A. Cottu , C. Grolleau , T. Mahévas , A. Contis , E. Lazaro , C. Léonard , R. Sterpu , P. Senet , A. Aouba , E. Weber , C. Morice , B. Terrier , M. Battistela , M. Jachiet , J.D. Bouaziz , C. Gandon
{"title":"Périartérite noueuse avec atteinte cutanée traitée par tocilizumab","authors":"A. Cottu , C. Grolleau , T. Mahévas , A. Contis , E. Lazaro , C. Léonard , R. Sterpu , P. Senet , A. Aouba , E. Weber , C. Morice , B. Terrier , M. Battistela , M. Jachiet , J.D. Bouaziz , C. Gandon","doi":"10.1016/j.revmed.2024.04.408","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><p>La périartérite noueuse (PAN) est une vascularite systémique rare. Les manifestations cutanées sont habituellement au premier plan et sont souvent réfractaires ou récidivantes malgré l’utilisation de corticoïdes oraux et d’immunosuppresseurs conventionnels. Après cinq ans d’évolution, la maladie est toujours active chez près de 40 % des patients. L’IL-6 est une cytokine pro-inflammatoire dont les taux sériques sont élevés chez les patients atteints de PAN et pourrait être impliquée dans sa physiopathologie. Il existe cependant peu de données sur l’efficacité des anti-IL6 dans cette maladie. L’objectif de ce travail est de décrire l’efficacité et la tolérance du tocilizumab, un anti-IL-6, chez des patients atteints de PAN avec une atteinte cutanée réfractaire ou en rechute.</p></div><div><h3>Patients et méthodes</h3><p>Nous avons conduit une étude rétrospective multicentrique française. Étaient inclus des patients adultes atteints de PAN histologiquement prouvées, non secondaire au VHB, avec des manifestations cutanées et possiblement extra-cutanées traitées par tocilizumab. La rémission cutanée complète était définie cliniquement par la disparition des lésions cutanées et la rémission cutanée partielle par une amélioration des lésions sans réponse complète. Deux patients ont déjà été précédemment rapportés dans la littérature.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Onze patients, dont 10 (91 %) femmes, ont été inclus entre mai 2020 et juin 2023. L’âge médian au diagnostic était de 47 [EIQ 39–52] ans. Les manifestations cutanées au diagnostic comprenant des nodules (64 %), du livedo (73 %) et du purpura (36 %). Parmi les atteintes extra-cutanées au diagnostic, sept (64 %) patients présentaient une mononeuropathie prouvée par électroneuromyogramme dont 6/7 (86 %) dans le territoire cutané concerné par les lésions de PAN, et un patient présentait un accident vasculaire cérébral ischémique.</p><p>Le nombre médian de lignes de traitements systémiques reçues avant l’introduction du tocilizumab était de 3 [EIQ 2–4]. Le motif d’introduction du tocilizumab était l’absence de contrôle des lésions cutanées (10 patients, 91 %), neurologiques (6 patients, 55 %) et, ou articulaires (4 patients, 36 %). L’administration était intraveineuse pour 8 (73 %) patients et sous-cutanée pour 3 (27 %) en association aux corticoïdes oraux. Un autre imunosuppresseur était poursuivi pour 7 (64 %) patients (4 méthotrexate, 2 dapsone, 1 azathioprine).</p><p>La durée médiane de suivi après l’introduction du tocilizumab était de 14 [EIQ 11–25] mois. Deux (18 %) patients présentaient une réponse complète, et 8 (73 %) une réponse partielle. La réponse était atteinte après une durée médiane de 3 [1–3] mois après l’introduction du tocizilizumab. Le score d’activité vascularitique (Birmingham Vasculatis Activity Index), la CRP, ainsi que la dose quotidienne de corticoïdes diminuaient dès 3 mois de traitement, de façon prolongée à 12 mois. L’évolution de ces paramètres et de l’atteinte cutanée est représentée dans la Figure. Les corticoïdes ont pu être arrêtés chez un (9 %) patient et les immunosuppresseurs associés chez 3 (43 %) patients.</p><p>Durant le traitement, 4 (36 %) patients ont présenté des poussées de PAN, incluant des manifestations cutanées chez tous et une récidive d’accident vasculaire cérébral ischémique chez un patient. Ces rechutes ont conduit à l’arrêt du tocilizumab chez 2 patients et au relais ou à l’addition d’un autre immunosuppresseur chez tous. Une réaction locale et une neutropénie non compliquée étaient rapportées. Aucun effet indésirable sévère n’a été rapporté.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>Le tocilizumab a montré une efficacité rapide mais souvent partielle dans le traitement des manifestations cutanées de PAN réfractaires. L’utilisation des anti-IL6 dans la PAN semble donc une alternative thérapeutique intéressante chez des patients réfractaires en échappement aux traitements conventionnels.</p></div>","PeriodicalId":0,"journal":{"name":"","volume":"45 ","pages":"Page A108"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2024-06-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"","FirstCategoryId":"3","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0248866324005010","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
La périartérite noueuse (PAN) est une vascularite systémique rare. Les manifestations cutanées sont habituellement au premier plan et sont souvent réfractaires ou récidivantes malgré l’utilisation de corticoïdes oraux et d’immunosuppresseurs conventionnels. Après cinq ans d’évolution, la maladie est toujours active chez près de 40 % des patients. L’IL-6 est une cytokine pro-inflammatoire dont les taux sériques sont élevés chez les patients atteints de PAN et pourrait être impliquée dans sa physiopathologie. Il existe cependant peu de données sur l’efficacité des anti-IL6 dans cette maladie. L’objectif de ce travail est de décrire l’efficacité et la tolérance du tocilizumab, un anti-IL-6, chez des patients atteints de PAN avec une atteinte cutanée réfractaire ou en rechute.
