{"title":"LE SAMA : DANSE ET PHENOMENOLOGIE","authors":"Merve Kaptan","doi":"10.58242/millifolklor.1309806","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Au départ, une question d’érudit : quelle conception de la danse soufie pouvons-nous développer en premier lieu ? Cette question implique certainement un examen approfondi des traditions soufies turques. Or, au sens où nous, les modernes, l’entendons, en ce qui concerne le corps visible, il n'existe actuellement qu'une gesticulation très vivante et raffinée. Mais au regard de l’argumentation d’ensemble, il semble possible d'affirmer que la danse est finalement considérée comme un écart, même excessif, par rapport à un état ‘normal’ du corps communicant, du corps qui parle et gesticule dans l'intention de communiquer. La danse en vient finalement à se déterminer comme écart, et même écart excessif. Comme rupture de vraisemblance. La danse soufie désigne non seulement un écart quantitatif mais également le risque d’une bascule qualitative du corps hors de la signification, sa chute dans l’insignifiance sensible. Dans cette étude, je vais établir une approche sémiologique concernant les aspects gestuels, les mouvements et le corps dans la danse soufie ou le samâ, qui est en général classé dans la catégorie danse non-théâtrale. Il serait donc souhaitable que le terme non-théâtrale, à la fois vague et connoté, soit envisagé avec prudence et que son emploie soit justifié. Pour ce faire, il s’agit de montrer que les gestes dans la danse ne sont plus pensés comme l’accompagnement charnel et spontané de la parole, mais bel et bien comme le premier mode possible de communication, comme protolangage. Ensuite je vais traiter la danse soufie en relation avec la philosophie de la Grèce antique et la phénoménologie heideggérienne pour explorer les dimensions philosophiques et phénoménologiques de samâ, autour de la question de la transcendance et de la présence. Dans la danse soufie, les danseurs cherchent à atteindre un état de transe ou d’extase, transcendant ainsi les limites de la conscience ordinaire pour atteindre une expérience de présence et d’union mystique avec le divin. Cela peut être associé à l’idée de transcendance dans la philosophie de Plotin ; le corps dansant, en tant qu'une forme d'unité spontanée des articulations intelligibles, manifeste une intelligence unifiée à travers le corps appartenant à l'univers physique. La phénoménologie heideggérienne, développé par le philosophe Martin Heidegger, s’intéresse à l’étude de l’existence humaine et à la manière dont nous sommes au monde. L'approche phénoménologique de Heidegger à propos du corps dansant en tant qu'une œuvre d'art présente des similarités avec la philosophie cosmologique de Plotin : les tensions entre ce qui est physique et psychologique, en d'autres termes entre ce qui est incorporé et la vie psychique de ce corps qui s'efforce de s'exprimer, se trouvent dans l'opposition du monde et de la terre. Ainsi, il est possible d’améliorer notre compréhension de la dimension spirituelle, corporelle et phénoménologique de la danse soufie, ainsi que de sa signification existentielle en examinant les liens entre la philosophie de la Grèce antique et la phénoménologie heideggérienne.","PeriodicalId":44416,"journal":{"name":"Milli Folklor","volume":"37 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.1000,"publicationDate":"2023-09-22","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Milli Folklor","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58242/millifolklor.1309806","RegionNum":4,"RegionCategory":"社会学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"0","JCRName":"FOLKLORE","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Au départ, une question d’érudit : quelle conception de la danse soufie pouvons-nous développer en premier lieu ? Cette question implique certainement un examen approfondi des traditions soufies turques. Or, au sens où nous, les modernes, l’entendons, en ce qui concerne le corps visible, il n'existe actuellement qu'une gesticulation très vivante et raffinée. Mais au regard de l’argumentation d’ensemble, il semble possible d'affirmer que la danse est finalement considérée comme un écart, même excessif, par rapport à un état ‘normal’ du corps communicant, du corps qui parle et gesticule dans l'intention de communiquer. La danse en vient finalement à se déterminer comme écart, et même écart excessif. Comme rupture de vraisemblance. La danse soufie désigne non seulement un écart quantitatif mais également le risque d’une bascule qualitative du corps hors de la signification, sa chute dans l’insignifiance sensible. Dans cette étude, je vais établir une approche sémiologique concernant les aspects gestuels, les mouvements et le corps dans la danse soufie ou le samâ, qui est en général classé dans la catégorie danse non-théâtrale. Il serait donc souhaitable que le terme non-théâtrale, à la fois vague et connoté, soit envisagé avec prudence et que son emploie soit justifié. Pour ce faire, il s’agit de montrer que les gestes dans la danse ne sont plus pensés comme l’accompagnement charnel et spontané de la parole, mais bel et bien comme le premier mode possible de communication, comme protolangage. Ensuite je vais traiter la danse soufie en relation avec la philosophie de la Grèce antique et la phénoménologie heideggérienne pour explorer les dimensions philosophiques et phénoménologiques de samâ, autour de la question de la transcendance et de la présence. Dans la danse soufie, les danseurs cherchent à atteindre un état de transe ou d’extase, transcendant ainsi les limites de la conscience ordinaire pour atteindre une expérience de présence et d’union mystique avec le divin. Cela peut être associé à l’idée de transcendance dans la philosophie de Plotin ; le corps dansant, en tant qu'une forme d'unité spontanée des articulations intelligibles, manifeste une intelligence unifiée à travers le corps appartenant à l'univers physique. La phénoménologie heideggérienne, développé par le philosophe Martin Heidegger, s’intéresse à l’étude de l’existence humaine et à la manière dont nous sommes au monde. L'approche phénoménologique de Heidegger à propos du corps dansant en tant qu'une œuvre d'art présente des similarités avec la philosophie cosmologique de Plotin : les tensions entre ce qui est physique et psychologique, en d'autres termes entre ce qui est incorporé et la vie psychique de ce corps qui s'efforce de s'exprimer, se trouvent dans l'opposition du monde et de la terre. Ainsi, il est possible d’améliorer notre compréhension de la dimension spirituelle, corporelle et phénoménologique de la danse soufie, ainsi que de sa signification existentielle en examinant les liens entre la philosophie de la Grèce antique et la phénoménologie heideggérienne.
期刊介绍:
Millî Folklor Uluslararası Kültür Araştırmaları Dergisi 1989 yılında yayın hayatına başlamıştır. Halk Bilimi, Etnoloji, Antropoloji, Edebiyat ve kültür araştırmaları alanındaki çalışmalara yer veren Millî Folklor Dergisi 1998 yılından itibaren kimi ulusal/uluslararası indeksler ve veritabanları tarafından taranmaktadır. A&HCI, CSA, EBSCO, GJS, IBSS, MLA, SCOPUS, SJR, TA, UPD ve TÜBİTAK/ULABİM tarafından kaydedilen Millî Folklor Dergisi, araştırma, derleme, inceleme, çeviri ve tanıtma içerikli bilimsel metni hem basılı hem de elektronik ortamda okuru ile paylaşmaktadır.