUD) a été constitué pour élaborer des algorithmes pharmaceutiques spécifiques de la prise en charge de la douleur. Le PC avait en charge le traitement et suivi des alertes en réalisant les interventions pharmaceutiques (IP) et en collectant les indicateurs suivants : nombre et type d’alertes déclenchées, traitées, répétées, nombre et type d’IP et taux d’adhésion médicale.
Résultats
Sur les sept règles élaborées dans PharmaClass®, 346 alertes ont été détectées durant six mois de recueil (mars–septembre 2023), dont 79 % issues de services qui ne faisaient pas l’objet d’une AP journalière par un PC. Au total, 211 alertes ont été analysées car jugées techniquement valides (61,0 %) comprenant 120 doublons (34,6 %). Le taux d’alertes entraînant une IP était de 82,4 % (n = 75/91) avec un taux d’adhésion médicale de 60,0 % (n = 45/75). Les règles concernées par les alertes étaient les règles « Tramadol–mésusage » (n = 39, 52,0 %), « Paracétamol–surdosage » (n = 18, 24,0 %), « Gabapentinoïdes–mésusage » (n = 9, 12,0 %), « mésusage des antalgiques opioïdes forts » (n = 6, 8,0 %) et « surdosage codéine » (n = 3, 4,0 %). Les principaux motifs d’IP étaient les risques de surdosage (n = 43, 57,3 %), de contre-indication (n = 14, 18,8 %), d’interaction médicamenteuse (n = 14, 18,8 %) dont principalement l’adaptation de dose (n = 38,50,7 %) ou l’arrêt (n = 21, 28,0 %). Les alertes provenaient essentiellement des services de néphrologie, médecine aiguë polyvalente et de gériatrie. Parmi les patients dont l’IP était justifiée, l’âge moyen était de 55,5 ± 18,7 ans avec une prédominance d’hommes (n = 41, 55,1 %). Les nombres de co-médications et de comorbidités moyens étaient respectivement de 8,9 ± 5,8 et 6,5 ± 3,9.
Discussion - Conclusion
Cette étude montre l’apport d’un SADP dans la détection du risque iatrogène lié à la prescription d’analgésiques, en particulier pour des services ne faisant pas l’objet d’une AP journalière faute de ressources pharmaceutiques. La réalisation pluridisciplinaire des règles est une force mais n’engendre pas une adhésion forte du suivi des IP, probablement liée notamment à notre mode de communication de l’IP majoritairement informatique.