{"title":"Contamination par isopropanol/chlorhexidine chez un nourrisson de 4 mois décédé d’une MIN","authors":"Adeline Knapp-Gisclon , Marjorie Forcet , Charlotte Mayer-Duverneuil , Jean-Claude Alvarez","doi":"10.1016/j.toxac.2024.03.042","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectifs</h3><p>Identifier l’origine de la présence d’isopropanol à concentration élevée dans le prélèvement sanguin d’un nourrisson.</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>Cas : Un nourrisson de 4 mois a été retrouvé dans son couchage, avec du vomi autour de la tête après avoir présenté des gasp chez l’assistante maternelle. Malgré la prise en charge par le SAMU, il décède un peu moins d’une heure après. L’enfant ne présentait aucun symptôme les jours précédant son décès. Le sang et le contenu gastrique de l’enfant prélevés lors d’un examen de corps nous sont adressés pour une recherche des causes de la mort dans un contexte de mort inattendue du nourrisson. Dans un second temps, une autopsie est réalisée.</p></div><div><h3>Matériel et méthode</h3><p>Le dosage des alcools (éthanol, méthanol, acétone et isopropanol) est réalisé par GC-FID, un screening large est effectué par HPLC-BD et GC-MS ainsi qu’un screening ciblé des médicaments et des stupéfiants en LC-MS/MS. La chlorhexidine est dosée en LC-MS/MS (TSQ Access Max, Thermofisher) après précipitation par l’acétonitrile. L’étalon interne utilisé est le prazépam. La séparation est réalisée sur une colonne Hypurity C18 en mode isocratique 60 % d’acétonitrile et 40 % de tampon formiate d’ammonium.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>L’autopsie conclue à un décès lié à un mécanisme asphyxique favorisé par la présence d’une épiglotte en gouttière. Au niveau toxicologique, seul de l’isopropanol à la concentration de 0,23<!--> <!-->g/L est retrouvé dans le sang prélevé lors de l’examen de corps. Il est en revanche absent du contenu gastrique. Après discussion avec le médecin, la peau de l’enfant ainsi que l’extérieur des tubes, après prélèvement, auraient été décontaminés à l’aide d’un produit à base de 2 % de chlorhexidine et 70 % d’isopropanol. Il s’agit d’une procédure mise en place lors de la pandémie COVID-19. Une recherche spécifique de chlorhexidine est alors réalisée dans le sang mettant en évidence une concentration de 879<!--> <!-->ng/mL. La présence concomitante d’isopropanol et de chlorhexidine rend donc plausible l’hypothèse d’une contamination du prélèvement par le produit désinfectant. Un deuxième tube de sang, prélevé cette fois lors de l’autopsie, nous est adressé. La recherche d’alcools et de chlorhexidine est négative confirmant bien la contamination du premier prélèvement par le produit désinfectant. De nombreux travaux ont montré l’absence de contamination des prélèvements sanguins suite à la désinfection de la peau par de l’éthanol en raison de l’importance médico-légale majeure de cette problématique. L’absence d’interférence de l’éthanolémie par l’isopropanol suite à une désinfection par de l’isopropanol à 70 % a également été montrée (Tucker A. and Trethewy C. (2010). Lack of effect on blood alcohol level of swabbing venepuncture sites with 70 % isopropyl alcohol. Emergency Medicine Australasia 22:9-12). Cependant, lors d’analyse post-mortem, il a été montré que la présence d’isopropanol sans acétone est généralement d’origine externe : embaumement ce qui n’était pas le cas ici ou préparation avant des prélèvements de tissus pour une greffe (cornée ou peau), ce qui peut se rapprocher de notre cas. (Kimberley Molina D. A. Characterization of Sources of Isopropanol Detected on Postmortem Toxicologic Analysis. Journal of Forensic Sciences 2010;55(4):998–1002)</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>La pandémie COVID-19 a été à l’origine de nombreuses modifications des procédures avec dans certains cas un possible impact sur les résultats toxicologiques. La décontamination du corps et des tubes par une solution d’isopropanol et de chlorhexidine peut être à l’origine d’une contamination du prélèvement et d’une interprétation erronée et doit donc être évitée.</p></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2024-05-16","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Toxicologie Analytique et Clinique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352007824000647","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"TOXICOLOGY","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0
Abstract
Objectifs
Identifier l’origine de la présence d’isopropanol à concentration élevée dans le prélèvement sanguin d’un nourrisson.
