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Abstract
Le terme «narrative» a beaucoup de succès ces temps-ci. Depuis quelques années, il est devenu plus fréquent de l’entendre, dans les panels consacrés à l’avenir de l’Europe. Certaines initiatives de la Commission européenne sont centrées sur cette notion : l’absence de «narrative» expliquerait la distance entre les citoyens européens et l’Europe. Intuitivement, chacun voit bien ce que cela veut dire mais en français en tout cas, le terme de «narrative» est assez facile à tourner en dérision tant il peut laisser entendre qu’on voudrait «raconter des histoires» aux Européens : du «narrative» au «storytelling» des communicants, il n’y a qu’un pas que les dirigeants et les institutions devraient se garder de franchir. Faut-il un «narrative» ou, comme on peut dire si joliment en allemand, ne faut-il pas surtout encourager un «Wir-Gefühl», c'est-à-dire l’esprit d’équipe, le sentiment d’appartenir à un même groupe ? Les explications, la mobilisation des citoyens sont d’autant plus nécessaires que ces efforts ont été négligés ces dernières années. Encore faut-il prendre les Européens pour des adultes et leur expliquer la vérité : si, dans des temps d’interdépendance accrue, la construction européenne constitue un atout pour ceux qui y participent, elle leur impose aussi des contraintes liées au jeu collectif, qu’il serait puéril de passer sous silence. Ainsi les Européens n’ont pas besoin qu’on leur raconte des histoires mais sans doute de mieux connaître leur propre Histoire depuis 70 ans et même auparavant. Les dirigeants ont peut-être perdu la confiance des peuples parce qu’ils ont mal parlé ou parce qu’ils ont mal agi.