Description d’une série de cas de vascularite isolée de l’artère ophtalmique chez des patients ne remplissant pas les critères diagnostiques d’artérite à cellule géante
T. Chazal , A. Baber , G. Clavel-Refregiers , A. Lecler
{"title":"Description d’une série de cas de vascularite isolée de l’artère ophtalmique chez des patients ne remplissant pas les critères diagnostiques d’artérite à cellule géante","authors":"T. Chazal , A. Baber , G. Clavel-Refregiers , A. Lecler","doi":"10.1016/j.revmed.2024.04.379","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><p>Les critères de classification de l’ACR/EULAR 2022 prennent désormais en compte au même titre que l’examen histologique les données de l’imagerie pour le diagnostic d’artérite à cellules géantes <span>[1]</span>. Plusieurs publications rapportent l’intérêt de l’IRM de paroi haute résolution dans le diagnostic d’ACG où l’on retrouve classiquement une atteinte des artères temporales mais aussi fréquemment des artères ophtalmiques. Chez certains patients, l’IRM de paroi met en évidence une atteinte isolée de l’artère ophtalmique, sans atteinte des temporales et sans qu’il y ait par ailleurs d’éléments suffisants pour poser le diagnostic d’ACG. L’objectif de ce travail était de décrire les caractéristiques et le pronostic de ces vascularites isolées de l’artère ophtalmique visualisées en IRM de paroi haute résolution.</p></div><div><h3>Patients et méthodes</h3><p>Il s’agit d’une étude rétrospective monocentrique dans un centre tertiaire spécialisé en ophtalmologie et en neuroradiologie. Ont été inclus les patients adultes présentant sur une IRM de paroi haute résolution un épaississement inflammatoire des parois de l’artère ophtalmique, sans autre anomalie sur les autres axes artériels.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Dix patients ont été inclus entre janvier 2015 et mai 2023, comprenant 6 hommes et 4 femmes, d’âge moyen 65<!--> <!-->ans. La symptomatologie ayant conduit à la réalisation de l’IRM était : une amaurose fugace (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->2) ; une baisse d’acuité visuelle unilatérale (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->7), une diplopie binoculaire transitoire (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->2) ou persistante (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1). Trois patients avaient des douleurs orbitaires associées, 2 patients des symptômes généraux (AEG et fièvre) et un patient des arthromyalgies inflammatoires diffuses. L’examen ophtalmologique révélait une NOIAA chez 4 patients et une OACR chez 3 patients dont un patient avec à la fois une NOIAA et une OACR du même œil. Un patient avait une ophtalmoplégie complète de l’œil atteint par atteinte des nerfs III, IV et VI au niveau de l’apex orbitaire et un patient avait une atteinte musculaire isolée du droit supérieur. Un syndrome inflammatoire biologique était retrouvé chez 5/9 patients (56 %). L’IRM retrouvait une inflammation unilatérale de l’artère ophtalmique chez 9 patients et bilatérale chez 1 patient. Il était noté une prise de contraste du nerf optique chez 4 patients et un aspect de papillite chez un patient. L’inflammation s’étendait au sinus caverneux homolatéral chez un patient. Les explorations menées ne permettaient de retenir le diagnostic d’ACG chez aucun patient. Un diagnostic de vascularite systémique a été posé chez 2 patients, dans le cadre d’un lupus systémique (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1) et d’une périartérite noueuse (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1). Une aspergillose de la base du crane a été diagnostiquée et traitée avec succès chez une patiente. Six patients ont reçu une corticothérapie à forte dose à la phase initiale. Le suivi médian a été de 22 mois (IQR 16–59) avec une régression des symptômes visuels (hors baisse d’acuité visuelle séquellaire) et généraux chez tous les patients. Des IRM de contrôle ont été réalisées pour 6 patients et retrouvent une régression complète de l’inflammation des artères ophtalmiques chez 5 de ces patients. La corticothérapie a pu être interrompue chez 3 patients (50 %) après une durée moyenne de 12 mois sans rechute au décours.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>La présentation clinique des patients présentant une vascularite isolée de l’artère ophtalmique est variable mais révélée principalement par des symptômes ophtalmologiques avec une fréquence importante de complications visuelles ischémiques (NOIAA et OACR). L’évolution de l’inflammation artérielle est favorable sous corticothérapie chez la plupart des patients.</p></div>","PeriodicalId":0,"journal":{"name":"","volume":"45 ","pages":"Page A87"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2024-06-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"","FirstCategoryId":"3","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0248866324004727","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Les critères de classification de l’ACR/EULAR 2022 prennent désormais en compte au même titre que l’examen histologique les données de l’imagerie pour le diagnostic d’artérite à cellules géantes [1]. Plusieurs publications rapportent l’intérêt de l’IRM de paroi haute résolution dans le diagnostic d’ACG où l’on retrouve classiquement une atteinte des artères temporales mais aussi fréquemment des artères ophtalmiques. Chez certains patients, l’IRM de paroi met en évidence une atteinte isolée de l’artère ophtalmique, sans atteinte des temporales et sans qu’il y ait par ailleurs d’éléments suffisants pour poser le diagnostic d’ACG. L’objectif de ce travail était de décrire les caractéristiques et le pronostic de ces vascularites isolées de l’artère ophtalmique visualisées en IRM de paroi haute résolution.
