Laurie Gheddar , Anne Checkouri , Alice Ameline , Nadia Arbouche , Jean-Sébastien Raul , Pascal Kintz
{"title":"Résultat anormal au molidustat : quelle(s) cause(s) ? Analyse des compléments alimentaires et des cheveux d’un athlète","authors":"Laurie Gheddar , Anne Checkouri , Alice Ameline , Nadia Arbouche , Jean-Sébastien Raul , Pascal Kintz","doi":"10.1016/j.toxac.2024.03.040","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectifs</h3><p>Développer une méthode d’identification et de quantification du molidustat dans les cheveux et l’appliquer à un cas réel de suspicion de contamination par un complément alimentaire.</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>Selon les règles de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA), à la suite d’un résultat anormal dans les urines, la preuve de la charge revient au sportif.</p><p>Dans cette étude, les auteurs rapportent le cas d’un athlète professionnel présentant un résultat anormal dans les urines pour le molidustat (><!--> <!-->1000<!--> <!-->ng/mL). Le molidustat ou BAY-3994 est un inhibiteur des propyl hydroxylases du facteur inductible à l’hypoxie (HIF-PHI) et fait l’objet d’essai clinique en tant que nouveau traitement pour l’anémie associée à l’insuffisance rénale chronique. Cette molécule imiterait l’hypoxie et augmenterait la production endogène d’EPO. Dans ce cadre-là, cette substance est interdite en permanence dans le sport par l’Agence Mondiale Antidopage et classée S2. Hormones peptidiques, facteurs de croissance, substances apparentées et mimétiques.</p><p>L’athlète a contesté ce résultat et a avancé une cause de contamination par complément alimentaire. Sur conseil de ses avocats et en discussion avec le toxicologue, des cheveux (4<!--> <!-->cm, noir) ont été prélevés 4 semaines après le contrôle urinaire et envoyé au laboratoire. Des compléments alimentaires ont également été envoyés pour rechercher une éventuelle contamination par molidustat.</p><p>L’identification du molidustat dans les cheveux n’a jamais été décrite dans la littérature. Pour répondre à de futurs demandes concernant les HIF-PHI, une méthode permettant d’identifier et de quantifier dans les cheveux trois molécules de cette classe (molidustat, roxadustat et vadadustat) a été développée. Trente milligramme de cheveux (non segmentés du fait de la nature crépue) sont incubés (15<!--> <!-->h, 40<!--> <!-->°C) dans un tampon à pH 8,4 en présence de 1<!--> <!-->ng de testostérone-D3, utilisé comme standard interne. Après ajout d’un mélange éther/acétate d’éthyle (80/20), puis agitation et centrifugation, la phase organique est évaporée, reprise dans 30<!--> <!-->μL de phase initiale et 5<!--> <!-->μL sont injectés sur le système LC-MS/MS. Les compléments alimentaires ont été broyés (si cela était nécessaire) et mis en solution dans du méthanol. Après agitation et centrifugation, le méthanol a été injecté sur le système LC-MS/MS.</p><p>Les transitions choisies pour quantifier le molidustat sont m/z 315<!--> <!-->><!--> <!-->207 (quantification) et 315<!--> <!-->><!--> <!-->137 (confirmation).</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>La méthode est linéaire de 10 à 500<!--> <!-->pg/mg pour les cheveux avec une limite de quantification à 10<!--> <!-->pg/mg pour le molidustat. L’analyse des cheveux a mis en évidence la présence de molidustat à 135<!--> <!-->pg/mg. Ce prélèvement couvre la période du contrôle urinaire et semble confirmer le résultat urinaire. Néanmoins, l’analyse des compléments alimentaires s’est révélée positive pour un des cinquante compléments avec des concentrations de l’ordre de 140<!--> <!-->μg/g de molidustat identifié. 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En effet, malgré l’absence d’étude contrôlée sur la cinétique d’élimination du molidustat dans les urines, la consommation de 4,9 à 9,8<!--> <!-->mg de molidustat par jour répétée sur plusieurs semaines peut être cohérente avec les concentrations mesurées dans les urines et confirmer la thèse d’une contamination par un complément alimentaire.</p></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 2","pages":"Pages S29-S30"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2024-05-16","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Toxicologie Analytique et Clinique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352007824000623","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"TOXICOLOGY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Objectifs
Développer une méthode d’identification et de quantification du molidustat dans les cheveux et l’appliquer à un cas réel de suspicion de contamination par un complément alimentaire.
