{"title":"Pologne : le lyrisme de la perte","authors":"J. Potel","doi":"10.58282/colloques.2110","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"On trouve une meme fascination de l’Histoire dans la litterature polonaise contemporaine. Elle n’est pas nouvelle. On pourrait d’ailleurs dresser un catalogue complet de ses usages litteraires, en partant des premieres chroniques polonaises du 15e siecle jusqu’aux romans postmodernes de Dorota Maslowska1. En ce sens, cette litterature ne se distingue pas des autres, en Europe. Je voudrais toutefois attirer l’attention sur une singularite qui semble s’affirmer depuis une vingtaine d’annees chez de nombreux ecrivains, dans leurs relations a l’Histoire. Je veux parler de leur mefiance de la fiction historique. La Pologne a eu ses romanciers historiques, a commencer par Henryk Sienkiewicz, prix Nobel 1905, et auteur du fameux Quo Vadis2 (1896) ; elle a eu aussi ses detracteurs, comme Witold Gombrowicz, qui voyait dans ces fictions une « fantaisie collective » eloignee de la realite3. Sous le communisme, outre dans les « romans de production » staliniens, les sujets historiques etaient legion. On s’en servait pour parler du present de maniere masquee, pour entretenir une mythologie nationale ou pour s’interroger sur la polonite. Or, depuis le debut des annees quatre vingt dix, si l’on s’interesse toujours a l’Histoire, c’est d’une autre facon.Les circonstances ont change : le climat memoriel est tourmente ; les legendes sont mises a mal ; les douleurs refoulees s’affichent ; les reglements de compte et la culpabilite refont surface. Stimules, eclaires par la prise de parole des te","PeriodicalId":335860,"journal":{"name":"Littérature et histoire en débats","volume":"2013 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2013-09-28","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Littérature et histoire en débats","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/colloques.2110","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0
Abstract
On trouve une meme fascination de l’Histoire dans la litterature polonaise contemporaine. Elle n’est pas nouvelle. On pourrait d’ailleurs dresser un catalogue complet de ses usages litteraires, en partant des premieres chroniques polonaises du 15e siecle jusqu’aux romans postmodernes de Dorota Maslowska1. En ce sens, cette litterature ne se distingue pas des autres, en Europe. Je voudrais toutefois attirer l’attention sur une singularite qui semble s’affirmer depuis une vingtaine d’annees chez de nombreux ecrivains, dans leurs relations a l’Histoire. Je veux parler de leur mefiance de la fiction historique. La Pologne a eu ses romanciers historiques, a commencer par Henryk Sienkiewicz, prix Nobel 1905, et auteur du fameux Quo Vadis2 (1896) ; elle a eu aussi ses detracteurs, comme Witold Gombrowicz, qui voyait dans ces fictions une « fantaisie collective » eloignee de la realite3. Sous le communisme, outre dans les « romans de production » staliniens, les sujets historiques etaient legion. On s’en servait pour parler du present de maniere masquee, pour entretenir une mythologie nationale ou pour s’interroger sur la polonite. Or, depuis le debut des annees quatre vingt dix, si l’on s’interesse toujours a l’Histoire, c’est d’une autre facon.Les circonstances ont change : le climat memoriel est tourmente ; les legendes sont mises a mal ; les douleurs refoulees s’affichent ; les reglements de compte et la culpabilite refont surface. Stimules, eclaires par la prise de parole des te