D. Bardin , F. Lamoureux , J. Wils , R. Varin , A. Coquard , I. Tiret
{"title":"Pratiques de prescription des fluoropyrimidines dans un centre hospitalo-universitaire depuis l’obligation de dosage de l’uracilémie","authors":"D. Bardin , F. Lamoureux , J. Wils , R. Varin , A. Coquard , I. Tiret","doi":"10.1016/j.phacli.2024.04.055","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Contexte</h3><p>Les fluoropyrimidines (FP) incarnent la pierre angulaire du traitement des néoplasies digestives. Néanmoins, des toxicités sévères pouvant conduire aux décès ont été imputées aux FP. Une législation a vu le jour en 2019 imposant le dosage de l’uracilémie, avant tout traitement. Des recommandations ont été publiées afin de permettre l’adaptation posologique des FP au phénotype du patient.</p></div><div><h3>Objectifs</h3><p>L’objectif de ce travail est d’évaluer les pratiques de prescription des oncologues vis-à-vis des FP depuis cette législation.</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>À partir du logiciel CHIMIO® (<em>Computer Engineering</em>), la liste des patients a été inclus dans un protocole comportant du 5-Fluorouracile (5FU), au cours de l’année 2020, a été extraite. Pour chaque patient a été colligés : le protocole prescrit, les posologies ainsi que la notion d’une recherche du déficit en dihydropyrimidine déshydrogénase. À partir du dossier patient informatisé, les effets indésirables entre chaque cure et leur gravité ont été également recensés. Afin de comparer les moyennes et les incidences, le test de Mann-Whitney et le test exact de Fisher ont été respectivement utilisés.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Cent-dix patients sur un total de 153 (72 %) sont de phénotype extensif (E - uracilémie<!--> <!--><<!--> <!-->16<!--> <!-->ng/mL), 23 patients (15 %) patients sont de phénotype extensif limite (EL - uracilémie inférieure mais proche de la valeur seuil à 16<!--> <!-->ng/mL), 20 patients (13 %) sont déficitaires partiels (DP - uracilémie<!--> <!-->><!--> <!-->16<!--> <!-->ng/mL).</p><p>Les patients E et EL ont réalisé 6,5 et 7 cures/patient en moyenne respectivement, alors que les patients DP ont réalisé 4 cures/patient. La posologie moyenne de FP à l’initiation chez les patients E, EL et DP est respectivement de 89 %, 83 % et 72 % de la dose théorique. La dose reçue chez les E est significativement plus importante que celle des DP (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,0009), les écarts entre E et EL ainsi qu’entre EL et DP ne sont pas significatifs.</p><p>Les effets indésirables (EI) les plus graves constatés sont des EI de grade III, aucun EI de grade IV n’a été mentionné dans le DPI. Au total, 13 EI sévères ont été recensés. Parmi ces 13 EI, 7 (6,4 %) sont survenus dans le groupe des E, 5 (25 %) sont survenus dans le groupe DP, 1 seul (4,4 %) est survenu chez les EL. Il existe un écart significatif entre les incidences des EI sévères, uniquement entre le groupe E et DP (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,02, OR<!--> <!-->=<!--> <!-->4,81, IC95 %<!--> <!-->=<!--> <!-->[1,02 ; 20,41]).</p></div><div><h3>Discussion - Conclusion</h3><p>Les oncologues semblent pratiquer une adaptation posologique chez les déficitaires partiels, mais le niveau d’adaptation est très hétérogène et sans cohérence avec la valeur de l’uracilémie disponible. En effet, la posologie à l’initiation chez les EL semble être une dose intermédiaire entre celle des DP et celle des E.</p><p>L’absence de consensus sur l’adaptation posologique en fonction du phénotype du patient semble délétère sur la tolérance du traitement et un outil d’aide validé permettrait d’homogénéiser les pratiques d’adaptation posologique.</p></div>","PeriodicalId":100870,"journal":{"name":"Le Pharmacien Clinicien","volume":"59 2","pages":"Pages e46-e47"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-06-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Le Pharmacien Clinicien","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2772953224000996","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Contexte
Les fluoropyrimidines (FP) incarnent la pierre angulaire du traitement des néoplasies digestives. Néanmoins, des toxicités sévères pouvant conduire aux décès ont été imputées aux FP. Une législation a vu le jour en 2019 imposant le dosage de l’uracilémie, avant tout traitement. Des recommandations ont été publiées afin de permettre l’adaptation posologique des FP au phénotype du patient.
Objectifs
L’objectif de ce travail est d’évaluer les pratiques de prescription des oncologues vis-à-vis des FP depuis cette législation.
Méthode
À partir du logiciel CHIMIO® (Computer Engineering), la liste des patients a été inclus dans un protocole comportant du 5-Fluorouracile (5FU), au cours de l’année 2020, a été extraite. Pour chaque patient a été colligés : le protocole prescrit, les posologies ainsi que la notion d’une recherche du déficit en dihydropyrimidine déshydrogénase. À partir du dossier patient informatisé, les effets indésirables entre chaque cure et leur gravité ont été également recensés. Afin de comparer les moyennes et les incidences, le test de Mann-Whitney et le test exact de Fisher ont été respectivement utilisés.
Résultats
Cent-dix patients sur un total de 153 (72 %) sont de phénotype extensif (E - uracilémie < 16 ng/mL), 23 patients (15 %) patients sont de phénotype extensif limite (EL - uracilémie inférieure mais proche de la valeur seuil à 16 ng/mL), 20 patients (13 %) sont déficitaires partiels (DP - uracilémie > 16 ng/mL).
Les patients E et EL ont réalisé 6,5 et 7 cures/patient en moyenne respectivement, alors que les patients DP ont réalisé 4 cures/patient. La posologie moyenne de FP à l’initiation chez les patients E, EL et DP est respectivement de 89 %, 83 % et 72 % de la dose théorique. La dose reçue chez les E est significativement plus importante que celle des DP (p = 0,0009), les écarts entre E et EL ainsi qu’entre EL et DP ne sont pas significatifs.
Les effets indésirables (EI) les plus graves constatés sont des EI de grade III, aucun EI de grade IV n’a été mentionné dans le DPI. Au total, 13 EI sévères ont été recensés. Parmi ces 13 EI, 7 (6,4 %) sont survenus dans le groupe des E, 5 (25 %) sont survenus dans le groupe DP, 1 seul (4,4 %) est survenu chez les EL. Il existe un écart significatif entre les incidences des EI sévères, uniquement entre le groupe E et DP (p = 0,02, OR = 4,81, IC95 % = [1,02 ; 20,41]).
Discussion - Conclusion
Les oncologues semblent pratiquer une adaptation posologique chez les déficitaires partiels, mais le niveau d’adaptation est très hétérogène et sans cohérence avec la valeur de l’uracilémie disponible. En effet, la posologie à l’initiation chez les EL semble être une dose intermédiaire entre celle des DP et celle des E.
L’absence de consensus sur l’adaptation posologique en fonction du phénotype du patient semble délétère sur la tolérance du traitement et un outil d’aide validé permettrait d’homogénéiser les pratiques d’adaptation posologique.