Méthode
Selon les règles de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA), à la suite d’un résultat anormal dans les urines, la preuve de la charge revient au sportif.
Dans cette étude, les auteurs rapportent le cas d’un athlète professionnel présentant un résultat anormal dans les urines pour le molidustat (> 1000 ng/mL). Le molidustat ou BAY-3994 est un inhibiteur des propyl hydroxylases du facteur inductible à l’hypoxie (HIF-PHI) et fait l’objet d’essai clinique en tant que nouveau traitement pour l’anémie associée à l’insuffisance rénale chronique. Cette molécule imiterait l’hypoxie et augmenterait la production endogène d’EPO. Dans ce cadre-là, cette substance est interdite en permanence dans le sport par l’Agence Mondiale Antidopage et classée S2. Hormones peptidiques, facteurs de croissance, substances apparentées et mimétiques.
L’athlète a contesté ce résultat et a avancé une cause de contamination par complément alimentaire. Sur conseil de ses avocats et en discussion avec le toxicologue, des cheveux (4 cm, noir) ont été prélevés 4 semaines après le contrôle urinaire et envoyé au laboratoire. Des compléments alimentaires ont également été envoyés pour rechercher une éventuelle contamination par molidustat.
L’identification du molidustat dans les cheveux n’a jamais été décrite dans la littérature. Pour répondre à de futurs demandes concernant les HIF-PHI, une méthode permettant d’identifier et de quantifier dans les cheveux trois molécules de cette classe (molidustat, roxadustat et vadadustat) a été développée. Trente milligramme de cheveux (non segmentés du fait de la nature crépue) sont incubés (15 h, 40 °C) dans un tampon à pH 8,4 en présence de 1 ng de testostérone-D3, utilisé comme standard interne. Après ajout d’un mélange éther/acétate d’éthyle (80/20), puis agitation et centrifugation, la phase organique est évaporée, reprise dans 30 μL de phase initiale et 5 μL sont injectés sur le système LC-MS/MS. Les compléments alimentaires ont été broyés (si cela était nécessaire) et mis en solution dans du méthanol. Après agitation et centrifugation, le méthanol a été injecté sur le système LC-MS/MS.
Les transitions choisies pour quantifier le molidustat sont m/z 315 > 207 (quantification) et 315 > 137 (confirmation).
Résultats
La méthode est linéaire de 10 à 500 pg/mg pour les cheveux avec une limite de quantification à 10 pg/mg pour le molidustat. L’analyse des cheveux a mis en évidence la présence de molidustat à 135 pg/mg. Ce prélèvement couvre la période du contrôle urinaire et semble confirmer le résultat urinaire. Néanmoins, l’analyse des compléments alimentaires s’est révélée positive pour un des cinquante compléments avec des concentrations de l’ordre de 140 μg/g de molidustat identifié. Selon les habitudes du sportif, la consommation de ce complément aurait entraîné une consommation journalière de molidustat de l’ordre de 4,9 à 9,8 mg.
Conclusion
Le molidustat a été identifié pour la première fois dans les cheveux. L’absence de donnée dans la littérature rend difficile l’interprétation dans les cheveux mais pourrait correspondre à une exposition répétée sans pouvoir donner ni la dose ni la fréquence de consommation. Le résultat positif dans un des compléments alimentaires du sportif pourrait expliquer, quant à lui, les concentrations urinaires observées. En effet, malgré l’absence d’étude contrôlée sur la cinétique d’élimination du molidustat dans les urines, la consommation de 4,9 à 9,8 mg de molidustat par jour répétée sur plusieurs semaines peut être cohérente avec les concentrations mesurées dans les urines et confirmer la thèse d’une contamination par un complément alimentaire.