Patients et méthodes
Nous avons conduit une étude rétrospective multicentrique française. Étaient inclus des patients adultes atteints de PAN histologiquement prouvées, non secondaire au VHB, avec des manifestations cutanées et possiblement extra-cutanées traitées par tocilizumab. La rémission cutanée complète était définie cliniquement par la disparition des lésions cutanées et la rémission cutanée partielle par une amélioration des lésions sans réponse complète. Deux patients ont déjà été précédemment rapportés dans la littérature.
Résultats
Onze patients, dont 10 (91 %) femmes, ont été inclus entre mai 2020 et juin 2023. L’âge médian au diagnostic était de 47 [EIQ 39–52] ans. Les manifestations cutanées au diagnostic comprenant des nodules (64 %), du livedo (73 %) et du purpura (36 %). Parmi les atteintes extra-cutanées au diagnostic, sept (64 %) patients présentaient une mononeuropathie prouvée par électroneuromyogramme dont 6/7 (86 %) dans le territoire cutané concerné par les lésions de PAN, et un patient présentait un accident vasculaire cérébral ischémique.
Le nombre médian de lignes de traitements systémiques reçues avant l’introduction du tocilizumab était de 3 [EIQ 2–4]. Le motif d’introduction du tocilizumab était l’absence de contrôle des lésions cutanées (10 patients, 91 %), neurologiques (6 patients, 55 %) et, ou articulaires (4 patients, 36 %). L’administration était intraveineuse pour 8 (73 %) patients et sous-cutanée pour 3 (27 %) en association aux corticoïdes oraux. Un autre imunosuppresseur était poursuivi pour 7 (64 %) patients (4 méthotrexate, 2 dapsone, 1 azathioprine).
La durée médiane de suivi après l’introduction du tocilizumab était de 14 [EIQ 11–25] mois. Deux (18 %) patients présentaient une réponse complète, et 8 (73 %) une réponse partielle. La réponse était atteinte après une durée médiane de 3 [1–3] mois après l’introduction du tocizilizumab. Le score d’activité vascularitique (Birmingham Vasculatis Activity Index), la CRP, ainsi que la dose quotidienne de corticoïdes diminuaient dès 3 mois de traitement, de façon prolongée à 12 mois. L’évolution de ces paramètres et de l’atteinte cutanée est représentée dans la Figure. Les corticoïdes ont pu être arrêtés chez un (9 %) patient et les immunosuppresseurs associés chez 3 (43 %) patients.
Durant le traitement, 4 (36 %) patients ont présenté des poussées de PAN, incluant des manifestations cutanées chez tous et une récidive d’accident vasculaire cérébral ischémique chez un patient. Ces rechutes ont conduit à l’arrêt du tocilizumab chez 2 patients et au relais ou à l’addition d’un autre immunosuppresseur chez tous. Une réaction locale et une neutropénie non compliquée étaient rapportées. Aucun effet indésirable sévère n’a été rapporté.
Conclusion
Le tocilizumab a montré une efficacité rapide mais souvent partielle dans le traitement des manifestations cutanées de PAN réfractaires. L’utilisation des anti-IL6 dans la PAN semble donc une alternative thérapeutique intéressante chez des patients réfractaires en échappement aux traitements conventionnels.