C. Montardi , M. Groh , A. Gaillet , E. Lengline , S. Le Burel , L. Gilardin , F. Ackermann , J.F. Emile , J.E. Kahn
{"title":"Syndromes hyperéosinophiliques paranéoplasiques au cours des cancers solides : une série de cas et une revue de la littérature","authors":"C. Montardi , M. Groh , A. Gaillet , E. Lengline , S. Le Burel , L. Gilardin , F. Ackermann , J.F. Emile , J.E. Kahn","doi":"10.1016/j.revmed.2024.04.353","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><p>Les néoplasies, qu’il s’agisse de cancer solide, de lymphome, ou de leucémie aiguë lymphoblastique, peuvent s’accompagner d’une hyperéosinophilie réactionnelle. Cette hyperéosinophilie peut être responsable de dysfonctions d’organes ou de manifestations cliniques secondaires à la toxicité tissulaire, vasculaire, ou pro-thrombogène des polynucléaires éosinophiles (PNE), constituant alors un tableau de véritable syndrome hyperéosinophilique (SHE). Ces SHE paranéoplasiques, à distinguer des SHE myéloïdes au cours desquels la prolifération de PNE est clonale, sont peu connus.</p></div><div><h3>Patients et méthodes</h3><p>L’objectif de notre travail était de fournir une description clinique, biologique, évolutive, et de la réponse aux thérapeutiques des SHE paranéoplasiques secondaires à des cancers solides. Nous avons pour cela procédé à une revue de la littérature et à la constitution d’une série de cas de SHE paranéoplasiques secondaires à des cancers solides, via une étude rétrospective et prospective observationnelle multicentrique. Les critères d’inclusion étaient la présence d’un cancer solide associé à un SHE (PNE<!--> <!-->><!--> <!-->1,5<!--> <!-->G/L à deux reprises à au moins un mois d’intervalle et présence de lésions ou dysfonction d’organe attribuable à la toxicité des PNE). Le SHE était considéré secondaire au cancer après exclusion des autres causes de SHE. Les hyperéosinophilies asymptomatiques étaient exclus.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Nous avons pu analyser un total de 28 cas de SHE paranéoplasiques secondaires à un cancer solide (série de cas <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->10 ; littérature <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->18). L’âge médian de ces 28 patients était de 64 ans. Le taux médian maximum de PNE de 12<!--> <!-->G/L. Les complications de l’hyperéosinophilie étaient cardiaques dans 48,0 % des cas (myocardite aiguë à éosinophiles dans 16,7 %, présence d’un thrombus intra-cavitaire dans 91,7 % des cas, aspect de fibrose endomyocardique dans 58,3 % des cas), neurologiques dans 40,0 % des cas, pulmonaires dans 16,0 % des cas, cutanées dans 12,0 % des cas et digestives dans 12,0 % des cas. La durée médiane de suivi était de 4 mois et la mortalité de 80 %, dans 40 % des cas du fait des complications du SHE. Dans 86,2 % des cas l’hyperéosinophilie précédait le diagnostic de cancer. Le cancer était d’origine pulmonaire dans 27,6 % des cas, digestive dans 24,1 % des cas, et un mélanome dans 10,3 % des cas. L’hyperéosinophilie était corticosensible dans 20 % des cas.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>Notre étude constitue la première série de cas de SHE paranéoplasiques secondaires à des cancers solides. Ce travail met notamment en évidence la grande variété des manifestations de SHE possibles, avec une prévalence élevée des complications cardiaques, qui devraient être dépistées. Ces complications sont potentiellement graves, et volontiers révélatrices du cancer sous-jacent. Le mécanisme physiopathologique reste partiellement incompris, mais il a été mis en évidence dans certains cas une production par le micro-environnement tumoral de cytokines simulant la prolifération des PNE (IL-3, IL-5, BM-CSF). Bien que s’inscrivant dans le cadre nosologique des SHE réactionnels, les SHE paranéoplasiques secondaires aux cancers sont rarement corticosensibles. Le traitement est en premier lieu celui de la néoplasie sous-jacente.</p></div>","PeriodicalId":0,"journal":{"name":"","volume":"45 ","pages":"Page A68"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2024-06-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"","FirstCategoryId":"3","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0248866324004466","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Les néoplasies, qu’il s’agisse de cancer solide, de lymphome, ou de leucémie aiguë lymphoblastique, peuvent s’accompagner d’une hyperéosinophilie réactionnelle. Cette hyperéosinophilie peut être responsable de dysfonctions d’organes ou de manifestations cliniques secondaires à la toxicité tissulaire, vasculaire, ou pro-thrombogène des polynucléaires éosinophiles (PNE), constituant alors un tableau de véritable syndrome hyperéosinophilique (SHE). Ces SHE paranéoplasiques, à distinguer des SHE myéloïdes au cours desquels la prolifération de PNE est clonale, sont peu connus.
Patients et méthodes
L’objectif de notre travail était de fournir une description clinique, biologique, évolutive, et de la réponse aux thérapeutiques des SHE paranéoplasiques secondaires à des cancers solides. Nous avons pour cela procédé à une revue de la littérature et à la constitution d’une série de cas de SHE paranéoplasiques secondaires à des cancers solides, via une étude rétrospective et prospective observationnelle multicentrique. Les critères d’inclusion étaient la présence d’un cancer solide associé à un SHE (PNE > 1,5 G/L à deux reprises à au moins un mois d’intervalle et présence de lésions ou dysfonction d’organe attribuable à la toxicité des PNE). Le SHE était considéré secondaire au cancer après exclusion des autres causes de SHE. Les hyperéosinophilies asymptomatiques étaient exclus.
Résultats
Nous avons pu analyser un total de 28 cas de SHE paranéoplasiques secondaires à un cancer solide (série de cas n = 10 ; littérature n = 18). L’âge médian de ces 28 patients était de 64 ans. Le taux médian maximum de PNE de 12 G/L. Les complications de l’hyperéosinophilie étaient cardiaques dans 48,0 % des cas (myocardite aiguë à éosinophiles dans 16,7 %, présence d’un thrombus intra-cavitaire dans 91,7 % des cas, aspect de fibrose endomyocardique dans 58,3 % des cas), neurologiques dans 40,0 % des cas, pulmonaires dans 16,0 % des cas, cutanées dans 12,0 % des cas et digestives dans 12,0 % des cas. La durée médiane de suivi était de 4 mois et la mortalité de 80 %, dans 40 % des cas du fait des complications du SHE. Dans 86,2 % des cas l’hyperéosinophilie précédait le diagnostic de cancer. Le cancer était d’origine pulmonaire dans 27,6 % des cas, digestive dans 24,1 % des cas, et un mélanome dans 10,3 % des cas. L’hyperéosinophilie était corticosensible dans 20 % des cas.
Conclusion
Notre étude constitue la première série de cas de SHE paranéoplasiques secondaires à des cancers solides. Ce travail met notamment en évidence la grande variété des manifestations de SHE possibles, avec une prévalence élevée des complications cardiaques, qui devraient être dépistées. Ces complications sont potentiellement graves, et volontiers révélatrices du cancer sous-jacent. Le mécanisme physiopathologique reste partiellement incompris, mais il a été mis en évidence dans certains cas une production par le micro-environnement tumoral de cytokines simulant la prolifération des PNE (IL-3, IL-5, BM-CSF). Bien que s’inscrivant dans le cadre nosologique des SHE réactionnels, les SHE paranéoplasiques secondaires aux cancers sont rarement corticosensibles. Le traitement est en premier lieu celui de la néoplasie sous-jacente.