Méthode
Cas : Un nourrisson de 4 mois a été retrouvé dans son couchage, avec du vomi autour de la tête après avoir présenté des gasp chez l’assistante maternelle. Malgré la prise en charge par le SAMU, il décède un peu moins d’une heure après. L’enfant ne présentait aucun symptôme les jours précédant son décès. Le sang et le contenu gastrique de l’enfant prélevés lors d’un examen de corps nous sont adressés pour une recherche des causes de la mort dans un contexte de mort inattendue du nourrisson. Dans un second temps, une autopsie est réalisée.
Matériel et méthode
Le dosage des alcools (éthanol, méthanol, acétone et isopropanol) est réalisé par GC-FID, un screening large est effectué par HPLC-BD et GC-MS ainsi qu’un screening ciblé des médicaments et des stupéfiants en LC-MS/MS. La chlorhexidine est dosée en LC-MS/MS (TSQ Access Max, Thermofisher) après précipitation par l’acétonitrile. L’étalon interne utilisé est le prazépam. La séparation est réalisée sur une colonne Hypurity C18 en mode isocratique 60 % d’acétonitrile et 40 % de tampon formiate d’ammonium.
Résultats
L’autopsie conclue à un décès lié à un mécanisme asphyxique favorisé par la présence d’une épiglotte en gouttière. Au niveau toxicologique, seul de l’isopropanol à la concentration de 0,23 g/L est retrouvé dans le sang prélevé lors de l’examen de corps. Il est en revanche absent du contenu gastrique. Après discussion avec le médecin, la peau de l’enfant ainsi que l’extérieur des tubes, après prélèvement, auraient été décontaminés à l’aide d’un produit à base de 2 % de chlorhexidine et 70 % d’isopropanol. Il s’agit d’une procédure mise en place lors de la pandémie COVID-19. Une recherche spécifique de chlorhexidine est alors réalisée dans le sang mettant en évidence une concentration de 879 ng/mL. La présence concomitante d’isopropanol et de chlorhexidine rend donc plausible l’hypothèse d’une contamination du prélèvement par le produit désinfectant. Un deuxième tube de sang, prélevé cette fois lors de l’autopsie, nous est adressé. La recherche d’alcools et de chlorhexidine est négative confirmant bien la contamination du premier prélèvement par le produit désinfectant. De nombreux travaux ont montré l’absence de contamination des prélèvements sanguins suite à la désinfection de la peau par de l’éthanol en raison de l’importance médico-légale majeure de cette problématique. L’absence d’interférence de l’éthanolémie par l’isopropanol suite à une désinfection par de l’isopropanol à 70 % a également été montrée (Tucker A. and Trethewy C. (2010). Lack of effect on blood alcohol level of swabbing venepuncture sites with 70 % isopropyl alcohol. Emergency Medicine Australasia 22:9-12). Cependant, lors d’analyse post-mortem, il a été montré que la présence d’isopropanol sans acétone est généralement d’origine externe : embaumement ce qui n’était pas le cas ici ou préparation avant des prélèvements de tissus pour une greffe (cornée ou peau), ce qui peut se rapprocher de notre cas. (Kimberley Molina D. A. Characterization of Sources of Isopropanol Detected on Postmortem Toxicologic Analysis. Journal of Forensic Sciences 2010;55(4):998–1002)
Conclusion
La pandémie COVID-19 a été à l’origine de nombreuses modifications des procédures avec dans certains cas un possible impact sur les résultats toxicologiques. La décontamination du corps et des tubes par une solution d’isopropanol et de chlorhexidine peut être à l’origine d’une contamination du prélèvement et d’une interprétation erronée et doit donc être évitée.