Les deux « e muets » de l’une-bévue : ce qui donne des ailes au « Il »

Essaim Pub Date : 2023-10-25 DOI:10.3917/ess.051.0047
Brigitte Lalvée
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Abstract

Lacan revient sur son séminaire L’Identification , et revoit son ternaire psychique, qui devient un ternaire strictement matérialiste, celui de trois corps : un corps du symbolique qui est lalangue, le « matériel de langue » ; un corps de l’imaginaire « distinct du signifié » ; un corps du réel « dont on ne sait comment il sort », mais lié à ce non-rapport sexuel auquel est appendu le parlêtre. De ce qu'il a élaboré quinze ans plus tôt il ne conserve que le tore, et le trait unaire, pris à revers. Le « sens double » de la syllabe « con », qui dans lalangue française conjoint le « cum » (= « avec ») et le « cunnus » latins, lui permet de passer d’une con-sistance problématique, celle de son seul nom pour faire tenir les trois ronds symbolique de l’imaginaire et du réel, à une corps-sistance, qui renvoie non seulement au sexe féminin, mais à ce qui manque à un deux du sexe, à un « avec ». C’est là l’une-bévue, l’une parmi d’autres : unité matérielle signifiante qui fait tenir ce ternaire, « l’une » où s’abolissent la valeur différentielle du signifiant, l’unarité du trait, son aune phallique. L’unité de mesure qui néanmoins fait chaîne entre les trois corps. L’une-bévue fait le S2 de fonds du signifiant, le S2 comme « sens double ». Double bande, contrebande du signifiant, valeur d’échange qui s’annule dans la non-valeur, métathèse voire métamorphisme du signifiant rendant caduques métaphore et métonymie, l’équivoque qu’est l’une-bévue produit pléthore de sens, c’est-à-dire de mensonge. Jusqu’à l’holophrase généralisée, soit la « débilité ». Mais à « faire réel » il n’est pas sûr qu’elle le « ferre ». Heureusement, son équivoque avec l’Unbewuste allemand et freudien n’est qu’approximative. La translangue n’est pas intégrale. Elle fait place au trou du « non-su », un-bewusst du non-savoir, un savoir « sans le fait de savoir ». Sans quoi l’analyse pourrait devenir un « autisme à deux », une bulle d’inconscient et conscient unifiés, réversibles. Le « Il sait » (l’Autre) « que je sais qu’il sait » est fallacieux : il voue le sujet à la dépossession subjective, ou l’emmène vers la téléphathie, l’occultisme. Le « redoublement de la parenthèse », proposé par A. Didier-Weill convié à s’exprimer sur la passe, permet « d’aller plus loin que l’inconscient », plus loin que son « objectivation », jusqu'à ce Réel « qui se sait et veut se taire » et pourrait sans ce redoublement se confondre avec un Savoir absolu aliénant. Il permet d’aller jusqu’à ce Réel qui est la bouche d’ombre de l’inconscient, trouée d’une énonciation possible. Si Lacan salue l’apport d’A. Didier-Weill, il marque aussi son désaccord, concernant la nomination de ce lieu du non-savoir (Bozef), concernant aussi une « communion » du sujet et de l’Autre. Mais son désaccord est aussi un dis-corps : ainsi du moins peut-on lire la digression sur la rosée par laquelle il introduit l’intervention d’A. Didier-Weill. Cette digression pourrait nous mener à l’hématidrose de l’ermite, exsangue d’abstinence sexuelle, aspirant aux « mains énamourées » de « l’Inconnue », du poème d’Apollinaire vers lequel faisait déjà signe le « s’aile à mourre » du titre. S’il y a un « savoir du réel », et s’il « tient au corps », le poète, la poésie, le psychanalyste s’il « s’apparente » à un « pouâtassez », l’analysant, peuvent en matérialiser quelque chose, de l’« inouï » d’un dire qui ouvre au réel. Le poète et la poésie, surtout quand elle fait compter, ainsi le veut la tradition poétique française, le e muet dans le vers, ce e muet qui sait aussi s’élider pour donner des ailes au « Il ».
一个错误的两个“沉默的e”:给“他”翅膀的东西
拉康回到了他的认同研讨会,并重新审视了他的精神三元,这变成了一个严格的唯物主义三元,三个身体的三元:象征的身体是拉朗格,“语言的材料”;一个“有别于有意义的”想象的身体;一个真实的身体,“我们不知道它是如何出来的”,但与parletre所附的非性交相联系。从他15年前写的东西来看,他只保留了环面和单线,被颠倒了。«»双重意义的音节傻«»«法国语言中那些配偶,cum(=票«»和«»cunnus»拉丁人,使他从一个con-sistance成问题的,只有他的名字以函的三个圆的象征意象和真实,corps-sistance,这不仅指给女婴,但缺乏一个«»票两种性别的人。这是一个错误,是许多错误中的一个:能指的物质统一,使这个三元性得以维持,“一”在这个三元性中,能指的差异价值、线条的统一和它的阳具消失了。然而,测量单位是连接三个主体的链条。一个错误使S2成为能指的背景,S2是“双重意义”。双重地带,能指的违禁品,交换价值在无价值中被抵消,能指的形而上学甚至变形使隐喻和转喻失效,一种错误的模棱两可产生了大量的意义,即谎言。直到广义的全句,即“虚弱”。但要“让它成真”,并不一定要“关闭”它。幸运的是,他与德国和弗洛伊德的误解只是近似的。翻译不是完整的。它让位于“不知道”的洞,不知道的洞,“不知道”的知识。否则,分析可能会变成“双人自闭症”,一个统一的、可逆的无意识和意识泡沫。“他知道”(他者)“我知道他知道”是错误的:它使主体陷入主观剥夺,或使他陷入神秘主义。»,«留级的括号由a .提议邀请Didier-Weill事情发表看法,«可以更进一步,潜意识认为其«»,远比客观真实»,直到»和«明知自己想和谁保持沉默会疏远绝对不留级误认为自己是知道的。它允许我们进入现实,这是无意识的阴影之口,被可能的表达所刺穿。如果拉康欢迎a的贡献。Didier-Weill,他也不同意这个未知的地方(Bozef)的任命,也不同意主体和他者的“交流”。但他的分歧也是一种分裂:因此,至少我们可以读到他介绍a干预的露珠题外话。Didier-Weill。这种离题可能会让我们想到隐士的血液学,他在性禁欲中精疲力竭,渴望从阿波利奈尔的诗《未知》中获得“爱的手”,这首诗的标题中已经有了“死亡的翅膀”的标志。如果有一种“关于现实的知识”,如果它“依附于身体”,诗人、诗歌、精神分析学家如果它“类似于”一种“pouassez”,分析者,就可以物化一些东西,一种打开现实的“闻所未闻”的话语。诗人和诗歌,尤其是在计数的时候,这是法国诗歌传统想要的,诗中的沉默的e,这个沉默的e也知道如何给“他”插上翅膀。
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