Les concentrations toxicologiques sèment le trouble…

IF 1.8 Q4 TOXICOLOGY
Alice Matheux , Agathe Pasquet , Stephanie Cavard , Cassandra Amadieu , Irène François-Purssell , Pascal Guerard
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S’étant plaint, le matin de son décès, de douleurs abdominales, le patient avait reçu du « DIFFU-K », une antalgie par paracétamol et phloroglucinol, ainsi que son traitement journalier habituel, dont des laxatifs à posologie maximale. Monsieur X n’a pas bénéficié d’imagerie ou d’un transfert au centre hospitalier le plus proche. Monsieur X. est retrouvé en arrêt cardiorespiratoire en début de soirée, et décèdera malgré les tentatives de réanimation. Un obstacle médicolégal est posé et une autopsie est réalisée.</p></div><div><h3>Objectif</h3><p>L’objectif de ce travail est de montrer l’importance de la communication entre experts en toxicologie et en médecine légale.</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>Après autopsie et recueil de sang cardiaque, sang périphérique, bile et contenu gastrique, les experts de médecine légale et de toxicologie ont confronté leurs résultats.</p></div><div><h3>Résultat</h3><p>Les résultats toxicologiques montraient des concentrations sanguines potentiellement toxiques et mortelles pour l’amisulpride, clozapine, tropatépine, des concentrations suprathérapeutiques pour la loxapine, et des concentrations thérapeutiques pour le diazépam, paracétamol et zuclopenthixol. À l’autopsie et l’examen externe, l’implication d’un tiers dans le processus du décès a pu être écartée. L’examen externe retrouvait des signes de putréfaction débutant sur la face antérieure de l’abdomen, une cyanose unguéale et digitale bilatérale, et des écoulements buccaux et nasaux de liquide gastrique brunâtre et noirâtre, comparables à des vomissements fécaloïdes. L’autopsie a permis de mettre en évidence un important syndrome occlusif bas (1<!--> <!-->m de stase stercorale à partir de l’anus), associé à une colectasie mesurée au maximum à 12<!--> <!-->cm, à une dilatation grêlique et à des signes d’ischémie de la paroi digestive. De plus, un épanchement pleural bilatéral et péritonéal citrin de faibles abondances, ont été mis en évidence. Ces éléments ont permis de conclure à un décès d’origine médical, par choc hypovolémique, suite à des vomissements à un syndrome occlusif et de la constitution d’un troisième secteur digestif.</p></div><div><h3>Discussion</h3><p>La prescription de neuroleptiques en association, encore plus à haute dose, est encore pratique courante en service de psychiatrie, bien que hors AMM. Elle est souvent motivée par le phénomène de tolérance qui peut s’installer chez des patients traités depuis des années. Ces médicaments ont des effets indésirables souvent graves nécessitant une surveillance régulière. Il est tentant, lors d’un décès, de conclure à une cause toxique lorsque les concentrations sanguines retrouvées sont décrites comme potentiellement mortelles dans la littérature. Mais la confrontation de la toxicologie à l’autopsie et aux circonstances du décès peut amener à une conclusion différente. En effet, les doses médicamenteuses étaient bien tolérées par ce patient. C’est donc la non maîtrise sur plusieurs jours des effets indésirables des psychotropes, conduisant à une constipation majeure, qui est la cause principale du décès.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>L’apport des techniques de pointe servant pour les dosages pharmaco-toxicologiques est un progrès indéniable, permettant une analyse sensible et précise des concentrations sanguines des xénobiotiques. Elles demeurent cependant un examen complémentaire de l’autopsie faite par le médecin légiste. 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Abstract

Présentation du cas

Les analyses toxicologiques accompagnent très souvent les autopsies et prennent une place conséquente dans les conclusions du décès. Pour autant, elles ne sont pas toujours à suivre aveuglement. Nous présentons ici le cas de Monsieur X., 33 ans, atteint de schizophrénie et de déficience intellectuelle majeure et décédé lors d’une hospitalisation dans une unité psychiatrique fermée. Le patient a été décrit par l’équipe infirmière comme conscient et ne présentant pas de vomissements, quelques heures avant son décès. S’étant plaint, le matin de son décès, de douleurs abdominales, le patient avait reçu du « DIFFU-K », une antalgie par paracétamol et phloroglucinol, ainsi que son traitement journalier habituel, dont des laxatifs à posologie maximale. Monsieur X n’a pas bénéficié d’imagerie ou d’un transfert au centre hospitalier le plus proche. Monsieur X. est retrouvé en arrêt cardiorespiratoire en début de soirée, et décèdera malgré les tentatives de réanimation. Un obstacle médicolégal est posé et une autopsie est réalisée.

Objectif

L’objectif de ce travail est de montrer l’importance de la communication entre experts en toxicologie et en médecine légale.

Méthode

Après autopsie et recueil de sang cardiaque, sang périphérique, bile et contenu gastrique, les experts de médecine légale et de toxicologie ont confronté leurs résultats.

