M. Ade , A. Potier , A. Huguet , A. Dony , P. Pilven , B. Demore , E. Dufay
{"title":"Apport d’un système d’aide à la décision pharmaceutique dans la détection d’interactions médicamenteuses méconnues","authors":"M. Ade , A. Potier , A. Huguet , A. Dony , P. Pilven , B. Demore , E. Dufay","doi":"10.1016/j.phacli.2024.04.004","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Contexte</h3><p>Les interactions médicamenteuses (IM) sont un problème prépondérant dans les prescriptions. Dix à 30 % des IM entraînent un événement indésirable notamment par diminution de l’absorption des médicaments. Les conséquences cliniques sont importantes lorsqu’il s’agit d’anticancéreux, d’antibiotiques ou d’antirétroviraux. En regard de la fréquence des IM, les interventions pharmaceutiques (IP) qui leur sont dédiées sont moins fréquentes que les autres types d’IP. Les systèmes d’aide à la décision pharmaceutique (SADP) se développent pour améliorer la détection et la résolution des problèmes liés à la pharmacothérapie (PLP).</p></div><div><h3>Objectifs</h3><p>Présenter les taux de détection des IM pour 3 catégories de médicaments – anticancéreux, antibiotiques et antirétroviraux – avec une comparaison des IP réalisées avec versus sans SADP.</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>Une étude prospective est menée de juillet 2020 à juin 2023 dans 2 hôpitaux de 1600 lits. Trois situations sont modélisées dans le SADP pour détecter une co-prescription : A - inhibiteurs de protéine kinase ET médicaments des troubles de l’acidité ; B - fluoroquinolones ou Cyclines ET cations bivalents (Fe, Ca, Mg, Zn, Al) ; C - antirétroviraux ET cations bivalents ou antiacides. Elles sont intégrées dans Pharmaclass® [Keenturtle-F]. Le logiciel assure l’interopérabilité des données patients utiles au raisonnement déductif pour produire des alertes. Six pharmaciens analysent les alertes selon une conduite à tenir pour identifier un PLP et proposer une IP au prescripteur. Le taux d’acceptation des IP pour les 3 situations est effectué selon le Chi<sup>2</sup> d’hétérogénéité.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>L’analyse concerne 442 alertes du SADP dont 26 alertes pour A, 386 pour B et 30 pour C. La présence d’un PLP est confirmée pour 240 alertes (54,3 %) : 14 pour A (53,8 %), 204 pour B (52,8 %) et 22 pour C (73,3 %). Les PLP n’ont pas été détectés lors de l’analyse pharmaceutique sans SADP pour 169 d’entre eux (70,4 %).</p><p>Une IP est émise dans 231 cas (96,3 %) : 12 pour A (85,0 %), 197 pour B (96,0 %) et 22 pour C (100,0 %). Ces interventions ont été acceptées par le médecin dans 65,4 % des cas (151 IP) avec un taux d’acceptation de 50 % pour A, 65 % pour B et 77 % pour C.</p><p>Les taux d’acceptation des IP transmises pour les 3 situations ne sont pas statistiquement différents (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,26).</p><p>Les 231 interventions émises via le SADP représentent environ 5 % de toutes les IP réalisées (soit 4 389 IP issues de 201 situations modélisées) durant la période.</p></div><div><h3>Discussion - Conclusion</h3><p>Les IM par augmentation du pH gastrique ou complexation sont fréquentes et mal détectées en soins courants par les pharmaciens et médecins ; une méconnaissance ou la perception d’un faible impact clinique peuvent l’expliquer (IM souvent de niveau « à prendre en compte » voire « déconseillée »). L’adaptation des prescriptions par le pharmacien est un levier d’évolution. Néanmoins l’expertise pharmaceutique clinique reste indispensable pour explorer la situation du patient et rendre pertinente une IP.</p></div>","PeriodicalId":100870,"journal":{"name":"Le Pharmacien Clinicien","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-06-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Le Pharmacien Clinicien","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2772953224000480","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Contexte
Les interactions médicamenteuses (IM) sont un problème prépondérant dans les prescriptions. Dix à 30 % des IM entraînent un événement indésirable notamment par diminution de l’absorption des médicaments. Les conséquences cliniques sont importantes lorsqu’il s’agit d’anticancéreux, d’antibiotiques ou d’antirétroviraux. En regard de la fréquence des IM, les interventions pharmaceutiques (IP) qui leur sont dédiées sont moins fréquentes que les autres types d’IP. Les systèmes d’aide à la décision pharmaceutique (SADP) se développent pour améliorer la détection et la résolution des problèmes liés à la pharmacothérapie (PLP).
Objectifs
Présenter les taux de détection des IM pour 3 catégories de médicaments – anticancéreux, antibiotiques et antirétroviraux – avec une comparaison des IP réalisées avec versus sans SADP.
Méthode
Une étude prospective est menée de juillet 2020 à juin 2023 dans 2 hôpitaux de 1600 lits. Trois situations sont modélisées dans le SADP pour détecter une co-prescription : A - inhibiteurs de protéine kinase ET médicaments des troubles de l’acidité ; B - fluoroquinolones ou Cyclines ET cations bivalents (Fe, Ca, Mg, Zn, Al) ; C - antirétroviraux ET cations bivalents ou antiacides. Elles sont intégrées dans Pharmaclass® [Keenturtle-F]. Le logiciel assure l’interopérabilité des données patients utiles au raisonnement déductif pour produire des alertes. Six pharmaciens analysent les alertes selon une conduite à tenir pour identifier un PLP et proposer une IP au prescripteur. Le taux d’acceptation des IP pour les 3 situations est effectué selon le Chi2 d’hétérogénéité.
Résultats
L’analyse concerne 442 alertes du SADP dont 26 alertes pour A, 386 pour B et 30 pour C. La présence d’un PLP est confirmée pour 240 alertes (54,3 %) : 14 pour A (53,8 %), 204 pour B (52,8 %) et 22 pour C (73,3 %). Les PLP n’ont pas été détectés lors de l’analyse pharmaceutique sans SADP pour 169 d’entre eux (70,4 %).
Une IP est émise dans 231 cas (96,3 %) : 12 pour A (85,0 %), 197 pour B (96,0 %) et 22 pour C (100,0 %). Ces interventions ont été acceptées par le médecin dans 65,4 % des cas (151 IP) avec un taux d’acceptation de 50 % pour A, 65 % pour B et 77 % pour C.
Les taux d’acceptation des IP transmises pour les 3 situations ne sont pas statistiquement différents (p = 0,26).
Les 231 interventions émises via le SADP représentent environ 5 % de toutes les IP réalisées (soit 4 389 IP issues de 201 situations modélisées) durant la période.
Discussion - Conclusion
Les IM par augmentation du pH gastrique ou complexation sont fréquentes et mal détectées en soins courants par les pharmaciens et médecins ; une méconnaissance ou la perception d’un faible impact clinique peuvent l’expliquer (IM souvent de niveau « à prendre en compte » voire « déconseillée »). L’adaptation des prescriptions par le pharmacien est un levier d’évolution. Néanmoins l’expertise pharmaceutique clinique reste indispensable pour explorer la situation du patient et rendre pertinente une IP.