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Abstract
Je voudrais brievement evoquer ici certains problemes poses par l’ecriture specifique d’un evenement comme l’extermination des juifs d’URSS pendant la seconde Guerre Mondiale. Dans ces territoires, le genocide a ete perpetre par les nazis non pas dans des camps, mais en majorite sur place : dans des ravins ou des fosses communes improvisees aupres des villes et des bourgades. L’expression « litterature des ravins » vise donc a se distinguer de l’expression « litterature concentrationnaire », telle qu’elle a ete formee et pensee en Occident. En la designant ainsi, je voudrais l’inscrire dans le contexte qui en fonde la specificite et qui, au regard de la notion de « litterature de temoignage » aujourd’hui constituee, instaure a la fois une similitude et une difference.Cette litterature nous permet d’operer un decentrement pour nous rapprocher de ces territoires ou la Shoah n’etait pas un « evenement sans temoin », mais un « genocide de proximite ». Les massacres s’y sont deroules au vu et au su de nombreux temoins et avec la participation forcee ou volontaire de la population locale. Le genocide tel qu’il s’est exerce dans ces terres met en jeu toute une complexite de logiques de violence imbriquees et determine la particularite du temoignage1. Une autre particularite de cette litterature s’explique par le contexte de persecution dans lequel elle est nee. Le totalitarisme sovietique a impose des contraintes qui ont pese sur l’ecriture testimoniale en provoquant la reecritu