Résultat

Les résultats toxicologiques montraient des concentrations sanguines potentiellement toxiques et mortelles pour l’amisulpride, clozapine, tropatépine, des concentrations suprathérapeutiques pour la loxapine, et des concentrations thérapeutiques pour le diazépam, paracétamol et zuclopenthixol. À l’autopsie et l’examen externe, l’implication d’un tiers dans le processus du décès a pu être écartée. L’examen externe retrouvait des signes de putréfaction débutant sur la face antérieure de l’abdomen, une cyanose unguéale et digitale bilatérale, et des écoulements buccaux et nasaux de liquide gastrique brunâtre et noirâtre, comparables à des vomissements fécaloïdes. L’autopsie a permis de mettre en évidence un important syndrome occlusif bas (1 m de stase stercorale à partir de l’anus), associé à une colectasie mesurée au maximum à 12 cm, à une dilatation grêlique et à des signes d’ischémie de la paroi digestive. De plus, un épanchement pleural bilatéral et péritonéal citrin de faibles abondances, ont été mis en évidence. Ces éléments ont permis de conclure à un décès d’origine médical, par choc hypovolémique, suite à des vomissements à un syndrome occlusif et de la constitution d’un troisième secteur digestif.

Discussion

La prescription de neuroleptiques en association, encore plus à haute dose, est encore pratique courante en service de psychiatrie, bien que hors AMM. Elle est souvent motivée par le phénomène de tolérance qui peut s’installer chez des patients traités depuis des années. Ces médicaments ont des effets indésirables souvent graves nécessitant une surveillance régulière. Il est tentant, lors d’un décès, de conclure à une cause toxique lorsque les concentrations sanguines retrouvées sont décrites comme potentiellement mortelles dans la littérature. Mais la confrontation de la toxicologie à l’autopsie et aux circonstances du décès peut amener à une conclusion différente. En effet, les doses médicamenteuses étaient bien tolérées par ce patient. C’est donc la non maîtrise sur plusieurs jours des effets indésirables des psychotropes, conduisant à une constipation majeure, qui est la cause principale du décès.

Conclusion

L’apport des techniques de pointe servant pour les dosages pharmaco-toxicologiques est un progrès indéniable, permettant une analyse sensible et précise des concentrations sanguines des xénobiotiques. Elles demeurent cependant un examen complémentaire de l’autopsie faite par le médecin légiste. Le toxicologue et le médecin légiste doivent donc interpréter ensemble ces données toxicologiques en prenant en compte tous les facteurs ayant conduit au décès pour éviter le risque de conclusion erronée.

毒物浓度令人担忧...
病例介绍毒理学分析通常与尸检同时进行,在死亡结论中起着重要作用。但是,并不能一味盲从。我们在此介绍 X 先生的病例,X 先生 33 岁,患有精神分裂症和严重智力障碍,在一家封闭式精神病院住院期间死亡。据护理团队描述,病人在死亡前几小时神志清醒,没有呕吐。患者在死亡当天早上主诉腹痛,医生给他服用了 "DIFFU-K",一种扑热息痛和氯羟葡胺镇痛药,以及他的常规日常治疗,包括最大剂量的泻药。X 先生没有从任何影像学检查或转院治疗中获益。傍晚时分,X 先生被发现心肺功能骤停,虽经抢救无效死亡。本研究旨在证明毒理学专家和法医学专家之间沟通的重要性。方法在进行尸检并采集心血、外周血、胆汁和胃内容物后,法医学专家和毒理学专家比较了他们的结果。结果毒理学结果显示,阿米舒必利、氯氮平和托帕泰平具有潜在毒性和致命性血药浓度,洛沙平具有超治疗浓度,地西泮、扑热息痛和左旋倍他索具有治疗浓度。经过尸检和外部检查,可以排除第三方参与死亡过程的可能性。外部检查显示,腹部前表面开始出现腐烂迹象,指甲和手指双侧发绀,口腔和鼻腔流出褐色和黑色胃液,与呕吐粪便相似。尸检结果显示,患者有明显的低位闭塞综合征(距肛门 1 米处有瘀血),伴有最大 12 厘米的结肠瘀血、小肠扩张和消化道壁缺血症状。此外,还发现双侧胸腔积液和少量黄水晶色腹腔积液。讨论神经安定类药物的联合用药,尤其是大剂量联合用药,仍然是精神科病房的常见做法,尽管这并不在《精神障碍管理法》的管辖范围之内。这种做法的动机往往是已接受多年治疗的患者可能会产生耐受现象。这些药物的副作用往往很严重,需要定期监测。当病人死亡时,如果发现血液中的药物浓度在文献中被描述为可能致命,人们很容易得出结论认为是中毒所致。但如果将毒理学与尸检和死亡情况进行比较,可能会得出不同的结论。事实上,该患者对药物剂量的耐受性很好。因此,死亡的主要原因是几天来未能控制精神药物的不良反应,导致严重便秘。然而,它们仍然是法医病理学家进行尸检的补充检查。因此,毒理学家和法医病理学家必须合作解释毒理学数据,同时考虑到导致死亡的所有因素,以避免得出错误结论的风险。
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