Florian Hakim , Alexandr Gish , Jean-François Wiart , Raphaël Cornez , Philippe Morbidelli , Benoit Bertrand , Valéry Hédouin , Delphine Allorge , Jean-Michel Gaulier
{"title":"Analyses toxicologiques post-mortem dans les cheveux, les ongles, les os et les fragments de tissus des corps squelettisés ?","authors":"Florian Hakim , Alexandr Gish , Jean-François Wiart , Raphaël Cornez , Philippe Morbidelli , Benoit Bertrand , Valéry Hédouin , Delphine Allorge , Jean-Michel Gaulier","doi":"10.1016/j.toxac.2024.03.082","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectifs</h3><p>Les investigations toxicologiques dans des échantillons biologiques prélevés sur des corps hautement décomposés et l’interprétation des résultats observés sont toutes deux difficiles. Plusieurs écueils sont à envisager (redistribution et/ou dégradation post-mortem des xénobiotiques, contamination par des fluides de putréfaction…). De plus, dans le cas de la squelettisation, peu de matrices biologiques sont disponibles pour les médecins légistes et les toxicologues, c’est-à-dire les matrices kératinisées (cheveux et ongles), les os et les fragments de tissus. Néanmoins, l’analyse toxicologique de tels spécimens peut présenter un intérêt, comme le montre le cas présenté.</p><p>En hiver, des restes humains non identifiés ont été découverts dans la forêt par un chasseur. Le corps, vêtu d’une tenue masculine de mi-saison, gisait au sol en décubitus dorsal, recouvert de branchages, sans aucun effet personnel hormis des chaussures taille 43 européenne à proximité. Il était presque entièrement squelettique, avec des désarticulations partielles et des traces de moisissures, compatibles avec une longue période post-mortem. L’examen anthropologique a révélé neuf lésions osseuses (cinq sur le crâne, une sur la mandibule, une sur la colonne vertébrale, une sur le membre supérieur gauche et une sur le membre inférieur droit) correspondant à des marques provoquées par un objet pointu (couteau). Ces empreintes osseuses impliquent que l’arme, dans sa trajectoire, a lésé des tissus mous anatomiquement liés à cette trajectoire : notamment, la lésion sur la mandibule était située à proximité du fascicule jugulocarotidien. Tous les ossements correspondaient à un sujet humain de sexe masculin, dont l’âge est estimé entre 27 et 66 ans, décédé il y a moins d’un an, et les conclusions médico-légales suggèrent donc fortement un homicide par arme blanche. Des cheveux (touffe de cheveux noirs de 2 à 4<!--> <!-->cm de longueur), un seul ongle entier de la main gauche et une section de fémur (avec des fragments de tissus mous adhérents) ont été prélevés pour des examens toxicologiques.</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>Après les étapes de décontamination, les échantillons ont été analysés par LC-MS/MS et LC-HRMS selon des méthodes publiées précédemment en utilisant des bases de données maison de plus de 1800 substances dont plus de 700 nouvelles substances psychoactives ou métabolites [Wiart J.F. et al. Int J Legal Med 2020;134(4):1339-1344, Aly S. et al. Legal medicine 2023;63:102261].</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Les résultats toxicologiques positifs concernaient les cannabinoïdes et la cocaïne (et leurs métabolites associés) détectés dans les quatre échantillons post-mortem (pg/mg ; fragments de tissus/os/ongles/cheveux) : THC : 1460/18/24/1025 ; CDB : 770/168/219/660 ; CBN : 290/62/92/266 ; cocaïne : 505/281/714/4620 ; benzoylecgonine : 291/162/535/2160 ; ecgonineméthylester : 77/21/43/45. Ces résultats indiquent une exposition antemortem de la victime à ces drogues d’abus, mais l’interprétation des concentrations dans les cheveux et les ongles est compromise en raison d’une contamination prévisible par les fluides de putréfaction.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>En cas de résultats toxicologiques positifs dans des échantillons biologiques prélevés sur des corps fortement décomposés (tels que des cheveux, des os ou des ongles), il est difficile de déterminer le moment et, plus encore, le niveau d’exposition à des psychotropes. Néanmoins, dans le cas présent, l’exposition à de la cocaïne et à du cannabis (usage ou abus, … voire contexte de trafic de produits stupéfiants ?) participe aux éléments permettant aux enquêteurs d’identifier la victime (investigations d’identification non abouties à ce jour).</p></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 2","pages":"Page S54"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2024-05-16","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Toxicologie Analytique et Clinique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352007824001045","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"TOXICOLOGY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Objectifs
Les investigations toxicologiques dans des échantillons biologiques prélevés sur des corps hautement décomposés et l’interprétation des résultats observés sont toutes deux difficiles. Plusieurs écueils sont à envisager (redistribution et/ou dégradation post-mortem des xénobiotiques, contamination par des fluides de putréfaction…). De plus, dans le cas de la squelettisation, peu de matrices biologiques sont disponibles pour les médecins légistes et les toxicologues, c’est-à-dire les matrices kératinisées (cheveux et ongles), les os et les fragments de tissus. Néanmoins, l’analyse toxicologique de tels spécimens peut présenter un intérêt, comme le montre le cas présenté.
