{"title":"Le temps du soin comme soin du temps","authors":"P. Blanc","doi":"10.1016/j.etiqe.2023.09.002","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><p>Tout acte de soin, quelles que soient sa nature et sa durée, intervient au moment où une personne, frappée par l’accident, la maladie, le handicap ou l’approche de la mort fait l’expérience d’une rupture de la continuité du rapport à lui-même, du rapport aux autres et au monde. C’est pourquoi la prise en considération par le soignant de cette déstabilisation temporelle dont le patient fait l’épreuve douloureuse, paraît essentielle pour engager toute démarche thérapeutique. Le problème fondamental est alors celui qui concerne les conditions de la rencontre entre patient et soignant dont l’appréhension de la maladie ne se situe pas d’emblée dans le même cadre, tant sur le plan de la représentation de la pathologie que de la relation thérapeutique conçue au premier abord, comme un rapport évident entre un pouvoir d’un côté et une impuissance de l’autre. Nous verrons que ces difficultés peuvent être surmontées par un recours aux approches phénoménologiques et narratives aptes à engendrer un processus de reconnaissance croisée de l’expérience respective de l’endurance du patient et de celle du soignant, constitutive d’une possible temporalité partagée, susceptible de favoriser le recouvrement par le patient de la dynamique du temps affectée par la maladie. Nous évoquerons pour finir la maladie d’Alzheimer qui semble réduire à néant la possibilité même de cette rencontre et de cette démarche et nous essaierons de comprendre malgré tout, en quel sens un « <em>soin du temps</em> » comme prise en considération éthiquement nécessaire de la personne, reste encore concrètement possible.</p></div><div><p>Every act of care, whatever its nature and duration, comes at the moment when a person, struck by accident, illness, disability or the approach of death, experiences a break in the continuity of the relationship with himself, with others and with the world. This is why the consideration by the caregiver of this temporal destabilization of which the patient is suffering, seems essential to initiate any therapeutic approach. The fundamental problem is then that which concerns the conditions of the encounter between patient and caregiver whose apprehension of the disease is not immediately within the same framework, both in terms of the representation of pathology and in terms of the therapeutic relationship conceived at first as an obvious relationship between power on one side and powerlessness on the other. We shall see that these difficulties can be overcome by recourse to phenomenological and narrative approaches capable of generating a process of cross recognition of the respective experience of endurance of the patient and that of the caregiver, constitutive of a possible shared temporality, likely to favour the recovery by the patient of the dynamics of time affected by the disease. Finally, we will mention Alzheimer's disease, which seems to reduce to zero the very possibility of this encounter and this approach and we will try to understand in what sense, nethertheless, a “<em>time</em><em>of</em><em>care</em>” as a consideration ethically necessary of the person, still remains practically possible.</p></div>","PeriodicalId":72955,"journal":{"name":"Ethique & sante","volume":"20 4","pages":"Pages 218-224"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2023-10-05","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Ethique & sante","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1765462923000909","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Tout acte de soin, quelles que soient sa nature et sa durée, intervient au moment où une personne, frappée par l’accident, la maladie, le handicap ou l’approche de la mort fait l’expérience d’une rupture de la continuité du rapport à lui-même, du rapport aux autres et au monde. C’est pourquoi la prise en considération par le soignant de cette déstabilisation temporelle dont le patient fait l’épreuve douloureuse, paraît essentielle pour engager toute démarche thérapeutique. Le problème fondamental est alors celui qui concerne les conditions de la rencontre entre patient et soignant dont l’appréhension de la maladie ne se situe pas d’emblée dans le même cadre, tant sur le plan de la représentation de la pathologie que de la relation thérapeutique conçue au premier abord, comme un rapport évident entre un pouvoir d’un côté et une impuissance de l’autre. Nous verrons que ces difficultés peuvent être surmontées par un recours aux approches phénoménologiques et narratives aptes à engendrer un processus de reconnaissance croisée de l’expérience respective de l’endurance du patient et de celle du soignant, constitutive d’une possible temporalité partagée, susceptible de favoriser le recouvrement par le patient de la dynamique du temps affectée par la maladie. Nous évoquerons pour finir la maladie d’Alzheimer qui semble réduire à néant la possibilité même de cette rencontre et de cette démarche et nous essaierons de comprendre malgré tout, en quel sens un « soin du temps » comme prise en considération éthiquement nécessaire de la personne, reste encore concrètement possible.
Every act of care, whatever its nature and duration, comes at the moment when a person, struck by accident, illness, disability or the approach of death, experiences a break in the continuity of the relationship with himself, with others and with the world. This is why the consideration by the caregiver of this temporal destabilization of which the patient is suffering, seems essential to initiate any therapeutic approach. The fundamental problem is then that which concerns the conditions of the encounter between patient and caregiver whose apprehension of the disease is not immediately within the same framework, both in terms of the representation of pathology and in terms of the therapeutic relationship conceived at first as an obvious relationship between power on one side and powerlessness on the other. We shall see that these difficulties can be overcome by recourse to phenomenological and narrative approaches capable of generating a process of cross recognition of the respective experience of endurance of the patient and that of the caregiver, constitutive of a possible shared temporality, likely to favour the recovery by the patient of the dynamics of time affected by the disease. Finally, we will mention Alzheimer's disease, which seems to reduce to zero the very possibility of this encounter and this approach and we will try to understand in what sense, nethertheless, a “timeofcare” as a consideration ethically necessary of the person, still remains practically possible.
每一种护理行为,无论其性质或持续时间如何,都发生在一个人因事故、疾病、残疾或即将死亡而经历与自己、与他人和与世界的连续性中断的时刻。这就是为什么护理人员考虑到病人正在经历的痛苦的时间不稳定,似乎是采取任何治疗方法的必要条件。根本的问题则是对于病人医护之间的相遇,条件恐惧疾病不在状态,首先在同一论坛上的代表权病理治疗关系,起初设计的,作为一个报告之间有明显的权力和一个阳痿的另一边。我们将看到这些困难可以克服由一个现象学方法的使用和叙事进程能够产生交叉承认各自的经验耐心和耐力的医护,共同构成了一种可能的时间性,能够促进患者恢复时间的动态受到该病。最后我们似乎扭转的老年痴呆症的可能性即使这次和这和我们将尝试了解哪方面的,但对一个«»作为伦理上的考虑时间的看管者,仍然可行的基础。每一种关爱行为,无论其性质和持续时间如何,都是在一个人因事故、疾病、残疾或接近死亡而遭受打击的那一刻,在与自己、他人和世界的关系的连续性中出现中断。这就是为什么护理人员对患者所遭受的暂时不稳定的考虑对于启动任何治疗方法似乎至关重要。条件基本问题有关then that which is The of The·罗伯森between病人caregiver别of The disease is not马上另外within The same framework, elod both in terms of The代表处of pathology and in terms of The vet关系风尚at first as an的关系与他between power on one side on The other。(We shall see that these尴尬can be, by伤感to phenomenological cross of a process of发电和叙事方法能够识别各自的体验》耐力of the病人and that of the caregiver of a组成,可以对共用temporality、日文to the recovery by the》都是影响患者of the dynamics of time by the disease。最后,我们将提到阿尔茨海默氏症,它似乎将这种遭遇和这种方法的可能性减少到零,我们将尝试理解,在何种意义上,“时间护理”作为一种道德上必要的考虑的人,实际上仍然是可能的。