{"title":"French Studies in Southern Africa by Laude Ngadi Maïssa et al (review)","authors":"Alioune Sow","doi":"10.1353/nef.2023.a905937","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Reviewed by: French Studies in Southern Africa by Laude Ngadi Maïssa et al Alioune Sow Maïssa, Laude Ngadi, Markus Arnold, Bernard De Meyer et Emmanuel Mbégane Ndour, coordonnateurs. “Les Manifestes littéraires et artistiques d’Afrique subsaharienne: formes et enjeux.” French Studies in Southern Africa, vol. 51, no 1, 2021. ISSN 02590247. 188 p. Coordonné par Laude Ngadi Maïssa, Markus Arnold, Bernard De Meyer et Emmanuel Mbégane Ndour, le numéro 51.1 de la revue French Studies in Southern Africa présente une étude inédite et stimulante des manifestes littéraires et artistiques sur le continent. Les réflexions proposées se veulent le prolongement de plusieurs “numéros spéciaux du journal” consacrés à l’édition en Afrique (3) mais surtout à l’examen de “textes manifestaires” (4) toujours plus nombreux, pour mettre “en lumière les transformations structurelles du genre ainsi que celles des groupes littéraires et artistiques qui l’utilisent et le (re)pensent” (4). Partant de l’“Introduction à l’analyse des manifestes” de Claude Abastado (1980), l’avant-propos du numéro revient sur les définitions du manifeste. Ainsi, il est rappelé que le manifeste est un “genre hétéroclite” et “multiforme” qui ne cesse d’animer l’histoire littéraire africaine. Essentiel dans “la construction des champs ou des institutions littéraires,” le genre littéraire et son étude permettent d’appréhender “l’évolution historique des littératures” (2) en mettant en évidence des figures, des dynamiques et des pratiques inattendues. Selon les auteurs, “les textes manifestaires” se définissent suivant des processus et caractéristiques “rhétoriques,” [End Page 216] “thématiques et discursifs,” “esthétiques” et “sociologiques” (4) dont la finalité est “la production d’un discours qui sert à contester des traditions et des normes afin de revendiquer des pratiques nouvelles et des codes originaux présentés comme distinctifs/représentatifs d’une modernité et davantage en phase avec le contempo-rain” (1). Les contributions du numéro confirment que les contestations et les revendications des “textes manifestaires” sont diverses avec, cependant, quelques prédominances: le refus des relations hégémoniques entre la France et l’Afrique héritées de la colonisation (4), la réflexion sur les courants de pensée sur le continent progressivement réformés par “les circulations fluides” et la mobilité (5), les questionnements sur la condition d’auteur ou encore les interrogations sur la mission des hommes de lettres africains (6). L’étude permet de vérifier que si le genre littéraire conserve une place privilégiée dans l’histoire de la littérature africaine, c’est qu’il est sollicité par des auteurs qui, depuis Batouala de René Maran (1921) jusqu’au Dictionnaire enjoué des cultures africaines d’Alain Mabanckou et Abdourahman Waberi (2019), exploitent la valeur et les possibilités que le manifeste peut offrir. Chaque contribution confirme que les “pratiques manifestaires” sont disséminées sur le continent et non plus produites à partir de la métropole, évoluant d’un usage “autrefois [collectif ]” pour devenir, de nos jours, ce que Jean-Louis Cornille nomme “un exercice d’individuation littéraire” (69) avec des modes d’intervention rivale, concurrente ou complémentaire qui participent au renouvellement des idées sur le continent. L’article de Laude Ngadi Maïssa, “Dynamiques des manifestes et des programmes littéraires en Afrique francophone subsaharienne,” retrace les “moments de fracture idéologiques et poétiques” qui découlent des “querelles entre écrivains manifestaires d’une part et des réactions venant des critiques littéraires et d’écrivains des générations suivantes d’autre part” (9). L’analyse des “textes fondateurs” tels Batouala et le texte injustement oublié de Lamine Senghor, La Violation d’un pays, est l’occasion de souligner la prompte mobilisation contre les “fictions coloniales” (10) et les nombreux “stéréotypes affublés” (11) aux peuples noirs. En revenant sur les querelles et affrontements entre les tenants et les “frondeurs de la négritude” (15), l’article révèle la capacité des “postures manifestaires” (21) à modifier le champ littéraire par le réalignement et la “dé-canonisation...","PeriodicalId":19369,"journal":{"name":"Nouvelles Études Francophones","volume":"2021 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2023-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Nouvelles Études Francophones","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.1353/nef.2023.a905937","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Reviewed by: French Studies in Southern Africa by Laude Ngadi Maïssa et al Alioune Sow Maïssa, Laude Ngadi, Markus Arnold, Bernard De Meyer et Emmanuel Mbégane Ndour, coordonnateurs. “Les Manifestes littéraires et artistiques d’Afrique subsaharienne: formes et enjeux.” French Studies in Southern Africa, vol. 51, no 1, 2021. ISSN 02590247. 