En hiver, des restes humains non identifiés ont été découverts dans la forêt par un chasseur. Le corps, vêtu d’une tenue masculine de mi-saison, gisait au sol en décubitus dorsal, recouvert de branchages, sans aucun effet personnel hormis des chaussures taille 43 européenne à proximité. Il était presque entièrement squelettique, avec des désarticulations partielles et des traces de moisissures, compatibles avec une longue période post-mortem. L’examen anthropologique a révélé neuf lésions osseuses (cinq sur le crâne, une sur la mandibule, une sur la colonne vertébrale, une sur le membre supérieur gauche et une sur le membre inférieur droit) correspondant à des marques provoquées par un objet pointu (couteau). Ces empreintes osseuses impliquent que l’arme, dans sa trajectoire, a lésé des tissus mous anatomiquement liés à cette trajectoire : notamment, la lésion sur la mandibule était située à proximité du fascicule jugulocarotidien. Tous les ossements correspondaient à un sujet humain de sexe masculin, dont l’âge est estimé entre 27 et 66 ans, décédé il y a moins d’un an, et les conclusions médico-légales suggèrent donc fortement un homicide par arme blanche. Des cheveux (touffe de cheveux noirs de 2 à 4 cm de longueur), un seul ongle entier de la main gauche et une section de fémur (avec des fragments de tissus mous adhérents) ont été prélevés pour des examens toxicologiques.
Méthode
Après les étapes de décontamination, les échantillons ont été analysés par LC-MS/MS et LC-HRMS selon des méthodes publiées précédemment en utilisant des bases de données maison de plus de 1800 substances dont plus de 700 nouvelles substances psychoactives ou métabolites [Wiart J.F. et al. Int J Legal Med 2020;134(4):1339-1344, Aly S. et al. Legal medicine 2023;63:102261].
Résultats
Les résultats toxicologiques positifs concernaient les cannabinoïdes et la cocaïne (et leurs métabolites associés) détectés dans les quatre échantillons post-mortem (pg/mg ; fragments de tissus/os/ongles/cheveux) : THC : 1460/18/24/1025 ; CDB : 770/168/219/660 ; CBN : 290/62/92/266 ; cocaïne : 505/281/714/4620 ; benzoylecgonine : 291/162/535/2160 ; ecgonineméthylester : 77/21/43/45. Ces résultats indiquent une exposition antemortem de la victime à ces drogues d’abus, mais l’interprétation des concentrations dans les cheveux et les ongles est compromise en raison d’une contamination prévisible par les fluides de putréfaction.
Conclusion
En cas de résultats toxicologiques positifs dans des échantillons biologiques prélevés sur des corps fortement décomposés (tels que des cheveux, des os ou des ongles), il est difficile de déterminer le moment et, plus encore, le niveau d’exposition à des psychotropes. Néanmoins, dans le cas présent, l’exposition à de la cocaïne et à du cannabis (usage ou abus, … voire contexte de trafic de produits stupéfiants ?) participe aux éléments permettant aux enquêteurs d’identifier la victime (investigations d’identification non abouties à ce jour).
从高度腐烂的尸体中提取的生物样本的毒理学调查和对所观察到的结果的解释都很困难。需要考虑几个陷阱(异种生物的再分布和/或死后降解、腐败液的污染等)。此外,在骸骨化的情况下,法医病理学家和毒理学家可利用的生物基质很少,即角质化基质(毛发和指甲)、骨骼和组织碎片。尽管如此,对这些标本进行毒理学分析也是有意义的,本文介绍的案例就说明了这一点:冬天,一位猎人在森林中发现了一具身份不明的人类遗骸。冬季,一位猎人在森林中发现了一具身份不明的人体遗骸。 尸体身着中年男性服装,仰卧在地上,身上覆盖着树枝,附近除了一双 43 码的欧洲鞋外,没有其他个人物品。尸体几乎完全是骨骼,有部分肢体分离和发霉的痕迹,与死后很长时间的情况相符。人类学检查发现了九处骨头损伤(头骨五处、下颌骨一处、脊柱一处、左上肢一处、右下肢一处),与锐器(刀)留下的痕迹相对应。这些骨痕表明,凶器在其运动轨迹上伤害了与这一轨迹有解剖联系的软组织:特别是下颌骨上的伤痕位于颈静脉束附近。所有骨骼都与一名男性受试者相符,年龄估计在 27 岁至 66 岁之间,死亡时间不到一年,因此法医鉴定结果强烈表明他是被刺死的。方法经过去污步骤后,根据之前公布的方法,利用内部数据库中 1800 多种物质(包括 700 多种新的精神活性物质或代谢物),对样本进行 LC-MS/MS 和 LC-HRMS 分析[Wiart J. F. et al.F. et al. Int J Legal Med 2020;134(4):1339-1344,Aly S. et al. Legal medicine 2023;63:102261]。结果四份尸检样本中检测到的大麻素和可卡因(及其相关代谢物)毒理学结果呈阳性(皮克/毫克;组织碎片/骨头/指甲/头发):四氢大麻酚:1460/18/24/1025;CBD:770/168/219/660;CBN:290/62/92/266;可卡因:505/281/714/4620;苯甲酰可待因:291/162/535/2160;蜕皮激素甲酯:77/21/43/45。这些结果表明受害人在死前曾接触过这些滥用药物,但由于可预见的腐败液体污染,对头发和指甲中药物浓度的解释受到了影响。结论在从高度腐烂的尸体(如头发、骨头或指甲)中提取的生物样本中得出阳性毒理学结果的情况下,很难确定接触精神药物的时间,更难确定接触的程度。然而,在本案中,接触可卡因和大麻(使用或滥用,......甚至贩毒?)是调查人员能够确定受害者身份的因素之一(身份调查尚未完成)。