Patients et méthodes
Il s’agit d’une étude rétrospective monocentrique dans un centre tertiaire spécialisé en ophtalmologie et en neuroradiologie. Ont été inclus les patients adultes présentant sur une IRM de paroi haute résolution un épaississement inflammatoire des parois de l’artère ophtalmique, sans autre anomalie sur les autres axes artériels.
Résultats
Dix patients ont été inclus entre janvier 2015 et mai 2023, comprenant 6 hommes et 4 femmes, d’âge moyen 65 ans. La symptomatologie ayant conduit à la réalisation de l’IRM était : une amaurose fugace (n = 2) ; une baisse d’acuité visuelle unilatérale (n = 7), une diplopie binoculaire transitoire (n = 2) ou persistante (n = 1). Trois patients avaient des douleurs orbitaires associées, 2 patients des symptômes généraux (AEG et fièvre) et un patient des arthromyalgies inflammatoires diffuses. L’examen ophtalmologique révélait une NOIAA chez 4 patients et une OACR chez 3 patients dont un patient avec à la fois une NOIAA et une OACR du même œil. Un patient avait une ophtalmoplégie complète de l’œil atteint par atteinte des nerfs III, IV et VI au niveau de l’apex orbitaire et un patient avait une atteinte musculaire isolée du droit supérieur. Un syndrome inflammatoire biologique était retrouvé chez 5/9 patients (56 %). L’IRM retrouvait une inflammation unilatérale de l’artère ophtalmique chez 9 patients et bilatérale chez 1 patient. Il était noté une prise de contraste du nerf optique chez 4 patients et un aspect de papillite chez un patient. L’inflammation s’étendait au sinus caverneux homolatéral chez un patient. Les explorations menées ne permettaient de retenir le diagnostic d’ACG chez aucun patient. Un diagnostic de vascularite systémique a été posé chez 2 patients, dans le cadre d’un lupus systémique (n = 1) et d’une périartérite noueuse (n = 1). Une aspergillose de la base du crane a été diagnostiquée et traitée avec succès chez une patiente. Six patients ont reçu une corticothérapie à forte dose à la phase initiale. Le suivi médian a été de 22 mois (IQR 16–59) avec une régression des symptômes visuels (hors baisse d’acuité visuelle séquellaire) et généraux chez tous les patients. Des IRM de contrôle ont été réalisées pour 6 patients et retrouvent une régression complète de l’inflammation des artères ophtalmiques chez 5 de ces patients. La corticothérapie a pu être interrompue chez 3 patients (50 %) après une durée moyenne de 12 mois sans rechute au décours.
Conclusion
La présentation clinique des patients présentant une vascularite isolée de l’artère ophtalmique est variable mais révélée principalement par des symptômes ophtalmologiques avec une fréquence importante de complications visuelles ischémiques (NOIAA et OACR). L’évolution de l’inflammation artérielle est favorable sous corticothérapie chez la plupart des patients.