De tout temps des catastrophes humaines sont survenues suite à des mouvements de foule dans le cadre d’événements programmés conduisant à des grands rassemblements : deux exemples qui ont marqué nos mémoires :
– le match de foot au stade du Heysel le 29 mai 1985 : 39 morts suite à un mouvement de supporters dans l’enceinte du stade lors d’un match de football ;
– plus récemment le 21 octobre 2022, 153 morts à Séoul, lors d’une fête Halloween.
Dans tous les cas un dispositif prévisionnel de secours (DPS) est présent mais son dimensionnement était-il suffisant pour anticiper ces situations sanitaires exceptionnelles (SSE) ?
Le 30 mars lors d’un exercice ORSEC NOVI au Mont-Saint-Michel (50) construit autour d’un évènement festif conduisant à un mouvement de foule et à l’évacuation du site, le Directeur des opérations, Préfet de la Manche déclarait dans la presse locale « la bousculade c’est ce que l’on craint le plus ». En vue des prochains grands événements sportifs, Coupe du Monde de rugby et Jeux Olympiques, le mouvement de foule est un élément qui sera pris en compte dans l’analyse du risque de ces grands rassemblements conduisant au dimensionnement du DPS, qui doit s’interfacer avec les dispositifs ORSEC NOVI et ORSAN AMAVI.
Nos services sont régulièrement sollicités et impliqués dans l’élaboration et la mise en œuvre du dispositif prévisionnel de secours. Des outils sont aujourd’hui disponibles pour répondre aux principes de la doctrine qui est d’Évaluer par l’Analyse, Anticiper par la Prévention, Sécuriser par la Préparation, et Conduire par la maîtrise du dispositif.
Des indicateurs sont utilisables pour dimensionner le dispositif :
– P2 pour le type d’activité du rassemblement ;
– E1 pour les caractéristiques de l’environnement et de l’accessibilité du site ;
– E2 pour les délais d’accès des secours organisés.
Ces trois indicateurs permettant de déterminer l’indice total du risque qui en fonction du public attendu précisera le ratio intervenants/secouristes (RIS).
Des recommandations de la Société française de médecine d’urgence et de SAMU-Urgences de France (SUDF) déterminent les situations justifiant d’un dispositif préventif médical (DPM) comme cela a été le cas pour le départ du Route du Rhum qui a accueilli en octobre 2022, chaque jour et pendant 15 jours, plus de 100 000 visiteurs. Ce DPM est organisé en lien avec le SAMU-Centre 15 territorialement compétent dont c’est la mission réglementaire, fixée par le décret d’application de la loi de l’aide médicale urgente de 1986, d’assurer la couverture médicale préventive lors des grands rassemblements de population et de participer à l’élaboration et à la mise œuvre des plans de secours, notamment ORSEC NOVI et ORSAN AMAVI, qui seront déclenchés dans le cas d’un mouvement de foule afin de renforcer les moyens du DPS et DPM positionnés sur le site de l’évènement.
Pour des grands rassemblements, le Préfet pourra compléter ces dispositifs DPS-DPM d’un dispositif d’État visant à anticiper une SSE avec la mise en place d’un PCIS (PC inter-services) qui évoluera en PC opérationnel en cas de déclenchement du plan ORSEC NOVI et le pré positionnement les moyens du dispositif ORSEC NOVI : poste médical avancé (PMA), lot PSM1, voire PSM2, unité de décontamination et mise en place d’un réseau tactique de communications. C’est l’organisation qui prévaut chaque année pour la compétition automobile des 24 heures du Mans après l’accident de 1955 qui avait provoqué une SSE avec 84 morts et plus de 30 blessés.
Les prochains grands évènements sportifs, à l’origine de grands rassemblements, vont conduire à la mise en place de DPS et de DPM qui devront intégrer le risque d’un mouvement de foule conduisant à une SSE. L’analyse du risque et l’anticipation sont la clé pour le bon dimensionnement de ces dispositifs, et ce au vu des RetEx dont nous disposons, le dispositif devant permettre le passage immédiat du « prudentiel » à la gestion de crise en interface avec les dispositifs ORSEC NOVI et ORSAN AMAVI.