188 p. Coordonné par Laude Ngadi Maïssa, Markus Arnold, Bernard De Meyer et Emmanuel Mbégane Ndour, le numéro 51.1 de la revue French Studies in Southern Africa présente une étude inédite et stimulante des manifestes littéraires et artistiques sur le continent. Les réflexions proposées se veulent le prolongement de plusieurs “numéros spéciaux du journal” consacrés à l’édition en Afrique (3) mais surtout à l’examen de “textes manifestaires” (4) toujours plus nombreux, pour mettre “en lumière les transformations structurelles du genre ainsi que celles des groupes littéraires et artistiques qui l’utilisent et le (re)pensent” (4). Partant de l’“Introduction à l’analyse des manifestes” de Claude Abastado (1980), l’avant-propos du numéro revient sur les définitions du manifeste. Ainsi, il est rappelé que le manifeste est un “genre hétéroclite” et “multiforme” qui ne cesse d’animer l’histoire littéraire africaine. Essentiel dans “la construction des champs ou des institutions littéraires,” le genre littéraire et son étude permettent d’appréhender “l’évolution historique des littératures” (2) en mettant en évidence des figures, des dynamiques et des pratiques inattendues. Selon les auteurs, “les textes manifestaires” se définissent suivant des processus et caractéristiques “rhétoriques,” [End Page 216] “thématiques et discursifs,” “esthétiques” et “sociologiques” (4) dont la finalité est “la production d’un discours qui sert à contester des traditions et des normes afin de revendiquer des pratiques nouvelles et des codes originaux présentés comme distinctifs/représentatifs d’une modernité et davantage en phase avec le contempo-rain” (1). Les contributions du numéro confirment que les contestations et les revendications des “textes manifestaires” sont diverses avec, cependant, quelques prédominances: le refus des relations hégémoniques entre la France et l’Afrique héritées de la colonisation (4), la réflexion sur les courants de pensée sur le continent progressivement réformés par “les circulations fluides” et la mobilité (5), les questionnements sur la condition d’auteur ou encore les interrogations sur la mission des hommes de lettres africains (6). L’étude permet de vérifier que si le genre littéraire conserve une place privilégiée dans l’histoire de la littérature africaine, c’est qu’il est sollicité par des auteurs qui, depuis Batouala de René Maran (1921) jusqu’au Dictionnaire enjoué des cultures africaines d’Alain Mabanckou et Abdourahman Waberi (2019), exploitent la valeur et les possibilités que le manifeste peut offrir. Chaque contribution confirme que les “pratiques manifestaires” sont disséminées sur le continent et non plus produites à partir de la métropole, évoluant d’un usage “autrefois [collectif ]” pour devenir, de nos jours, ce que Jean-Louis Cornille nomme “un exercice d’individuation littéraire” (69) avec des modes d’intervention rivale, concurrente ou complémentaire qui participent au renouvellement des idées sur le continent. L’article de Laude Ngadi Maïssa, “Dynamiques des manifestes et des programmes littéraires en Afrique francophone subsaharienne,” retrace les “moments de fracture idéologiques et poétiques” qui découlent des “querelles entre écrivains manifestaires d’une part et des réactions venant des critiques littéraires et d’écrivains des générations suivantes d’autre part” (9). L’analyse des “textes fondateurs” tels Batouala et le texte injustement oublié de Lamine Senghor, La Violation d’un pays, est l’occasion de souligner la prompte mobilisation contre les “fictions coloniales” (10) et les nombreux “stéréotypes affublés” (11) aux peuples noirs. En revenant sur les querelles et affrontements entre les tenants et les “frondeurs de la négritude” (15), l’article révèle la capacité des “postures manifestaires” (21) à modifier le champ littéraire par le réalignement et la “dé-canonisation...