Damien Richard , Florent Ferrer , Nicolas Kerckhove , Vincent Lopez , Frédéric Abriat , Célian Bertin , Baptiste Boyer , Nicolas Authier
{"title":"Prévalence des décès liés à une consommation de médicaments et de toxiques dans le bassin auvergnat : étude POLIS","authors":"Damien Richard , Florent Ferrer , Nicolas Kerckhove , Vincent Lopez , Frédéric Abriat , Célian Bertin , Baptiste Boyer , Nicolas Authier","doi":"10.1016/j.toxac.2024.03.081","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectifs</h3><p>Nous proposons ici l’analyse d’une population médico-légale spécifique et représentative du bassin auvergnat, afin d’étudier plus précisément l’effet de la consommation des substances médicamenteuses et toxiques, sur la survenue du décès.</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>Une étude prospective, monocentrique et observationnelle, incluant l’ensemble des sujets autopsiés en médecine légale, a été réalisée. Un recueil des données des causes du décès ainsi que des prélèvements biologiques (sang, urines, bile, contenu gastrique et cheveux) ont été traités. Différentes méthodes analytiques ont permis d’identifier et de quantifier la présence d’alcool, de stupéfiants, et un panel large de médicaments et de toxiques, dans les différentes matrices biologiques, et ainsi permettre d’interpréter leur contribution à la survenue du décès. Différents profils de la population pourront être ainsi identifiés en fonction de l’origine du décès.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Six cent onze personnes décédées de la région Auvergne ont été incluses. Soixante-dix-sept virgule six pourcent étaient des hommes, avec un âge moyen de 53,5<!--> <!-->±<!--> <!-->17,2 ans. Des antécédents médicaux ont pu être identifiés chez 69,8 % des individus, montrant principalement des troubles addictifs (56,2 %) et psychiatriques (23,8 %). Les principales causes de décès étaient le suicide (35,7 %), la mort naturelle (30,8 %) et un décès accidentel (27,5 %). Plus de deux tiers des décès (68,8 %) sont survenus sous l’influence d’au moins une substance, dont l’alcool. En ce qui concerne les caractéristiques démographiques et de décès, trois groupes de patients ont été identifiés avec plusieurs différences. Les femmes étaient plus susceptibles de mourir par suicide en utilisant des médicaments. Les jeunes hommes étaient plus enclins à mourir d’accidents de la route et d’overdoses, les drogues et les opioïdes étant plus fréquemment présents. Enfin, les hommes d’âge moyen avaient tendance à recourir à des gestes suicidaires plus violents, avec l’utilisation d’armes à feu et la pendaison, et une consommation plus fréquente d’alcool.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>Cette étude est la première à l’échelle du territoire auvergnat, permettant de documenter la prévalence de la consommation d’alcool, des stupéfiants et des médicaments psychoactifs, ainsi que leur imputabilité dans la survenue du décès, dans un échantillon représentatif français des demandes judiciaires d’autopsies médico-légales. L’évolution des consommations dans le temps et au niveau régional serra discuté (Duverneuil et al. Anal Toxicol Analytical 2005:XVII vol3:187-193, Lacroix A.L. et al. Ann Toxicol Anal 2010;22(3):141-147). Les différentes informations apportées par cette étude, tant sur le type de population la plus fréquemment impliquée, que sur les différentes causes de décès identifiées, pourraient conduire à la mise en place de mesures préventives visant à limiter la prévalence et l’incidence des morts violentes.</p></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 2","pages":"Pages S53-S54"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2024-05-16","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Toxicologie Analytique et Clinique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352007824001033","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"TOXICOLOGY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Objectifs
Nous proposons ici l’analyse d’une population médico-légale spécifique et représentative du bassin auvergnat, afin d’étudier plus précisément l’effet de la consommation des substances médicamenteuses et toxiques, sur la survenue du décès.
Méthode
Une étude prospective, monocentrique et observationnelle, incluant l’ensemble des sujets autopsiés en médecine légale, a été réalisée. Un recueil des données des causes du décès ainsi que des prélèvements biologiques (sang, urines, bile, contenu gastrique et cheveux) ont été traités. Différentes méthodes analytiques ont permis d’identifier et de quantifier la présence d’alcool, de stupéfiants, et un panel large de médicaments et de toxiques, dans les différentes matrices biologiques, et ainsi permettre d’interpréter leur contribution à la survenue du décès. Différents profils de la population pourront être ainsi identifiés en fonction de l’origine du décès.
Résultats
Six cent onze personnes décédées de la région Auvergne ont été incluses. Soixante-dix-sept virgule six pourcent étaient des hommes, avec un âge moyen de 53,5 ± 17,2 ans. Des antécédents médicaux ont pu être identifiés chez 69,8 % des individus, montrant principalement des troubles addictifs (56,2 %) et psychiatriques (23,8 %). Les principales causes de décès étaient le suicide (35,7 %), la mort naturelle (30,8 %) et un décès accidentel (27,5 %). Plus de deux tiers des décès (68,8 %) sont survenus sous l’influence d’au moins une substance, dont l’alcool. En ce qui concerne les caractéristiques démographiques et de décès, trois groupes de patients ont été identifiés avec plusieurs différences. Les femmes étaient plus susceptibles de mourir par suicide en utilisant des médicaments. Les jeunes hommes étaient plus enclins à mourir d’accidents de la route et d’overdoses, les drogues et les opioïdes étant plus fréquemment présents. Enfin, les hommes d’âge moyen avaient tendance à recourir à des gestes suicidaires plus violents, avec l’utilisation d’armes à feu et la pendaison, et une consommation plus fréquente d’alcool.
Conclusion
Cette étude est la première à l’échelle du territoire auvergnat, permettant de documenter la prévalence de la consommation d’alcool, des stupéfiants et des médicaments psychoactifs, ainsi que leur imputabilité dans la survenue du décès, dans un échantillon représentatif français des demandes judiciaires d’autopsies médico-légales. L’évolution des consommations dans le temps et au niveau régional serra discuté (Duverneuil et al. Anal Toxicol Analytical 2005:XVII vol3:187-193, Lacroix A.L. et al. Ann Toxicol Anal 2010;22(3):141-147). Les différentes informations apportées par cette étude, tant sur le type de population la plus fréquemment impliquée, que sur les différentes causes de décès identifiées, pourraient conduire à la mise en place de mesures préventives visant à limiter la prévalence et l’incidence des morts violentes.