La réponse médicale à une situation sanitaire exceptionnelle nécessite la mobilisation de nombreux moyens interministériels, publics comme privés. Son efficience dépend de la capacité à mobiliser et coordonner divers services, sanitaires ou non. L’épidémie de la COVID-19, entre autres, a mis en avant la nécessité et les possibilités de délestage de certaines régions saturées en transportant des patients critiques sur de grandes distances (TGV Chardon et missions aériennes Hippocampe et Manuéa).
Les exercices de simulation de grande ampleur sont un outil pédagogique indispensable. Ils permettent d’optimiser la coordination interservices et d’acquérir des connaissances mutuelles des différents intervenants. Afin de tester en grandeur réelle la prise en charge et le transport de victimes en grand nombre, nous avons associé les exercices interservices annuels du SAMU 30 et du SAMU 75 de la capacité de médecine de catastrophe (Figure 1). Cela permettait la mise en pratique du plan ORSEC NoVi pour les équipes médicales locales, la mobilisation d’équipes SAMU/SMUR en renfort au niveau national, le montage d’un centre médical de transit et d’évacuation (CMTE), le triage et les évacuations massives de victimes par différents vecteurs (terrestre : bus ; ferroviaire : train ; aérien : avion) grâce à une collaboration public et privé orchestrée par le centre opérationnel de régulation et de réponses aux urgences sanitaires et sociales (CORRUSS).
Le contexte de l’exercice postule que les services de soins critiques sont saturés dans la région Occitanie par une 7e vague épidémique. Par ailleurs, des commandos terroristes ont lancé une attaque multi-sites depuis quelques jours. Dans ce contexte, un renfort national en vue d’EVASAN est demandé par le ministère de la santé au SAMU zonal d’Ile-de-France Un train et un avion de Paris avec renforts matériels et humains sont envoyés à Nîmes, avec pour mission de monter un CMTE et d’organiser les évacuations de multiples patients. Le lendemain, une attaque par arme à feu suivie d’un incendie et d’une prise d’otages fait de nombreuses victimes sur Nîmes. L’opération MISTRAL s’accélère.
Une nécessaire coordination entre le SAMU 30 et les équipes de renfort se met en place avec des flux multiples d’évacuations de victimes. Les extrêmes urgences sont transportées sur les structures sanitaires locales pour damage control. Les urgences absolues (UA) stabilisées sur place dans le poste médical avancé (PMA) et quelques urgences relatives (UR) sont orientées au CMTE. Celui-ci permet un regroupement, une traçabilité, un triage, une prise en charge médicopsychologique des victimes, une sécurisation et une régulation des EVASAN. L’exercice a permis de tester différents vecteurs d’évacuation à partir du CMTE :
– un car, mobilisable facilement et rapidement, pour huit UA médicalisées par deux médecins, trois infirmiers et deux logisticiens, permettant des évacuations sur de grandes distances, en porte à porte avec possibilités d’avoir plusieurs lieux d’accueil sur le trajet.
– un train, mobilisable en quelques heures, avec une voiture dédiée, permettant d’évacuer de nombreux patients sur de longues distances.
– un avion Airbus A350, mobilisable dans la journée, permettant d’évacuer de nombreux patients sur de très longues distances.
Tous ces vecteurs ont des avantages incontestables. Ce sont de réels défis techniques (logistique matérielle, alimentation électrique, brancardage, espace, durée de transport, etc.), mais aussi un défi lié à la stratégie de triage des patients, d’où l’intérêt du CMTE.
Les Directeurs de secours médicaux (DSM) et les Directeurs médicaux de crise (DMC) doivent être sensibilisés à ces possibilités de vecteurs sanitaires pouvant servir à projeter des renforts matériels et humains sur une zone sinistrée ou saturée, mais aussi à réaliser des EVASAN multiples.