Le monastère buissonnier par Simon Nadeau (review)
IF 0.1
4区 文学
0 LITERATURE, ROMANCE
Khadija Khalifé
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Abstract
Reviewed by: Le monastère buissonnier par Simon Nadeau Khadija Khalifé Nadeau, Simon. Le monastère buissonnier. Boréal, 2022. ISBN 978-2-7646-3722-7. Pp. 368. Les grands poètes et penseurs sont des novateurs qui s’inscrivent nettement contre l’orthodoxie de tous genres grâce à leur liberté d’esprit et de réflexion. Par l’intermédiaire de son protagoniste La-Mèche-Noire, Simon Nadeau réfléchit aux concepts de la liberté et de l’évolution humaines dans un monde naturellement dominé par le joug des aliénations. Le protagoniste relit les philosophes, dont Hegel pour qui le progrès de l’humanité réside “dans la conscience que l’esprit a de sa liberté” (58). Il conclut que l’esprit doit trouver un appui—paradoxalement un ailleurs—pour “se dégager de ce qui l’asservit du dedans comme du dehors” (60). L’auteur illustre ses conclusions à travers une multitude d’histoires enchaînées les unes aux autres. Et, nous transportant d’un ailleurs à un autre, chaque histoire a ses personnages, sa trame et son envol. On commence par La-Mèche-Noire résidant à Montréal au caravanier et son fils en Égypte, et on passe à la princesse Sinalayoura, et puis à d’autres personnages à Novossibirsk, à Tokyo, au Cameroun. Et on continue avec d’autres histoires passionnantes survenues en Inde. Bien que les unités de lieu et de temps éclatent, toutes ces histoires, récentes, anciennes ou légendaires, ont comme fil conducteur des personnages vagabonds qui partagent le même rejet des doctrines figées et la même utopie d’un ailleurs qui mènerait à la plénitude. L’allégorie du “monastère buissonnier”—oxymore combinant l’exil extérieur et l’exaltation intérieure—est rendue par l’image de ces moines gyrovagues qui ne sont établis nulle part et qui se déplacent au gré de “leur ferveur ou leur fantaisie” (129). Le vagabondage à la bohémienne n’est pas une fin en soi, mais un prérequis permettant aux différents personnages de s’aventurer dans l’inconnu “pour créer du nouveau” (168–69). Comment ne pas y voir des résonances avec l’invitation baudelairienne: “Allons au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau”? La quête est sans fin, et l’acte de créer est en gestation, en devenir, parce qu’on ne fait, encore et encore, que se préparer à partir, comme l’atteste la dernière phrase de l’ouvrage: “Audrey put dire ce qui avait été le rêve de sa vie: Partons! C’était sa manière à elle de dire: Créons!” (297). Tous les personnages partent—littéralement—pour une destinée qui leur est propre car chacun boit aux “sources secrètes qui exaltent [sa] soif” (12). Or, chaque fois qu’on est sur le point d’atteindre sa destination (qu’elle soit nommée liberté suprême, exaltation, sublimation ou plénitude), celle-ci se dérobe parce qu’elle est fugace, constamment ailleurs. Tout comme l’écriture qui ne parvient jamais au bout de son parcours. Et comme l’auteur, dont le premier roman L’art de rater sa vie (FR 93.1) marque déjà une vocation à l’encontre de “l’esprit du temps”, et qui continue ici ses fugues dans d’autres contrées parce qu’il n’a pas rassasié sa soif de découvrir: “Nulle demeure pour ma soif”, fait-il dire à l’un de ses personnages, car “ce que nous cherchons n’existe pas encore” (31). L’auteur est emporté dans une promesse d’émerveillement. Et nous avec lui. [End Page 247] Khadija Khalifé Independent Scholar (CA) Copyright © 2023 American Association of Teachers of French
西蒙·纳多的《修道院》(评论)
评论:the buissonnier monastery by Simon Nadeau Khadija khalife Nadeau, Simon。buissonnier修道院。北方森林,到2022年。en 978-2-7646-3722-7。368页。伟大的诗人和思想家都是创新者,他们以思想和思想的自由明确反对各种正统。西蒙·纳多通过他的主角《黑暗头》,在一个自然被异化的枷锁所支配的世界里,反思了人类自由和进化的概念。主人公重读了包括黑格尔在内的哲学家的著作,对黑格尔来说,人类的进步在于“精神对其自由的意识”(58)。他的结论是,精神必须找到一种支持——矛盾的是,在别处找到一种支持——才能“将自己从束缚它的内外事物中解放出来”(60)。作者通过一系列相互关联的故事来说明他的结论。把我们从一个地方带到另一个地方,每个故事都有它的人物,它的情节和它的飞行。我们从蒙特利尔的黑暗人开始,从埃及的大篷车和她的儿子开始,然后是Sinalayoura公主,然后是新西伯利亚、东京和喀麦隆的其他人物。我们继续讲述发生在印度的其他令人兴奋的故事。虽然地点和时间的统一被打破了,但所有这些故事,无论是最近的、古老的还是传奇的,都有一个共同的线索,那就是流浪的人物,他们都对僵化的教义有着同样的拒绝,对另一个地方有着同样的乌托邦,这将导致充实。“buissonnier修道院”的寓言——一种结合了外部流放和内部兴奋的矛盾修辞法——是由这些陀螺僧侣的形象呈现出来的,他们没有在任何地方定居,而是根据“他们的热情或幻想”移动(129)。波希米亚风格的流浪本身并不是目的,而是允许不同角色冒险进入未知“创造新事物”的先决条件(168 - 69)。我们怎么能不看到波德莱尔的邀请的共鸣:“让我们深入未知的深处,寻找新的东西”?探索是无穷无尽的,创造的行为还在酝酿中,因为我们只是一次又一次地准备离开,正如这本书的最后一句话所证明的那样:“奥黛丽能够说出她一生的梦想:让我们走吧!”这是她说:让我们创造吧!”(297)。从字面上讲,所有的角色都是为了自己的命运而离开的,因为每个人都喝“满足他/她的口渴的秘密来源”(12)。然而,每当一个人即将到达他的目的地(无论它被称为最高的自由、提升、升华或充实)时,它就会消失,因为它转瞬即逝,不断地在别处。就像写作永远不会结束它的旅程一样。小说和作者一样,其中前者错过一生的艺术(93.1 FR)已经成为品牌对“时间”的精神,继续在这里离家出走,因为他没有在其他地方吃饱了他渴发现:我口渴仍为“零”,他告诉他的人物之一,因为这是我们寻求“尚未”(31)。作者充满了惊奇的希望。我们和他在一起。Khadija khalife独立学者(CA)版权所有©2017美国法语教师协会
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期刊介绍:
The French Review is the official journal of the American Association of Teachers of French and has the largest circulation of any scholarly journal of French studies in the world at about 10,300. The Review publishes articles and reviews in English and French on French and francophone literature, cinema, society and culture, linguistics, technology six times a year. The May issue is always a special issue devoted to topics like Paris, Martinique and Guadeloupe, Québec, Francophone cinema, Belgium, Francophonie in the United States, pedagogy, etc. Every issue includes a column by Colette Dio entitled “La Vie des mots,” an exploration of new developments in the French language.